Le mohair pousse sur le Larzac et sur le dos des chèvres angora

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  • Anna et Victor ont repris la ferme en janvier 2021. Victor tient dans ses bras le tout premier bébé chevreau de ces néoéleveurs.
    Anna et Victor ont repris la ferme en janvier 2021. Victor tient dans ses bras le tout premier bébé chevreau de ces néoéleveurs.
  • Le mohair pousse sur le Larzac et sur le dos des chèvres angora
    Le mohair pousse sur le Larzac et sur le dos des chèvres angora
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Midi Libre

Un jeune couple trentenaire a quitté la vie trépidante parisienne pour reprendre une exploitation de chèvres angora.

La route fend le plateau du Larzac, au milieu de nulle part et à seulement vingt petites minutes de Millau. "C’est ce qui nous a séduits. On est dans un espace naturel beau à couper le souffle, sans nous sentir isolés."

En janvier 2021, Anna et Victor, 30 ans, et un petit Eloen d’un an et demi, arrêtent ici, au lieu-dit Baumescure, dans les écarts de La Bastide-Pradines, leur tour de France des fermes, commencé deux ans plus tôt, par un pur hasard, chez le voisin, un cultivateur de plantes dédiées à l’aromathérapie.

"Nous avions envie de partir de Paris, de retrouver le monde paysan. Mais on ne savait pas ce qui nous plaisait." Victor, soudeur, laisse derrière lui le monde du spectacle et ses décors. Anna quitte son emploi de coordonnatrice de projets dans un syndicat agricole. Le jeune couple multiplie les stages d’un mois dans tous les coins de l’Hexagone. Teste la vache laitière, l’âne ou le caprin. Il découvre également ce qu’il ne veut pas. "Faire du fromage chaque matin, coincé dans un atelier et les deux traites par jour, sans un seul moment de répit. Avec toujours le même type de taches. Ou bosser 70 heures par semaine et subir, plutôt que vivre son métier."

Transmission des fermes

Ces fans de sport de pleine nature trouvent leur Graal. Une exploitation de chèvres angora, bien établie, par une pionnière du genre, Claudia Preuss (lire encadré). Femme, étrangère, seule, avec un élevage balbutiant, il fallait oser. Après trente ans d’activités, Claudia aspire à la retraite. Elle accepte de passer le relais, son stock de laine mohair et son troupeau d’une centaine de têtes frisées, complètement craquantes, aux jeunes parents.

"Sur le Larzac, il y a une vague d’exploitants qui partent ou vont partir à la retraite et des jeunes qui s’installent. Cela crée une ambiance particulière. Nous nous sommes sentis acceptés par les paysans, jeunes ou anciens. C’est vraiment une terre d’accueil. Les gens viennent de partout."

Il faut dire qu’Anna et Victor n’ont rien de bobos parisiens utopistes ou de babas cool un peu feignants. "La valeur travail est importante ici." Victor a passé un brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole, spécialité élevage de moyenne montagne en caprin. Anna bossait déjà dans le domaine agricole et s’est retrouvée en terrain familier. Ils ont la tête bien faite, le cœur à l’ouvrage et une vision gestionnaire de leur entreprise. "C’est ce qui nous a plu, nous inscrire dans une filière, de l’élevage au produit fini, avec des envies de créations de collection, bientôt."

Tarn, Italie et Vendée 

Avec 300 kg de laine brute pour 240 kg de produit fini, l’élevage n’intéresse pas les filatures qui commencent à revenir en France. Mohair comme l’alpaga exigent une technique très différente et les filatures auraient dû arrêter leurs machines. Alors les jeunes fermiers confient leurs toisons triées à une coopérative d’éleveurs d’angora, "Mohair de nos chèvres", à Castres, qui en confie la filature en Italie et la teinture en Vendée. "On récupère nos produits soit sous forme de cônes si on veut la tricoter, soit sous forme de vêtements, hyperqualitatifs, car cette entreprise tarnaise est à la pointe de la technologie et labellisée entreprise du patrimoine vivant. Elle est spécialisée dans la fibre naturelle."

Bientôt, la teinture de leurs produits sera confiée à Odile, la maman de Victor. Elle se reconvertit, elle également et ouvre une boutique à Paris. Les créations d’Anna et Victor y trouveront une bonne vitrine. Le mois dernier, leur tout premier chevreau a vu le jour. Il prendra du poil de la bête jusqu’en juillet et sa première tonte. Le veinard vivra toujours auprès de sa mère, sa fratrie et un tout petit homme qui grandira en même temps que lui, Eloen.

On peut trouver les produits de "Mohair du Larzac" chez les "Cocottes coquettes", une boutique de 18 artisans créateurs, boulevard de Bonald, à Millau. Vente prochaine sur le site prochainement créé par le couple ou en direct sur les salons.

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