Rodez : un catalogue exhaustif de l’œuvre méconnue d’Eugène Viala

Le catalogue est considérable, fruit d’une dizaine d’années de travail et de recherches : 632 pages, 635 illustrations répertoriant de manière exhaustive l’œuvre d’Eugène Viala.

L’auteur, Jean Costecalde, collectionneur passionné, est devenu au fil du temps l’un des plus grands connaisseurs de l’œuvre gravé de Viala. Depuis de longues années, le rédacteur de ce catalogue raisonné étudie l’œuvre du natif de Salles-Curan et s’en est approprié les moindres facettes.

Une solide culture que Jean Costecalde a mise au service de cet ouvrage qui fera référence. Il a ainsi pu décrypter les multiples références mythologiques, bibliques et littéraires qui émaillent le travail d’Eugène Viala.

"C’était un artiste aux talents multiples, se plaît à rappeler Jean Costecalde. On le connaît aussi bien comme auteur de poèmes, d’aquarelles, et bien sûr d’eaux-fortes." Un artiste complet que l’on pourrait cantonner parfois à ses œuvres gravés représentant des paysages du Lévezou, de l’Aveyron plus généralement.

Seulement, Eugène Viala était aussi un poète à l’imaginaire sans limite : " Dans de grandes planches, il a fait apparaître un univers fantastique, inspiré de la mythologie ou de la Bible. Cet aspect de son travail était assez méconnu jusqu’alors, plus confidentiel ", explique Jean Costecalde. Ces planches sont aujourd’hui très recherchées des amateurs, des musées ou des bibliothécaires.

En Aveyron, une importante partie de son œuvre repose au musée Denys-Puech qui possède plus de 150 pièces.

Caractère "farouche"

" L’intérêt pour les œuvres d’Eugène Viala s’est manifesté tardivement, assure Aurélien Pierre, le directeur du musée Fenaille. Par exemple, les premières expositions dans les musées de la ville ont pu se faire grâce à des dons, dans les années 50. Les premiers achats d’œuvres remontent seulement aux années 90. "

Un caractère "farouche", préférant courir les bois plutôt que les salons parisiens, un certain désintérêt pour l’entregent… Des traits de personnalités qui l’ont sans doute privé des relations nécessaires pour se faire connaître dans le milieu artistique de l’époque et auprès du grand public.

Même si cela ne l’avait pas empêché d’être impliqué dans la vie culturelle locale.

Une découverte tardive donc, mais qui n’exclut pas les comparaisons avec les grandes signatures contemporaines d’Eugène Viala : Rodolphe Bresdin, François-Nicolas Chifflart, Odilon Redon, etc.

Intarissable sur le sujet, Jean Costecalde s’est également penché sur la méthode de travail d’Eugène Viala.

Dans certaines planches, l’auteur du catalogue raisonné a su déceler des expérimentations techniques de Viala dans ses gravures, invisibles au profane : celle de la taille-douce, notamment.

Préfacé par Valérie Suer, chargée de collection estampes du XIXe siècle à la BNF (Bibliothèque nationale de France), le catalogue raisonné de l’œuvre gravé se présente comme "une référence en la matière, qui s’adresse aussi bien au spécialiste averti qu’au néophyte amoureux, désireux de retrouver ou de découvrir au travers de cet œuvre gravé, le reflet prégnant d’une âme fière et tourmentée".