Rodez. Martine Andrée, collectif protéiforme au service du "vivre ensemble"

Sans le savoir, ils ont passé leur enfance à quelques kilomètres l’un de l’autre, fréquentant les mêmes lieux, gravitant dans les mêmes cercles. Ils se sont pourtant rencontrés bien plus tard, la trentaine révolue. Devenus inséparables, Vincent Cavaroc et Christophe Goutes sont aujourd’hui l’alpha et l’oméga de Martine Andrée, collectif multidisciplinaire qui enchaîne les projets avec la constance d’un métronome.

Commissariat d’expositions, événementiel, installations, lieux éphémères… Rien n’arrête les deux Ruthénois de Martine Andrée, qui carburent à la créativité, le contre-pied, l’insolite, un œil avisé sur les tendances du moment et celles à venir.

Derrière ces deux prénoms féminins, en hommage à leurs mamans respectives "parties bien trop tôt", se cache Vincent Cavaroc, un touche à tout de la culture, ancien responsable de la communication du Centre chorégraphique national de Montpellier, conseiller artistique de la Gaîté lyrique à Paris, vice-président de Divergence FM, producteur à France Culture. Aujourd’hui co-directeur de la coopérative Illusion & Macadam, le quadra hyperdynamique dirige la Halle Tropisme à Montpellier, pierre angulaire de la Cité créative montpelliéraine.

À ses côtés, Christophe Goutes, un scénographe et créateur sonore très porté sur "les rapports art/action/interaction dans l’espace public." Membre du collectif Exyzt, il a notamment participé aux Nuits blanches de Paris et de Madrid, à la biennale d’architecture de Venise, a exposé à la Barbican Galerie de Londres… Deux CV tout aussi garnis que leur agenda.

Tout à la fois scénographes, curateurs, créateurs sonores, producteurs radio, DJ, constructeurs, les deux trublions aiment par-dessus tout "créer des situations propices à la rencontre et au vivre ensemble dans des endroits qui semblent ne pas s’y prêter." Aménagement du musée Fabre, du Mo. Co, de l’école artistique de l’Esma, scénographie de la Biennale de Dakar, performance gustative associant gastronomie, création sonore et magie… Difficile de tout énumérer.

Afrika 2020

"Créer des lieux de vie autour d’une architecture liée aux usages, qui font écho à de véritables besoins. Rien d’artificiel". Voilà le credo de Martine Andrée qui a aujourd’hui la charge, et non des moindres, d’imaginer la scénographie de la partie grand public du 28e sommet Afrique-France programmé pour la première fois à Montpellier cet été.

"Pendant six jours, du 5 au 10 juillet, on va occuper l’Esplanade de la Comédie pour montrer tous les liens que notre territoire entretient avec le continent africain, à travers ses associations, son tissu économique, sa diaspora… On éclate tout ça en plusieurs corners : Mode, Design, Musique, Gastronomie, Nouvelle technologies Jeunesse…" énonce Vincent au sujet de ce "gros bébé" qui devrait drainer plusieurs dizaines de milliers de personnes.

En parallèle, lui qui est aussi directeur de la Halle Tropisme, pôle multiculturel et fer de lance de la toute jeune Cité créative de Montpellier, aura à charge de transformer le lieu en un Centre d’art panafricain "complètement pluridisciplinaire" dans le cadre de la Saison Afrika 2020, reportée cette année pour les raisons que l’on sait.

"Comme une petite dizaine de lieux en France, on a eu la chance d’être un des QG de la saison Afrika 2020. Une belle opportunité pour un tiers lieu indépendant comme la Halle Tropisme. Le petit Poucet qui se retrouve finalement aux côtés de la Friche de la Belle de Mai à Marseille, le Lieu unique à Nantes, l’Institut des Cultures d’Islam à Paris… Du lourd !"

Labo in situ

Hébergé justement au sein même de la Halle Tropisme à Montpellier, "un patronage naturel qui apporte autant à chacune des deux structures" valide Vincent, Martine Andrée prévoit d’aménager la future extension de ce tiers lieu dans l’ancienne caserne attenante transformée pour l’occasion "en ateliers d’artistes et un pôle média."

Un projet supplémentaire pour les Ruthénois qui, pour finir, redonnent vie à la bibliothèque des fonds anciens de l’école des Beaux-Arts de Toulouse. "Un joli pied de nez, s’amuse Vincent. Plus jeune, j’ai été refusé aux Beaux-Arts Toulouse." Tout un symbole !