Sénergues. Les vitraux de l’église Saint-Martin, de véritables joyaux artistiques

  • Baie en dalle de verre  teintée dans la masse. Baie en dalle de verre  teintée dans la masse.
    Baie en dalle de verre teintée dans la masse.
  • Détail du vitrail avec ses éclats de verre
    Détail du vitrail avec ses éclats de verre
Publié le
CORRESPONDANT

L’église Saint-Martin est bien antérieure au IXe siècle, si l’on se réfère au diplôme de Louis 1er le Pieux, roi d’Aquitaine et Empereur d’Occident, qui, le 8 avril 819, fit donation de l’église de Cerniangis à l’abbé de Conques Médraldus. Le bâtiment actuel, on le doit à un abbé de Conques, Antoine de Rousselet, qui, de 1515 à 1540, a relevé l’ancien édifice très détérioré.

L’abbé Paul Blanadet, curé de Sénergues de 1947 à 1968, entreprit des travaux dans l’église dont la réfection des vitraux. Pour cela, il fit appel à l’atelier de verrerie de l’Abbaye d’En-Calcat (Tarn), fondé en 1950 par le frère Ephrem Socard. Afin de financer ces travaux, il vendit un petit opuscule qu’il avait rédigé sur l’histoire de l’église de Sénergues et fit appel à la générosité des paroissiens. Les fonds recueillis ont permis la pose des quatre ouvertures de la façade nord en 1965. Son successeur, l’abbé Paul Brégou, curé de Sénergues de 1968 à 1997, poursuivit les travaux de son prédécesseur et il fit équiper en 1971, toujours par frère Ephrem, la totalité des baies de la face sud et du chœur de vitraux en dalles de verre teintées dans la masse.

Cette technique mise au point vers 1920 par Jean Gaudin et son fils Pierre, avec le verrier Jules Albertini, a été reprise par le frère Ephrem. L’artiste réalisa grandeur nature une maquette du futur vitrail. Puis, avec un tranchet, il prépara la forme de chaque dalle. Ensuite, à l’aide d’une marteline, un marteau arrondi avec deux tranchants en tungstène, il fit de grands éclats dans la matière pour donner à chaque teinte des nuances de tons grâce à la lumière.

Couleurs froides et couleurs chaudes

Les dalles de verre disposées selon le dessin furent encloses d’une première coulée de mortier liquide jusqu’à mi-épaisseur. L’artiste disposa ensuite une résille de fer de 3 à 5 mm entre toutes les composantes du panneau et compléta avec une seconde coulée suivie d’un brossage. Pour la réalisation des baies de l’église, frère Ephrem s’est inspiré du psaume 138 et plus précisément du verset 12 : "Même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre, et la nuit comme le jour est lumière".

Si l’on examine l’ensemble des vitraux, côté nord, les quatre baies sont composées majoritairement de couleurs froides qui s’illuminent en montant vers le chœur, alors que celles du côté sud présentent des couleurs chaudes, flamboyantes, pour s’assombrir dans le dernier panneau, en redescendant vers le porche d’entrée, symbolisant le crépuscule du soir. Cet ensemble de teintes traduit le travail de recherches du Père Ephrem sur ce verset 12, où les couleurs froides du côté nord, symbolisant la nuit, laissent pénétrer la lumière pour se mélanger à celles chaudes du jour, côté sud.

Grâce aux curés Blanadet et Brégou l’église Saint-Martin de Sénergues possède un véritable joyau artistique reconnu par ses nombreux visiteurs et pas seulement lors des Journées Européennes du Patrimoine.

Les personnes qui auraient connaissance d’autres vitraux issus de l’atelier d’En-Calcat, en Aveyron, sont invitées à le signaler à Jean-Claude Richard, au 06 78 02 47 00.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?