Aveyron : la crise met les fournisseurs sous pression

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  • Des stocks de bière soumis à des dates de péremption.
    Des stocks de bière soumis à des dates de péremption. Archives J.A.T.
  • La brûlerie Ruthéna à Rodez dont le café est aussi distribué aux CHR.
    La brûlerie Ruthéna à Rodez dont le café est aussi distribué aux CHR. Archives J.A.T.
Publié le
Christophe Cathala

Les grossistes en boissons qui livrent les cafés, bars et restaurants sont au point mort depuis novembre. La reprise sous conditions envisagée à la mi-mai leur donne un peu d’espoir, là aussi… mais sous conditions.

Voilà bientôt sept mois, depuis le deuxième confinement, que les cafés, bars et restaurants ont baissé administrativement leur rideau. Et rien n’est vraiment venu maintenir à flot leurs fournisseurs de boissons qui, depuis novembre donc, boivent le calice jusqu’à la lie.

Ils subissent une situation plus difficile encore que leurs collègues spécialisés dans la fourniture alimentaire, produits à préparer ou plats cuisinés, qui survivent tant bien que mal sous le régime de la vente à emporter…

95 % de chiffre d’affaires en moins

"On arrive à travailler pour les Ehpad ou les hôpitaux qui sont aussi nos clients, mais ils ne représentent que 4 à 5 % de notre chiffre d’affaires. Les 95 % restant sont assurés par les CHR, cafés hôtels, restaurants. Autant dire que l’on ne travaille quasiment plus depuis novembre" : Pierre Fratacci est directeur de C10-Mespoulet à Rodez, un des plus gros fournisseurs en boissons du département, implanté en Aveyron mais aussi en Tarn-et-Garonne, Tarn, Lot et Lozère.

Les aides ne règlent pas tous les problèmes : "Nous bénéficions du fonds de solidarité et du chômage partiel pour nos 34 salariés. Mais celui-ci ne compense pas les pertes. Il faut faire le dos rond, nous mesurons la chance d’avoir une entreprise saine…"

Stocks : un problème à gérer

Aux problèmes de trésorerie s’ajoutent les stocks dont la gestion devient délicate. Si vins et alcools forts conservent leur pérennité, il n’en est pas de même pour la bière, en bouteille et surtout en fûts, conditionnement particulièrement adapté aux comptoirs des bars.

"La bière a une durée de vie limitée, avec des dates variant de 6 à 8 mois, poursuit Pierre Fratacci. Là, on arrive au bout… Certains brasseurs nous reprennent les fûts, d’autres nous remplacent les contenus en prolongeant les durées de vie du produit. Pour le reste des stocks, on redistribue au mieux sur les banques alimentaires". Pierre Fratacci trouve le temps long, entre frais fixes et actifs immobilisés. Une reprise des CHR à la mi-mai sera la bienvenue, "si tout le monde peut reprendre l’activité normalement…".

Le café s’en sort un peu mieux

Parmi les boissons les plus prisées dans les bars, le café et le thé subissent moins les aléas du temps. Pour autant, les fournisseurs sont, là encore, à la peine.

"Les CHR représentent la moitié de notre chiffre d’affaires, assure Simon Nayrolles, directeur des Cafés Ruthéna. Nous ne sommes éligibles qu’au chômage partiel et nous n’avons pas vraiment d’aides car nous avons pu conserver l’activité de nos boutiques, de la vente par internet à destination des particuliers. C’est ce qui nous sauve. Car la fourniture des grandes et moyennes surfaces et des consommateurs à travers le site et les boutiques ont particulièrement bien assuré, dans ce domaine-là notre activité dont le chiffre d’affaires a augmenté, ce qui a compensé un peu l’absence de nos clients professionnels". Les 17 salariés de Ruthéna ont ainsi pu être conservés dans l’entreprise ruthénoise qui détient par ailleurs l’enseigne Ecotel, qui fournit les hôtels, bars et restaurants en arts de la table, couverts, mais aussi tables, chaises… "Dans ce secteur, l’activité est au point mort. Ce ne sont pas les particuliers, qui représentent une toute petite partie du chiffre qui nous permettraient de tenir", poursuit Simon Nayrolles.

Pour autant, tenir bon reste le leitmotiv, quoi qu’il en coûte. Et là encore, les perspectives de réouvertures annoncées maintiennent tous les espoirs.

Le gouvernement a d’ores et déjà envisagé la réouverture des cafés, bars et restaurants… de façon progressive. Ainsi dès la mi-mai, seuls les établissements équipés de terrasses pourront y accueillir la clientèle dans le respect de la distanciation. Il est également évoqué la réouverture des salles de restaurants à la fin du mois de mai, sous condition, là aussi, de respecter des jauges maximales de fréquentation. La situation devrait se débloquer en juin, mais le gouvernement n’exclut de régionaliser les réouvertures totales en tenant compte du taux de vaccination de la population…

Les fournisseurs restent, quoi qu’il en soit, prudents sur ces calendriers de reprise assortis de telles conditions. "Celles-ci sont suffisamment compliquées pour que tout le monde ait envie de rouvrir. Ils veilleront à ce que les frais induits par cette reprise à la mi-mai soient inférieurs au chiffre d’affaires qu’ils peuvent espérer avec une clientèle réduite", prévient Simon Nayrolles chez Ruthéna. "L’idéal serait de pouvoir rouvrir sans avoir à refermer : les perspectives de reprise en juin semblent plus raisonnables", ajoute Pierre Fratacci, chez C10-Mespoulet.

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