Aveyron : la pénurie de matières premières guette les entreprises du BTP

Abonnés
  • "Tant qu’il y avait du stock, ça allait à peu près, mais maintenant qu’il n’y a plus de stock… c’est au plus offrant !", analyse le président Druilhet.
    "Tant qu’il y avait du stock, ça allait à peu près, mais maintenant qu’il n’y a plus de stock… c’est au plus offrant !", analyse le président Druilhet.
Publié le
Xavier Buisson

Ruptures de stocks, coronavirus, spéculations à l’échelle mondiale et brouille entre Canada et USA : une conjonction de problèmes s’abat sur le secteur du bâtiment qui s’attend à essuyer une crise lourde du côté des matières premières.

"Des informations de plus en plus alarmantes nous parvenant de toutes parts, je suis amené à vous contacter à nouveau afin de vous sensibiliser quant aux conséquences de hausses absolument démesurées et totalement imprévisibles ainsi que des ruptures d’approvisionnement présentes et à venir à court terme, pour vos marchés et nos entreprises".

Représentant 214 entreprises du BTP aveyronnais (qui compte au total 7 000 employés) et à la tête de la Fédération du bâtiment et des travaux publics de l’Aveyron, Daniel Druilhet a pris la plume la semaine dernière, interpellant élus, promoteurs et "donneurs d’ordre" sur la situation inédite que traverse le secteur.

Car de nombreuses matières premières manquent à l’appel, alors que le prix de plusieurs autres flambe. "Le Covid a arrêté l’économie. Tant qu’il y avait du stock, ça allait à peu près, mais maintenant qu’il n’y a plus de stock… c’est au plus offrant !", analyse le président Druilhet.

Bois : les États-Unis changent la donne

En 2020, la brouille diplomatique entre Canada et USA a contraint les Américains à changer de fournisseur de bois pour aller chercher cette matière première jusqu’en Europe… où elle manque aujourd’hui cruellement. "Ils ont fait main basse sur les bois du Nord, suédois et norvégiens, et aujourd’hui on le paye 800 €/m3 contre 200 à 300 en temps normal", explique Daniel Druilhet.

"Il y a dans l’Aveyron des courtiers hollandais mandatés par les USA qui viennent démarcher des propriétaires de résineux pour l’acheter, après l’avoir vu par satellite, et l’envoyer aux États-Unis", poursuit le président.

Le prix du fer a ainsi augmenté de 80 % en un an

Dans un contexte de fort redémarrage de la construction au niveau mondial, fer et verre voient leurs prix s’envoler. C’est la "spéculation" qui est en cause, selon le président Druilhet, qui pousserait certains investisseurs à stocker, voire certains fabricants à organiser une pénurie afin de mieux vendre.

Le prix du fer a ainsi augmenté de 80 % en un an, celui de l’aluminium de 45 %. Cas concret : les petites cales en polyamide qui servent, dans la menuiserie aluminium, à réaliser la rupture de pont thermique, sont désormais denrée rare. Idem pour les serrures de fenêtre. Les matériaux d’isolation sont en "rupture" selon Daniel Druilhet ainsi que les produits en polyuréthane, dont le prix a augmenté de 45 %.

Commande en mai, livraison en septembre

"Pour avoir de la quincaillerie de fenêtre, comptez 32 semaines de délai. Sur d’autres matériaux, pas de délais et le prix n’est pas garanti… Un fournisseur de volets roulants à lames PVC annonce un arrêt brutal et immédiat de fabrication. Pour les liteaux, les voliges, les chevrons, l’OSB, les fournisseurs annoncent des délais de livraison absolument incroyables (commande en mai pour livraison en septembre)".

À court terme plusieurs fournisseurs annoncent pour le mois de juin des " ruptures totales d’approvisionnement, en aluminium, en bacs acier secs, en laine de verre, en polyamide, ce qui induira un arrêt de production des menuiseries métal à rupture de pont thermique ", reprend Daniel Druilhet.

La solution d’urgence, que la FBTP appelle de ses vœux dans son courrier aux élus et promoteurs : prolonger les plannings, ne pas appliquer les pénalités de retard et accepter des mises à jour des prix. "Je demande aux maîtres d’ouvrage qu’ils soient compréhensifs, qu’ils n’appliquent pas les pénalités de retard si on n’est pas à l’heure. Les retards ne sont pas dus à nos entreprises. Il faudrait aussi que le gouvernement tape du poing sur la table. On a vu les limites du mondialisme avec cette crise du covid".

Produire local

Suggestion du président de la FBTP 12 : produire davantage localement et mieux exploiter les forêts pour "éviter d’aller acheter du bois en Suède"… Une situation, donc, déjà tendue, et qui risque de se durcir dans les mois à venir, paralysant tout un secteur aux métiers multiples et complémentaires.

"Si je n’ai pas de charpente, je ne peux pas poser de toiture". Cogérant de CM Couverture (15 employés à Baraqueville), le couvreur Richard Mendoza voit, comme nombre de ses collègues, les problèmes se superposer : peu de bois pour poser les charpentes, des tuiles de plus en plus rares, tarifs et délais (quand ils sont donnés) prohibitifs sur fer et acier mais aussi grande rareté du feutre de sous-toiture, indispensable aujourd’hui.

" On ne sait pas trop où on va. J’ai commandé 170 m2 d’ardoises l’été dernier… j’attends encore. On avait déjà un problème de main-d’œuvre, maintenant ce sont les matériaux. Celui qui veut monter son entreprise actuellement… a plutôt intérêt à y réfléchir ! ", affirme le jeune entrepreneur.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Baraqueville

249000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, Située à Baraqueville, venez découvrir [...]

Toutes les annonces immobilières de Baraqueville
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?