Culture : le théâtre de Villefranche-de-Rouergue, on l’aime "à l’italienne"

"C’est l’une des trois plus belles salles de spectacles de l’Aveyron, avec la Baleine à Onet-le-Château et la Maison du Peuple à Millau." Luc Tournemire, directeur du théâtre de Villefranche-de-Rouergue et chef de projet culture ne tarit pas d‘éloge pour l’édifice construit à la fin du XIX^e siècle.

Il faut noter que la structure qui peut accueillir plus de 352 spectateurs, outre l’excellente acoustique due à son architecture dite "à l’italienne", est dotée de matériel très pro, constamment renouvelé, dans les mains des régisseurs – Michel Salesses et Mustapha Kaddouri – dont la compétence est reconnue. "Ça pèse quand on veut recevoir des artistes renommés", appuie le directeur. Richard Galiano, Jean-François Zygel, Richard Borhinger, Smaïn, Trinidad, Vincent Roca, Vincent Delerm, Michel Portal sont ainsi quelques-unes des têtes d’affiche qui sont passées sur les planches villefranchoises ces dernières années.

Une vie mouvementée

Mais avant d’être, depuis le milieu des années 1990, une scène prisée des artistes et plébiscitée par le public, le théâtre a connu une vie mouvementée, au point même de quasiment disparaître au début du XX^e siècle.

Inaugurée en grande pompe les 23, 24 et 25 septembre 1898 par le maire Marcellin Fabre, lors d’une grande célébration populaire, la salle des fêtes – cette mention figure toujours en lettres d’or au fronton de l’édifice – accueillait alors des bals et des spectacles musicaux.

 

Pas de fauteuils en velours pour ce bâtiment dessiné par Ernest Fage, architecte parisien qui avait précédemment conçu la halle, mais une esplanade de plain-pied. Mais l’engouement est de courte durée et les coûts de fonctionnement ne permettent pas à la municipalité de rentrer dans ses fonds.

Dès 1912, la salle, louée à un entrepreneur, devient cinéma. Une nouveauté très en vogue à l’époque. Fin de l’aventure en 1927.

Programmation populaire et de très bon niveau

L’édifice va rester en sommeil – réveillé par quelques rares manifestations culturelles – jusqu’en 1993, année de son inscription aux monuments historiques qui permettra de conserver la structure à l’italienne – et de sa renaissance sous l’impulsion d’associations et du maire d’alors, Jean Rigal, qui engage sa restauration. Il faut dire qu’à cette époque, pas si lointaine, la ville ne possède pas de vraie salle de spectacle, ce qui va sans doute contribuer au sauvetage du bâtiment. Après de 2 ans de travaux, c‘est la réouverture, en 1996.

Depuis, le succès du théâtre de Villefranche-de-Rouergue ne s’est pas démenti, porté par une programmation populaire et de très bon niveau, assurée par des associations culturelles locales, et une très belle fréquentation. Ce qui fait dire à de nombreux artistes, et même au public, qu’il n’est pas nécessaire de se rendre à Toulouse ou ailleurs pour profiter de spectacles de qualité.