Instituts de beauté en Aveyron : un coup au moral

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  • Le bien-être ne se limite pourtant pas aux soins du visage que vient contraindre aujourd’hui le port du masque.
    Le bien-être ne se limite pourtant pas aux soins du visage que vient contraindre aujourd’hui le port du masque. CNAIB / Repro CP
  • Laure Soulié-Deltell.
    Laure Soulié-Deltell. Repro CP
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c.c.

Ils sont jugés non essentiels et contraints de fermer une fois encore. Les esthéticiennes qui les animent font grise mine et avec elles toute leur clientèle.

Les soins du corps ne sauraient se résumer au seul visage, condamné quant à lui à devoir rester masqué. Entre deux confinements, les esthéticiennes ont ainsi pu prodiguer leur art à une clientèle plus que jamais éprise de bien-être. Las, la fermeture est à nouveau imposée en ce mois d’avril aux instituts de beauté fichés sur une liste des commerces non essentiels qui s’est pourtant considérablement assouplie.

"C’est agaçant quand on voit que les coiffeurs, qui sont aussi barbiers et interviennent sur le visage, conservent le droit de rester ouverts…, s’emporte Laure Soulié-Deltell. On a l’impression de faire office d’exemple, alors que nous appliquons les gestes barrière depuis toujours. Les salons de coiffure sont nombreux, emploient beaucoup de personnel, nous, ce n’est pas le cas : il est clair que leur cause est plus économique que sanitaire".

Le corps autant que l’esprit

Présidente départementale et régionale de la Confédération nationale de l’artisanat des instituts de beauté et spas (CNAIB), Laure Soulié-Deltell qui exerce à Druelle et affiche 22 ans de métier, plaide quant à elle pour une cause essentielle : le moral d’une profession qui sait redonner le moral à sa clientèle. Et qui, dans le contexte actuel, peut s’imposer comme essentielle. "Les gens viennent chez nous "lâcher du lest", passer du bon temps, changer de tête… La crise a un impact certain sur le moral, plus encore que sur le physique. C’est une qualité de vie qui disparaît". Une qualité dont les esthéticiennes demeurent en quelque sorte les garantes. "Je me suis souvent déplacée dans les Ehpad notamment, et je ne le peux plus. Or, c’était une bouffée d’oxygène pour les personnes âgées".

Injustice et conséquences financières

À l’impact moral s’ajoute un impact financier pour les instituts de beauté qui crient à l’injustice. Ici comme ailleurs le chômage partiel permet de garder aux salariés la tête hors de l’eau.

"Mais nous avançons les salaires car les versements par l’État prennent souvent plus d’un mois. Et à l’heure actuelle, rien n’est encore officiel pour les aides d’avril, on attend le décret, relève Laure Soulié-Deltell. C’est d’autant plus frustrant que les trésoreries sont vraiment mises à mal, après ce que nous avons subi l’an passé". Sur quelque 120 instituts adhérents à la CNAIB en Aveyron, tous accusent une "situation difficile ".

La présidente de la Confédération relève même que "deux liquidations judiciaires ont été enregistrées à une semaine d’intervalle, ce qui est plutôt rare pour nos petites structures. Et la reprise d’un institut demande aujourd’hui, dans ce contexte, une réflexion avisée à celles et ceux qui veulent se lancer".

Dans le flou

Quant à la reprise post-confinement, la profession demeure dans le flou. "On entend un peu de tout : début mai ? Fin mai ? On espère en tout cas le retour de la clientèle au plus vite. A la sortie du premier confinement, on a eu un rush de trois semaines, les choses se sont calmées par la suite, certains clients avaient peur de sortir… Là, les choses sont différentes avec le développement de la vaccination mais aussi parce que l’on a appris à vivre avec le virus. Quel que soit le jour où l’on pourra rouvrir, on sera prêts de toute façon à accueillir tout le monde".

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