François Mitterrand, une histoire d’amitié avec le Larzac et les socialistes aveyronnais

  • Mitterrand avec Gérard Deruy en 1987 lors de l’inauguration de l’hôpital de Millau.  
    Mitterrand avec Gérard Deruy en 1987 lors de l’inauguration de l’hôpital de Millau.   Archives Centre Presse -
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Guilhem Richaud

Dans son livre, "François Mitterrand - Un roman français", Pierre-Marie Terral retrace quelques visites de l’ancien président en Aveyron. Avec notamment des anecdotes sur le Larzac. Pendant la lutte du Larzac, Mitterrand s’était pris d’affection pour les paysans. Et c’est lui qui, dès son élection en 1981, a mis fin au projet d’agrandissement du camp militaire.

François Mitterrand est venu de nombreuses fois en Aveyron. En écrivant son livre, Pierre-Marie Terral s’est forcément penché sur ces passages, à commencer par l’histoire de l’ancien président de la République avec le Larzac.  Dans les années 1970, le socialiste s’intéresse à la lutte des paysans contre l’agrandissement du camp du Larzac.

"On connaissait l’histoire de sa venue en 1974, mais on a découvert dans les Lettres à Anne (Pingeot, publiées en 2016, NDLR) qu’il était à La Couvertoirade, par hasard, lors de la manifestation de 1973, détaille l’auteur Millavois. En 1974, il revient l’été, juste après avoir été battu par Giscard à la présidentielle et il comprend que la lutte du Larzac peut le faire repartir de l’avant."

Il participe alors au rassemblement d’août 1974, qui regroupe près de 100 000 personnes. Alors que sa venue devait rester secrète, elle fuite et il est alors pris à partie par des militants d’extrême droite, présents sur le rassemblement, mais qui n’ont rien à voir avec la lutte. Il reçoit alors des jets de pierres et de bouteille. Les paysans du Larzac le protègent, le soignent « et lui proposent même une anisette, reprend Pierre-Marie Terral.

Un paysan lui offre une nouvelle chemise pour qu’il puisse repartir propre. Après cette mauvaise expérience, on aurait pu penser qu’il ne s’intéresserait plus du tout au Larzac, mais au contraire, c’est à partir de ce moment-là qu’il s’y est pris d’affection. Il demandait toujours des nouvelles de celui qu’il appelait le « géant du Larzac », Guy Tarlier. » En 1992, lors des obsèques de ce dernier, Mitterrand, qui ne peut pas venir, se fait représenter et demande alors aux gendarmes, qui l’ont combattu pendant les 10 ans de la lutte, d’aller cueillir des fleurs des champs sur le Larzac pour faire une gerbe de fleurs sauvages.

Amitiés socialistes

Mitterrand avait des amitiés avec les principales figures socialistes aveyronnaises de son époque : le Saint-Affricain Alain Fauconnier, le Millavois Gérard Deruy et le Ruthénois Jean-Paul Salvan. Lors de la campagne de 1981, il était venu à Saint-Affrique faire un meeting. "Il était en retard, raconte Pierre-Marie Terral. Il avait demandé à visiter l’orgue de Vabres-l’Abbaye, dont lui seul où presque connaissait l’existence, car c’était le même qu’à Jarnac, dans sa commune d’enfance. Fauconnier avait trouvé quelqu’un pour faire ouvrir l’église. Une autre fois, Alain Fauconnier raconte que lors d’une visite, Mitterrand lui avait demandé de le déposer quelque part sur le Larzac, au milieu de nulle part, sans qu’il ne sache pourquoi. Personne, à l’époque, ne connaissait l’existence d’Anne Pingeot. Il était ensuite parti seul, à pied, entre Larzac et Cévènnes (où vivait Anne Pingeot, NDLR). Elle avait dû ensuite venir le récupérer en voiture."