Sur les murs : "Rodez ne doit pas devenir Prague"
Ancien secrétaire du Parti socialiste en Aveyron, de 1976 à 1987, Bernard Ferrand se penche sur le 10 mai 1981 où François Mitterrand a été élu à la présidence de la République.
Premier secrétaire du parti socialiste de 1976 à 1987, candidat à de multiples élections et ayant occupé de nombreuses responsabilités politiques, Bernard Ferrand garde encore en sa mémoire, d’une façon très précise et intacte, l’accession au pouvoir de François Mitterrand, le 10 mai 1981. Terre traditionnellement ancrée politiquement à droite, l’Aveyron voit l’arrivée du président socialiste "d’un mauvais œil", se souvient Bernard Ferrand. D’ailleurs, le pouvoir de l’époque agitait sans cesse l’épouvantail communiste, et la droite avait couvert les murs de la formule : "Rodez ne doit pas devenir Prague". Et certains se souviennent encore de cette rumeur qui courait, celle des chars russes à la Concorde…
Le soir de la victoire, une partie des socialistes du département se sont retrouvés au centre social des Quatre saisons d’Onet-le-Château pour découvrir le résultat du scrutin. " Tout au long de la journée, nous avons surveillé, dans les points de vote du département que le scrutin se déroule normalement, raconte Bernard Ferrand. Et puis, ce fut une explosion de joie. "Nous avions décidé de nous rendre à la préfecture pour célébrer ce moment. Sur notre passage, les volets se fermaient… On ne peut pas dire que les Ruthénois étaient très heureux du résultat de cette élection", se remémore l’ancien secrétaire du Parti socialiste. à Saint-Affrique, Villefranche-de-Rouergue, les scènes de joies se multiplient également. On connaît l’attachement de François Mitterrand à l’Aveyron, son affection pour les paysans du Larzac, alors que dès son élection, il mit fin au projet d’agrandissement du camp militaire.
D’ailleurs, Bernard Ferrand est de ceux qui ont assisté au fameux repas, à l’époque tenu secret, chez Guy Tarlier, figure de proue du mouvement du Larzac. Des anecdotes que l’on retrouve également ans le livre de Pierre-Marie Terral, François Mitterrand, un roman Français. L’histoire du socialisme en Aveyron où les élections législatives, municipales se suivent mais ne se ressemblent pas, d’ailleurs lors de l’élection présidentielle de 1981, Valérie Giscard-d’Estaing était arrivé en tête avec 51,89 % des suffrages exprimés. "L’implantation du PS en Aveyron n’a pas été une chose simple, se souvient Bernard Ferrand. En tant que premier secrétaire j’ai toujours considéré qu’il s’agissait d’une terre politique à conquérir. Et cela a plutôt bien fonctionné."