Un apéritif bien chambré fait de vin des côtes-de-millau

  • Ludovic, Sébastien et Jérôme trinquent à ce vin aromatisé au CBD où le végétal et mentholé sont présents.
    Ludovic, Sébastien et Jérôme trinquent à ce vin aromatisé au CBD où le végétal et mentholé sont présents.
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cyril calsina

Avec moins de 0,05 % de tétrahydrocannabidiol et affichant 13°, le produit s’est déjà écoulé à cinq mille bouteilles sur une première production de dix mille. Le succès est annoncé.

Le domaine du Vieux Noyer n’est pas du genre à "glander", ni à se la couler douce en bord de Tarn. Et lorsqu’un négociant, un vigneron et un commerçant en CBD (CannaBiDiol) croisent leurs activités, un vin aromatisé naît d’une idée tricéphale. L’Étonnant vient à peine d’entrer en phase de commercialisation que voilà déjà 5 000 bouteilles écoulées. Outre la syrah et le mansois, pour la partie cépages, une infusion de chanvre vient parfaire ou détonner l’apéritif. Sur l’étiquette, on peut même y lire un habile message : "Donnez à votre dégustation un petit goût d’interdit", histoire de pimenter les boissons de ceux qui disent ne pas y toucher.

Il y a quelques jours, à Boyne, Ludovic et Éric son associé, Florent et Stéphane trinquent à la 5 000e bouteille vendue. "L’idée est partie d’un repas de famille où on s’est retrouvé pendant les fêtes de fin d’année, raconte Ludo. Je travaille essentiellement avec les restaurateurs et, comme depuis fin octobre le rythme a bien ralenti, j’ai proposé à Sébastien (alias LaGraine qui a aussi monté un site internet et un commerce à Paris de vente de CBD, de faire un apéritif à base de vin de CBD. C’est une création locale."

Avant que le col vive, il a fallu mouiller la chemise. Des tas et des tas d’expériences sont menées. Des variétés de CBD sont macérées, infusées. Sans succès. Et puis, c’est l’assemblage parfait. "On a mis un mois pour trouver la fleur qui allait correspondre avec le vin. Chaque fois, on faisait des essais sur dix litres. Et on a mis un mois de plus à trouver le produit final", confessent les trois hommes. "On a mis des recettes en place que l’on a dû jeter tellement ce n’était pas concluant, voire même imbuvable, trop végétal."

La fusion, elle, s’est produite grâce à un mélange de plusieurs plantes. "La première production s’est déroulée fin mars. On a ensuite pensé à l’étiquette et à la contre-étiquette. La distribution n’a commencé que jeudi 15 avril", calendarise Jérôme.

Et ne dites pas que c’est un vin, mais bien un apéritif à base de vin. "On travaille avec le CBD français qui se trouve à Marseille. Ils nous ont fourni des échantillons de fleurs avant de commander des kilos. En France, quinze variétés sont autorisées, mais il doit en exister une quarantaine", ajuste Sébastien. Dès qu’ils ont fait goûter aux connaissances, le trio a bien senti que ça plaisait et que le plaisir pouvait faire des émules. Du coup, ils sont partis sur une cuvée de dix mille bouteilles tandis que se met déjà en place le rosé de L’Étonnant.

Mais quelle est la part de CBD renfermée dans une bouteille ? À cette question, les trois professionnels restent circonspects et assurent que "cela reste infime. C’est d’abord pour ramener le côté végétal et mentholé de la fleur", décompose Ludovic. Néanmoins, des analyses ont été pratiquées entre la fleur et le produit. Résultats : "Il s’est avéré que le taux de CBD est diminué, une fois infusé. Le taux de THC (Tétrahydrocannabinol avec des propriétés psychoactives agissant sur le psychisme en modifiant le rythme cérébral, NDLR), lui, a été choisi en respectant les normes : ne pas dépasser les 0,2 %. Là, nous sommes à 0,04 %."

"Cet apéritif est là pour une population jeune, mais aussi âgée... Quoi qu’il en soit, ça reste détonnant et il ne faut pas oublier que, en France, il y a un fort pourcentage de personnes qui consomment du cannabis", prospecte Jérôme. D’ailleurs, des boutiques spécialisées s’intéressent à L’Étonnant et veulent que la bouteille rejoigne leurs étals.

Des commerçants en CBD bien sûr, mais aussi des bars tabacs, des cavistes, etc. "Comme, bientôt, on va pouvoir recevoir des amis, que les gens saturent, ont besoin de nouveauté, je pense que le produit est bon, parce qu’il est décalé. En plus, le rosé est prévu vers le 10 mai, il sera très clair et ce sera parfait pour l’été", conclut Ludovic dans son domaine du Vieux Noyer. À peine a-t-il terminé de parler de l’apéritif, qu’il descend au sous-sol vérifier où en sont les canettes de bière. Un autre produit commercialisé bientôt. Non, décidément, on ne se la coule pas douce à Boynes.

Prix : 20 € la bouteille. Apéritif à base de vin à 13°.

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