Christophe Joulie : "Nous avons préféré jouer la carte du pragmatisme"

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  • Directeur général du groupe, Christophe Joulie a fait le choix d’attendre le 9 juin pour rouvrir ses restaurants à Paris. 	RDS
    Directeur général du groupe, Christophe Joulie a fait le choix d’attendre le 9 juin pour rouvrir ses restaurants à Paris. RDS
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Rui Dos Santos

Originaire de Vailhourles, près de Montbazens (c’est là où est né Gérard, son papa, qui a grandi à Pachins), âgé de 45 ans (il soufflera les bougies le 5 juin), marié à une Cantalienne et père de deux garçons, Christophe Joulie a succédé à son père à la direction générale de la Financière Gérard Joulie. Un véritable empire de la restauration, resté indépendant, qui pèse 70 M€ de chiffre d’affaires avec un effectif proche de 700 salariés, répartis dans quinze établissements (quatorze restaurants et un hôtel), à Paris mais également dans la première couronne. Alors que ses affaires sont à l’arrêt depuis près de sept mois, il est certes "très pressé d’ouvrir" mais "pas à n’importe quel prix". Du coup, tandis que le gouvernement a fixé le mercredi 19 mai comme date de réouverture des terrasses (pas plus de six personnes par table et 50 % des jauges), l’aîné des frères Joulie a décidé "d’attendre le 9 juin pour la reprise de l’activité". L’intéressé s’en explique...

Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Après presque sept mois à l’arrêt, je n’ai qu’une envie : il me tarde de rouvrir. En revanche, si je suis parfois impatient, je suis aussi quelqu’un de très pragmatique. De ce fait, je passe mon tour le 19 mai et j’attendrai le 9 juin pour rouvrir nos établissements.

Plutôt que d’impatience, il faut donc parler de prudence pour le groupe Joulie. Pour quelles raisons ?

Déjà, à la différence de beaucoup de brasseries, seulement deux de nos restaurants possèdent une terrasse : L’auberge Dab dans le 16e et Les grandes marches à Bastille. Il n’y avait donc pas urgence. Et puis, et surtout, je n’ai pas oublié l’épisode avant l’été dernier. J’ai d’ailleurs le sentiment de revivre la même chose. On est exactement sur le même modèle. On a reçu le feu vert le 2 juin, après Pentecôte, et une météo guère généreuse, qui sévit souvent à cette saison, nous a desservis. Avec un couvre-feu à 21 heures, avec les restrictions en termes de jauges, quel intérêt d’y aller le 19 mai ? Ouvrir et perdre davantage d’argent ? Je ne joue pas ! Et puis, s’il pleut, je les mets où les clients ? On va attendre.

Vous n’aurez pas de regrets ?

C’est important d’ouvrir, le plus tôt possible, mais ne perdons pas de vue que nous rentrons dans une mauvaise période. Faute de touristes étrangers l’été, Paris va être désert. Je n’ai pas envie d’avoir la marchandise sur le dos et de faire revenir le personnel trop tôt. L’objectif est d’assurer le minimum. La première étape est donc de rallumer la marmite. C’est une partie d’échauffement ! Pendant deux mois, avec le protocole imposé, on devra se contenter de 50 % du chiffre d’affaires. De ce fait, c’est très important, voire même vital, d’être accompagnés sur le chômage partiel même après la réouverture.

Justement, quel regard portez-vous sur l’accompagnement ?

(Agacé) Nous avons payé le fait d’être "un gros indépendant". La prise en charge du chômage partiel a été une bonne chose, heureusement qu’il y a eu ça pour protéger nos salariés, mais, en revanche, aucune aide pour les charges fixes, qui ont continué à tomber tous les mois. Inutile de donner une somme mais c’est une enveloppe très conséquente. On peut donc parler de différence de traitement, tout le monde n’est pas aidé de la même façon...

Quelles sont les perspectives ?

C’est l’activité qui le dira ! Il y a une question qui me taraude tous les jours : combien de temps faudra-t-il pour retrouver le même rythme qu’en 2019 ? L’incertitude est grande et générale quant à la capacité à rembourser les crédits. Fort heureusement pour le groupe, notre endettement est sage, mesuré, équilibré.

Pour terminer sur une note plus légère, vu que vous vivez depuis des mois au rythme des pronostics (fermeture/ouverture), quel est le vôtre, vous le passionné de rugby, sur le lauréat 2021 du Bouclier de Brennus dans quelques jours ?

(Longue réflexion, un sourire jusqu’aux oreilles). Il faut que je réponde mais je veux conserver tous mes copains ! De par mes origines aveyronnaises, je suis un supporter du Stade toulousain, mais je suis un ancien joueur du Racing, mon club de cœur, et Thomas Lombard, le nouveau directeur général du Stade français, est un ami. Je vais donc dire Toulouse pour la coupe d’Europe et un des trois pour le titre en Top 14...

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