Carnet de vol pour Campouriez avec Charles Delouvrié
En juillet prochain, la commune de Campouriez célébrera le bicentenaire de la naissance de Charles Delouvrié, enfant du pays précurseur du moteur à réaction. En hommage, plaque commémorative, conception d’un buste et pléthore d’animations sont prévues pour redonner souffle à ce pionnier de l’aviation qui a côtoyé Nadar, Georges Sand ou encore Jules Verne.
Il n’existe qu’une seule photographie de l’inventeur du premier moteur à réaction né le 3 juillet 1821 à Combebisou alors commune de Montézic passé dans celle de Campouriez. La terre des Coustoubis s’apprête à célébrer le 17 juillet, le bicentenaire de la naissance de Charles Delouvrié, génie, farfelu, moqué, incompris de son vivant comme le fut le facteur Cheval construisant son palais idéal.
Il n’existe qu’une seule photographie mais celle-ci suffit à Charly Martinez, artiste pluridisciplinaire, qui vient de poser ses bagages, non loin de là, à quelques pas de Bes-Bedène pour réaliser un buste. Trois bustes ont même été commandés, à l’image de la commune partagée entre Banhars, Bes-Bedène et Campouriez. L’opportunité de relier les êtres en convoquant l’histoire justement. Sur ce point, Charles Delouvrié dispose de son musée, au cœur de Bes-Bedène. "Un projet de route des musées est d’ailleurs dans les cartons", avance Christophe Delmas, fraîchement élu maire de Campouriez.
La vie de Charles Delouvrié est à l’image de son œuvre, romanesque. Pour exaucer ses rêves d’envol, il exerce pour le rail en qualité d’ingénieur civil à Clermont-Ferrand. C’est d’ailleurs sur le quai d’une gare qu’il fera la rencontre de Lucie, la baronne d’Orcet qu’il épousera. Il y gagne la particule et développe ses inventions, obtenant deux médailles aux Expositions de 1854 et 1855 pour ses essais de cycle.
Installé à Paris, l’enfant des Coustoubis est membre de la Société fondée par Nadar, photographe de renom, aussi aéronaute. Il dépose son brevet sous matricule 60.712 en date du 3 novembre 1863 sous le nom "L’Aéronave" pour son moteur à réaction puis le 11 septembre 1877 pour "L’Antropornis". La vie Parisienne lui fait côtoyer Georges Sand, Jules Verne ou encore Louis Denayrouze, le fameux ingénieur d’Espalion mais ne tombe jamais sur le moment propice pour obtenir les finances et la reconnaissance. Au gré de ses expérimentations et tentatives, il y a du Harold Lloyd – acteur du cinéma muet connu pour la scène où il est suspendu aux aiguilles d’une horloge au-dessus du vide – dans Charles Delouvrié. À l’image de son expérience où il lance des poules en l’air sous les yeux des paysans médusés.
Campouriez s’apprête à célébrer celui dont on ne dispose qu’une photo alors qu’il a côtoyé Nadar, le photographe des stars et qu’il fut maire de Campouriez. Sa destinée a même fait envoler sa tombe perdue au fil du temps avant même le vieux cimetière de Campouriez. Un jour s’avère bien nécessaire pour mettre en lumière son ouvrage avec l’apport de ses pairs.
Charly Martinez, sculpteur du buste Delouvrié et bâtisseur d'humanité
Il fallait bien un homme comme lui pour donner forme au visage de Charles Delouvrié dont l’image a failli être oubliée. Un cliché a suffi à Charly Martinez, qui vient de s’installer à quelques encablures de Campouriez, pour redonner vie à l’ingénieur. Pétri d’humanité, CAP métallier en poche, Charly Martinez n’a pas eu de plan de carrière comme Charles Delouvrié n’a pas eu de plan de vol.
C’est en autodidacte qu’il s’est construit. Et c’est surtout le drame survenu le 11 juillet 1978 avec la mort de ses parents qui a forgé sa vie. "Il faut porter encore en soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante", a écrit Nietzsche. Charly a plongé corps et âme dans l’art pour s’exprimer. Il a hissé les voiles sur les toiles, en témoigne sa marinière sur ses épaules et son logo du poisson dans son atelier. Un atelier dans un lieu qu’il veut ouvert comme lui s’est ouvert à la création. "Je ne veux pas m’enfermer, ni dans les cases ni dans les genres", résume-t-il.
Gravure sur pierre en suivant l’école d’architecture de Volvic, peinture grâce à l’argent obtenu de ses fonderies, mobilier en tôle et en alu, Charly se confronte à la réalité pour maîtriser son sujet, répondre à sa soif d’humanité. L’art lui est vital comme il le fut pour Rilke. Pour partager cet art, il avait ouvert une école à Vic-le-Comte, près de Clermont-Ferrand comme aujourd’hui, en Aveyron, il se décide à ouvrir un lieu d’exposition.
Boulimique, il veut transmettre sa passion. Celle pour Picasso, pour les arts en général. "Il faut dégager une émotion", dit-il. Tel est son leitmotiv. Comme il s’apprête à le faire à travers un projet d’HLM en hommage à ses parents à Clermont-Ferrand. Le projet d’une vie. Le buste de Charles Delouvrié est un coup de main fraternel. Charles ou Charly, on est Charlie.
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