Saint-Parthem : à pieds joints vers la fin d’un monde

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  • Sur sa parcelle, en cours d’aménagement, Lucie Chièze et son association accueillentdes stagiaires depuis l’été dernier. De nouvelles sessions sont ouvertes pour la belle saisonet déjà prises d’assaut. Pour permettre à un maximum de personnes d’être formées, le prix affiché à 460 € pour trois semaines est ajusté aux moyens de chaque stagiaire.
    Sur sa parcelle, en cours d’aménagement, Lucie Chièze et son association accueillentdes stagiaires depuis l’été dernier. De nouvelles sessions sont ouvertes pour la belle saisonet déjà prises d’assaut. Pour permettre à un maximum de personnes d’être formées, le prix affiché à 460 € pour trois semaines est ajusté aux moyens de chaque stagiaire. Centre Presse - Paulo Dos Santos
  • À pieds joints vers la fin d’un monde
    À pieds joints vers la fin d’un monde Centre Presse - Paulo Dos Santos
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    À pieds joints vers la fin d’un monde Centre Presse - Paulo Dos Santos
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Lola Cros

Sur les hauteurs de Saint-Parthem, Lucie Chièze et cinq associés ont acheté collectivement une parcelle de 11 hectares pour construire leur autonomie, alimentaire et énergétique. Un projet guidé par une "urgence viscérale" face aux grandes crises que traverse l’humanité et "l’imminence d’un effondrement civilisationnel".

Revigorée, après sa première nuit de l’année passée dans la forêt. Depuis octobre et une tempête qui avait mis à mal l’installation sur son bout de terre, Lucie Chièze a retrouvé sa petite cabane en ce mois d’avril. Là-haut, perché sur les hauteurs de Saint-Parthem, comme accroché au-dessus de la vallée du Lot, son terrain couvre 11 hectares, de forêt et de prairie. Lucie Chièze l’a acheté avec cinq associés en 2019. Originaire de Lyon, la quadragénaire s’est formée de longues années à la permaculture et au maraîchage, après une lourde dépression en 2003.

Après une première vie comme secrétaire médicale et une carrière qui aurait pu être toute tracée, Lucie Chièze a senti " l’urgence viscérale " de retourner à la terre, de cultiver, de retrouver une autonomie vitale. Avec très peu de moyens financiers, elle choisit alors de s’entourer : son conjoint, deux amies lyonnaises et un couple de retraités parisiens lui emboîtent le pas. Ensemble, ils mettent leurs économies sur la table : 15 000 €. " Déjà, j’avais croisé des dizaines de cartes : à la fois météorologiques, géologiques, qui recensent les centrales nucléaires, qui dessinent la diagonale du vide…, raconte Lucie Chièze. Toutes ces cartes m’ont permis d’identifier une petite zone, au carrefour entre le Lot, le Cantal et l’Aveyron. Notamment parce que ce coin a un climat océanique intéressant. " Consciente que son budget ne lui permettrait d’acquérir " que des terres agricoles dont personne ne veut, difficiles d’accès ou non-mécanisables ", la petite équipe a ainsi posé ses bagages à Saint-Parthem sur une parcelle particulièrement accidentée.

"Collapsologie"

Et si Lucie Chièze dort dès qu’elle le peut sur place, ce n’est pas le cas de ses associés. "Nous avons, à quatre, une colocation dans le village qui nous sert de repli tant que tout va bien, explique l’intéressée. Les deux autres associées vivent à Lyon et ne viendront que si la situation venait à se tendre." Parce que ce qui unit ces six néo-Aveyronnais, c’est bien la crainte d’un "effondrement imminent". Lucie Chièze, largement suivie sur les réseaux sociaux et porte-voix de la "collapsologie", affirme déjà que "l’effondrement est là".

La "collapsologie" (de l’anglais "collapse", "effondrement") repose sur une approche pluridisciplinaire, popularisée en France par Pablo Servigne, qui étudie la convergence des crises, qu’elles soient climatique, économique, sociale, sanitaire, qui va mener notre civilisation industrielle à craquer de manière irréversible. Les ressources vitales ne seraient alors plus accessibles à la majorité des citoyens mais contenues entre les mains d’une poignée : d’où l’urgence ressentie de préparer son autonomie.

"C’est toute la différence avec les survivalistes que l’on voit préparer des stocks alimentaires et d’armes dans des bunkers, explique Lucie Chièze. Mon approche, c’est plutôt de me préparer, d’apprendre à planter selon le sol où je suis, à repérer des plantes comestibles, à fabriquer un abri, à m’entourer d’autres personnes qui ont des compétences complémentaires. Ce n’est pas l’idée de vivre en marge de la société, ni de la rejeter en bloc, mais je suis convaincue que c’est une situation à laquelle il faut se préparer dès maintenant, qui doit faire tache d’huile car nous ne serons prêts que si nous sommes nombreux."

Investir dans du matériel

En ce sens, Lucie Chièze et son association, Salta12, accueillent des stagiaires chaque année pour former à la permaculture humaine et à l’autonomie. Des personnes qui viennent de toute l’Europe pour "passer à l’action" et qui sont accompagnées "en fonction de leurs besoins, de leurs moyens, de leur situation". Et Lucie Chièze de reprendre : "C’est important d’avoir en tête que tout le monde, même en ville dans un petit appartement, peut commencer à s’autonomiser."

Voilà vingt ans que l’ex-Lyonnaise a pris ce virage de vie, politique et militant. Depuis, chaque sou dépensé sur son petit budget lui permet d’investir dans du matériel qui la fait avancer sur le chemin de l’autonomie. Et si elle vit aujourd’hui de ses allocations chômage, c’est pour "prendre le temps de créer [son] entreprise, de formatrice et de pépiniériste". En quelques mois, le projet de culture de la prairie a été dessiné : un système de baissières, permettant de stocker l’eau en pente grâce à des petites buttes plantées, a été amorcé. Dans cinq ans, la petite équipe espère accueillir des animaux sur la parcelle, "quand leur autonomie alimentaire sera assurée à eux aussi".

Parfois regardé de travers, le projet de ces six "collapsologues" surprend à coup sûr dans le petit village aveyronnais. "Bien accueillis" par le maire, Lucie et ses acolytes ne lésinent pas leurs efforts pour "rencontrer des voisins", déterminés à "expliquer sans jamais penser que l’on détient la vérité et que l’on vient apprendre la vie à qui que ce soit". Pour convaincre, ils savent qu’il faudra des années et surtout, des résultats probants sur leur parcelle. Le "bon sens paysan" vaut mieux que de longs discours.

Infos : www.collapsolutions.com/

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Les commentaires (1)
tatou Il y a 2 années Le 16/05/2021 à 13:11

A priori, beaucoup de plastique......au beau milieu de la forêt!!!