Rodez. Aveyron : les infirmiers anesthésistes en grève lundi

Ce lundi 17 mai, comme tous les jours de l’année, des infirmiers anesthésistes seront à l’œuvre dans les blocs opératoires. Mais sous forme de réquisition pour la plupart d’entre eux. A l’hôpital Jacques-Puel de Rodez comme ailleurs. Ce, en raison du mouvement de grève des infirmiers anesthésistes qui s’annonce particulièrement suivi. "On sera proche des 100 % de grévistes" assure même Brice Ramondenc, porte-parole du collectif aveyronnais des infirmiers anesthésiste diplômé d’État, plus communément appelé IADE.

Loi de modernisation du système de santé

Il faut dire que cela fait un moment que cette profession alerte les élus de tout bord sur ses préoccupations, voire sa colère. Les IADE réclament en effet une reconnaissance à part entière de leur statut, à l’heure où se prépare la loi de modernisation de la santé. Et la colère des IADE a explosé quand l’Assemblée Nationale, alors que les sénateurs l’avaient voté, a refusé de les inclure dans le nouveau statut d’infirmier de pratique avancée. "M. Véran résume l’exercice IADE à des compétences techniques et leur dénie toute capacité d’analyse clinique et de contribution aux parcours de soins", s’est insurgé le syndicat national des IADE.

Pour Brice Ramondenc, c’est l’incompréhension. "Aujourd’hui, le tandem IADE et Médecin anesthésiste fonctionnent très bien. Ce sont deux cerveaux qui réfléchissent ensemble pour chacune des 10 à 11 millions d’anesthésies annuelles. Et ça marche !", fait-il ainsi remarquer.

Or, comme il l’a écrit dans un courrier que les élus parlementaires ont reçu en mains propres : "Pour décrocher ce diplôme, il a fallu que je devienne infirmier (3 ans), que je travaille 6 ans en réanimation polyvalente puis que je passe un concours pour être admis à l’école d’infirmier anesthésiste qui dure 2 ans. Le diplôme d’IADE est reconnu master 2, et niveau 7 dans la nomenclature RNCP de France compétences. " Et d’interroger : " Quelle motivation aujourd’hui pour devenir IADE si l’on doit gagner 13 euros de plus par mois qu’un infirmier ? " Une inquiétude gagnée par la colère tant le sentiment d’injustice gagne les IADE à l’idée de ne pas reconnaître l’importance de ce corps médical spécifique dans le système de santé.

"Un énième rapport"

"Tous les élus, même le ministre de la Santé, qui a été rencontré, disent nous comprendre. Mais M. Véran nous propose d’examiner un énième rapport sur la profession qui sera rendu en juillet, profession qui existe depuis 1945 ", s’agace Brice Ramondenc. D’autant que, depuis un an et la crise sanitaire, les IADE sont en quelque sorte au four et au moulin. "Des couteaux suisses " comme l’avait titré un de nos confrères.

Tant et si bien que ce mouvement de grève sera bel et bien suivi chez les dix à onze mille IADE du pays, dont 37 en Aveyron.

Si des IADE sont réquisitionnés pour les interventions, les autres seront lundi matin sur le parvis de l’hôpital dès 9 h 30 le 17 mai, notamment pour mieux faire connaître leur profession. Ils ont d’ailleurs édité une affiche sur laquelle ils rappellent que "c’est une affaire de professionnels". Puis, une délégation devrait être reçue par la direction de l’hôpital.