Ségur. Pauline Giroux : "Vivre pour un autre" et témoigner pour les autres

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Publié le , mis à jour
Paulo Dos Santos

Comme pour l’ensemble de sa famille, Pauline Giroux n’était pas préparée à faire face à la maladie d’un proche. Comment d’ailleurs, cela aurait pu être autrement ? Elle l’écrit ainsi dans la préface de son livre, "Vivre pour un autre"…

Francilienne pure souche (elle vit à Chelles, en Seine-et-Marne) mais Aveyronnaise (de Ségur) de cœur, Pauline Giroux a donc vécu, bien malgré elle, pour un autre. En l’occurrence pour son grand-père maternel, Fernand Montredon, qui, après une cinquantaine d’années passées en région parisienne pour son travail, était revenu au pays, à Ségur, avec son épouse Jeannette, pour couler des jours heureux.

"En 2013, alors qu’il allait souffler ses 74 bougies, nous avons remarqué des changements de comportements à son sujet. Regard perdu, discours un peu confus, ma grand-mère a fait appel à un médecin. Celui-ci lui a posé toutes sortes de questions mais, malgré quelques incohérences, n’a pas été plus loin." Seulement, ce mauvais diagnostic médical a été lourd de sens. Fernand Montredon a ainsi passé six jours avec un hématome frontal qui n’est rien d’autre que le début d’un AVC. Pris en urgence à Toulouse, c’était une chance qu’il soit encore en vie. La longue convalescence pouvait débuter.

À partir de ce moment-là, Pauline Giroux et sa famille sont devenus des aidants familiaux, sans savoir du tout où ils allaient. "Dans mon cas, c’était naturel. Mon grand-père a toujours été exemplaire, rendant service à ses proches mais également à ses amis et voisins. C’était inconcevable et même impensable de laisser mon grand-père, et qui plus est, ma grand-mère comme ça. D’un autre côté, nous ne voulions pas le placer car nous tenions absolument à ce qu’il retrouve son petit "chez lui" avec une vie presque normale. Du coup, la décision a été collective et, comme notre famille est unie, chacun a apporté sa pierre à l’édifice. Malgré les sacrifices et la fatigue."

Après avoir multiplié les allers-retours entre la capitale et l’Aveyron, la famille a pris l’initiative d’installer les grands-parents en région parisienne. "Nous nous sommes serré les coudes avec un emploi du temps militaire. Tout cela également en pensant, mon frère et moi, à nos études." À 20 ans, étudiante, Pauline Giroux aspirait forcément à autre chose. Surtout que, durant ces sept années, elle et sa famille n’ont jamais trouvé un quelconque réconfort ou une aide ponctuelle venus de l’extérieur.

"Peut-être que nous avions le nez dans le guidon et que nous n’avons pas pris le temps de lever la tête, mais j’ai eu beau chercher des organismes, des associations, j’ai fait chou blanc. Même les réponses des médecins n’étaient pas satisfaisantes puisqu’ils n’ont jamais vécu avec une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Nous étions isolés." Au premier confinement, en mars 2020, l’état de Fernand Montredon s’est dégradé.

"Nous savions qu’il était en fin de vie et nous étions tous épuisés après sept années passées à ses côtés à l’aider. J’ai ressenti ce besoin d’écrire quelque chose car je trouve que les aidants ne sont pas considérés à leur juste valeur. L’idée était d’apporter un témoignage concret à travers quelques conseils ou des astuces. Je l’ai vécu, nous l’avons vécu. Et si cela peut aider quelques aidants…"

Pauline Giroux a terminé ce livre en même temps que son grand-père fermait définitivement ses yeux. Et aujourd’hui, enfin serait-elle tentée de dire, des organismes, des associations la contactent pour qu’elle puisse rencontrer et discuter avec des familles confrontées à cette dure réalité, celle de "Vivre pour un autre".

Le livre "Vivre pour un autre", aux éditions Lys bleu, est disponible en commande dans les librairies ou directement sur le site de la maison d’éditions.

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