Assistantes maternelles en quête de reconnaissance
Elles sont encore sur le pont mais toujours dans l’ombre. Témoignage de leur quotidien.
Premier mode de garde en France et au front depuis plus d’un an, les assistantes maternelles ne sont guère mises en lumière.
Pour Geneviève, assistante maternelle depuis près d’une décennie, à Salles-la-Source, " bosser hors structure, chez soi, avec un relationnel tout particulier fait que l’on ne voit peut-être pas les choses comme ailleurs, il y a un côté humain plus fort, je ne me vois pas dire aux parents qui ne sont pas dans la liste des " essentiels ", que je ne garderai pas leur enfant, et prendre le petit copain parce que sa maman est aide soignante ". Et de résumer sa pensée : " Il y a les essentiels, les soi-disant non-essentiels et puis les essentiels-non-reconnus. " De la théorie à la pratique, en somme.
Le prix à payer
L’annonce du Président suivi d’un énième rétropédalage et les ass’mat’dans le jargon accueillent finalement les enfants. "Nous sommes les mamans de l’ombre, celles qui aident, câlinent, offrent réconfort et soutien. Les confidentes, les sauveuses parfois, d’une profession trop peu reconnue", confie Geneviève. D’autant que les assistantes maternelles étaient sur le front dès le premier confinement.
"Elles étaient même autorisées tout à coup à accueillir jusqu’à six enfants, comme c’est le cas de mois ci. Elles ont répondu présent, en dépit de leur vie familiale et des risques encourus."
Geneviève le reconnaît volontiers : quatre enfants de moins de 2 ans à gérer en alternance dans la journée et deux ados en distanciel, cela s’avère une journée chargée.
"Nos nounous sont essentielles, indispensables"
Masque obligatoire, le parent qui doit rester sur le pas de la porte, chaussures et manteaux restent à l’extérieur, lavage des mains régulier, pas si simple et la journée n’est pas terminée au départ du petit dernier avec désinfections des jouets, du matériel, sol et tout ce qui leur est utile sur la journée, soit environ une heure de travail en plus par jour. "Mais c’est le prix à payer", admet la dynamique maman qui a dû dans la foulée faire une croix sur sa semaine de vacances. Elle ne pourra même pas aller se ressourcer sur la terre de ses racines dans le Nord-Aveyron, bloquée par les 10 km. Sans remettre en cause les nouvelles prérogatives, à l’instar de ses collègues, elle regrette le manque de reconnaissance : "Quand le secrétaire d’État fait les annonces, c’est tout sauf valorisant".
Évincées encore le 7 avril dernier des nouvelles mesures votées par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) pour soutenir la petite enfance qui estime "que les assistantes maternelles n’en font peut-être pas partie la fait doucement sourire", souffle Geneviève avec un brin d’amertume. Et de conclure : "Si les infirmières, aides soignantes, les Essentiels peuvent travailler, c’est aussi et surtout souvent parce que les ass’mat’sont là alors oui, nos nounous sont essentielles, indispensables même !"
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