Avoir des enfants et être écolo ? Pour certains parents, c'est non seulement possible, mais surtout nécessaire

  • À l'occasion de la Journée mondiale de la Terre, ces parents nous racontent comment leur transition parentale s'est conjuguée à leur transition écologique.
    À l'occasion de la Journée mondiale de la Terre, ces parents nous racontent comment leur transition parentale s'est conjuguée à leur transition écologique. ArtMarie / Getty Images
Publié le
Relaxnews

(ETX Studio) - Ils étaient déjà sensibilisés à l'ampleur de la crise climatique que nous traversons. Mais l'arrivée de leur enfant a accéléré leur prise de conscience. À l'occasion de la Journée mondiale de la Terre, ces parents nous racontent comment leur transition parentale s'est conjuguée à leur transition écologique.

Se mettre au vert tout en élevant des enfants ? C'est possible, assurent plusieurs parents. Les journalistes Valère Corréard et Mathilde Golla (partenaires de vie et parents) ont même consacré un livre au sujet, intitulé "Un bébé pour tout changer, neuf mois pour réaliser sa transition écologique" et publié en 2020 aux éditions Marabout. 

"Aux alentours du troisième mois de grosesse, quand l'idée de l'arrivée de bébé devient concrète, on passe en mode opérationnel : on prépare la chambre, on se procure le mobilier etc. C'est aussi à ce moment que de nombreux parents vont aborder la crise climatique sous un nouvel angle, en pensant au monde dans lequel leur futur enfant va grandir. Tous ces éléments contribuent à créer une caisse de résonance. On veut le meilleur pour son enfant à naître, ce qui peut créer les conditions pour mettre un pied sur l'accélérateur de la transition écologique", analyse Valère Corréard. 

Un postulat que Marion, 32 ans et maman d'un petit garçon de 13 mois, confirme : "Pendant ma grossesse, je me suis mise à fabriquer mes produits maison dans une démarche zéro déchet (déo, dentifrice, lessive). Ma prise de conscience écologique remontait à plus longtemps, mais le fait d'être enceinte m'a transposée dans une autre temporalité qui m'a aidée à concrétiser mes engagements et passer à l'acte. L'idée que tout ce que je faisais ou consommais avait un impact sur le fœtus a également pesé dans la balance."

Dans un sondage réalisé par l'Institut Gece pour l'entreprise Faireparterie en 2019, neuf parents français sur dix confient leur anxiété face au phénomène du dérèglement climatique. Les parents les plus inquiets de l'évolution de la planète sont également les plus pessimistes pour le futur de leurs enfants (87%). 

Pour Adeline, 36 ans et maman d'une enfant de 6 ans, le passage à l'acte s'est imposé comme une évidence lorsqu'elle a découvert la parentalité. "Mon regard sur le monde a changé, puisque j'allais devenir responsable d'un petit humain qui allait grandir et à son tour devenir un citoyen sur cette planète. J'ai changé la façon de me déplacer, de m'alimenter, de consommer… c'est si vaste ! J'ai remis l'ensemble de mon mode de vie en question pour conserver ce je considère être 'mieux', même si c'est parfois, cela rime avec moins", nous  explique-elle. 

Réduire son empreinte carbone en contrant le consumérisme

Aujourd'hui, il n'est plus rare de lire ou d'entendre que la décision de "faire moins d'enfants" représente un geste de taille pour préserver les ressources de la planète. Cette affirmation s'appuie sur des données chiffrées, notamment celles d'une étude canado-suédoise parue dans Environmental Research en 2017, selon laquelle renoncer à faire un enfant revient à réduire son empreinte carbone de 58 tonnes de CO2 par an. À titre de comparaison, se passer de voiture correspondrait à une économiser 2.4 tonnes de CO2 annuelles. 

Présenté ainsi, il y a effectivement de quoi (légitimement) s'interroger. Ce que font d'ailleurs de plus en plus de personnes, inquiètes à l'idée de surconsommer et/ou de contribuer à la surpopulation de la planète, comme le confirme une étude américaine diffusée ce jeudi. S'il comprend totalement ces préoccupations, Valère Corréard, père de deux enfants (bientôt trois) a toutefois choisi une autre approche. Notamment celle de renoncer à l'appel du consumérisme pour tendre à plus de sobriété. 

"Contrairement à ce que les campagnes marketing veulent nous faire croire, le bébé aura avant tout besoin d'amour et d'attention plutôt que d'être entouré d'une multitude d'objets censés favoriser son éveil. La transition écologique soutient la transition de la parentalité, dans la mesure où elle replace le curseur sur le fait d'être plutôt qu'avoir", estime Valère. 

Les dérives de nos sociétés de consommation, si elle en avait déjà conscience avant, ont également particulièrement interpellé Marion lorsqu'elle s'est frottée aux nombreuses injonctions marketing qui gravitent autour du petit monde de la puériculture. 

"Si l'on se fie à ce qu'on lit sur les forums, il faudrait prévoir un budget de 500-1000€ pour la naissance d'un bébé... Mais en passant par des sites comme LeBoncoin et La Récup, on en a eu pour 100 euros ! Ce marketing autour des bébés interroge clairement : tous ce marketing autour d'accessoires, jouets ou gadgets en tout genre est-il vraiment nécessaire ? Si j'ai vite réalisé que ce n'était pas le cas, je pense que cela peut rester difficile pour d'autres parents, notamment parce que ces achats sont promus comme un moyen de montrer au reste de la société qu'on est une 'bonne mère' ou 'un bon père'. Qu'on 'fait le job', quoi". 

Le dilemme des couches lavables/ jetables

Et puis il y a les parents chez qui les habitudes éco-responsables sont déjà bien ancrées, mais que l'arrivée d'un enfant à la maison menace de bouleverser. L'un des exemples les plus emblématique restant le dilemme des couches lavables VS des couches jetables.

"Nous avions opté pour un entre-deux afin de ne pas abandonner : on privilégiait les couches lavables, tout en s'autorisant les jetables (labelisées écoresponsables) en dehors de la maison, par exemple quand notre fille allait passer du temps chez ses grand-parents", se souvient Adeline. 

"Le sujet des couches écolo est une marotte qui revient fréquemment chez les parents que nous avons interrogés pour notre livre. De manière générale, quelle que ce soit l'ampleur du défi, nous leur conseillons de ne surtout pas culpabiliser : la parentalité est un big-bang et, tout comme l'écologie, il n'y a pas de transition parfaite", rassure Valère Corréard. 

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?