À Aubin, Jean-Luc Mélenchon est venu "recharger ses batteries"

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  • Jean-Luc Mélenchon, tout sourire pour son premier meeting en plein air de la campagne présidentielle.
    Jean-Luc Mélenchon, tout sourire pour son premier meeting en plein air de la campagne présidentielle. Photos José Antonio Torres - José A. Torres
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    À Aubin, Jean-Luc Mélenchon est venu "recharger ses batteries" Photos José Antonio Torres
Publié le , mis à jour
Mathieu Roualdés

Le leader de la France Insoumise a lancé sa présidentielle, devant un public tout acquis à sa cause et sous une pluie battante.

De Strasbourg, de Bordeaux, de l’Aude, du Tarn, du Cantal… Les partisans de Jean-Luc Mélenchon étaient venus de partout, ou presque, hier après-midi à Aubin pour assister au tout premier meeting en plein air de leur leader, candidat pour une troisième fois à l’élysée. S’il attendait 500 personnes, elles étaient finalement plus de 800 à l’applaudir sur un plateau des Forges balayé par la pluie et le vent.

" Ça réchauffe le cœur ", a lancé celui qui, en 2017, avait largement fini en tête de la gauche lors de la présidentielle. Cette fois, le chemin s’annonce encore long, plus sinueux surtout avec des sondages ne le créditant que de 8 % d’intentions de vote actuellement. Mais à Aubin, dans son traditionnel costume noir et sous un parapluie de circonstance, Jean-Luc Mélenchon est avant tout venu "recharger les batteries", face à un public tout acquis à sa cause, à l’instar de la commune du bassin decazevillois où il avait recueilli plus de 35 % des suffrages en 2017.

"L’islamo-gauchisme n’existe pas plus que les zombies"

Durant plus d’une heure, face à cette foule de parapluies, Jean-Luc Mélenchon a cajolé cet électorat ouvrier, en appuyant sur l’histoire de ce territoire socialement et industriellement malmenés. Il a aussi fait du Mélenchon. en usant du sens de la formule, tantôt contre le fameux "grand capital", tantôt contre ses adversaires : un Emmanuel Macron qui " se lepénise " et une Marine Le Pen qui " se macronise ". Dans ce duel déjà annoncé par de nombreux observateurs et les sondeurs, lui se veut " le candidat de l’union ", de la " désintoxication ". Et non pas celui de " l’islamo-gauchisme comme on veut vous faire croire ", a-t-il insisté. " L’islamo-gauchisme n’existe pas plus que les zombies ou que le monstre du Loch Ness, ne vous laissez pas enfermer là-dedans : nous sommes les premiers mangeurs de pizzas de l’Europe, nous plébiscitons le couscous comme plat préféré, alors chassons ce venin de la division, celui du racisme, de la haine des musulmans qu’on veut répandre partout ! Vous les Aveyronnais, vous êtes ce peuple mélangé avec les Italiens, les Espagnols, les Polonais… Que ça plaise ou non, en 2050, la France sera à 50 % métissée et l’amour se fiche bien de nos papiers ", s’est-il emporté, avant de lancer quelques idées de son programme à venir, celui de l’emploi tout d’abord. On retiendra la retraite à 60 ans, la réduction du temps de travail avec une expérimentation d’un passage aux 32 heures, la création d’une "garantie d’emploi" également où toute personne sans travail pourra soit être embauchée au Smic dans un secteur d’urgence soit suivre une formation qualifiante prise en charge à 100 %. " Tout le monde au boulot !", a-t-il souri. "Vous devez néanmoins vous demander comment je vais financer tout cela, comment je vais trouver les 64 milliards nécessaires à mon programme ? Eh bien, devinez où ! Le CAC 40 a cette année encore fait plus de 30 milliards de bénéfices et pendant ce temps-là, nos jeunes font la queue devant la soupe populaire pour manger… Cela fait 30 ans qu’on détruit notre pays, qu’on se dit que rien ne change en bien. Il est temps désormais de changer ".

Pas encore de bain de foule

De Bosch, de Sam, Jean-Luc Mélenchon n’en a finalement pas dit grand-chose, juste qu’il s’agissait "d’un grand gâchis libéral " et "qu’il ne fallait pas arrêter de se battre pour nos fleurons qui disparaissent les uns après les autres".

"Qui a le sentiment que notre pays s’est amélioré ces 20 dernières années ? Il est temps de changer désormais", a-t-il encore lancé, avant de rassurer ses partisans sur la campagne à venir et les sondages actuels… "J’en ai d’autres à vous proposer : 9 Français sur 10 sont d’accord pour augmenter le Smic, 8 sur 10 pour rétablir l’impôt sur la fortune, 7 sur 10 pour la retraite à 60 ans et 6 sur 10 pour en sortir avec la Ve République ". C’est le poing levé et en fredonnant La Marseillaise qu’il a ensuite quitté la scène, sans se laisser aller à un bain de foule, restrictions sanitaires obligent. Direction Paris et un Élysée qu’il lorgne depuis de nombreuses années.

 

Brèves de meeting

Eloge de l’Aveyron.  Avant de monter sur scène, Jean-Luc Mélenchon n’a pas oublié de faire l’éloge du département qui l’accueillait : "L’Aveyron est un pays où la terre est moins saccagée qu’ailleurs, on n’a pas tout remembré à grands coups de marteau. Surtout, les gens m’ont toujours bien accueilli ici. Ils sont simples et ont toujours un mot bienveillant, alors que dans d’autres régions bien plus rêches, je vous assure que je ne m’attarde pas trop dans les rues…".

Le maire d’Aubin, Laurent Alexandre, "ravi". Insoumis et fraîchement élu à la municipalité d’Aubin, Laurent Alexandre s’est dit "ravi" de voir autant de monde au meeting pour le candidat qu’il soutient. "Avec la météo, c’est une belle réussite. Je suis très fier d’avoir reçu Jean-Luc Mélenchon et je pense qu’il n’y a pas d’autres choix pour 2022. Nous n’allons pas repartir avec l’équipe en place car on voit le résultat et nous n’allons pas aller vers l’extrême droite qui nous ramènera dans des heures sombres de l’histoire."

Dépôt de gerbe. En donnant son meeting sur le plateau des Forges, Jean-Luc Mélenchon avait joué la carte du symbole en rappelant l’histoire de la fusillade d’Aubin, où 14 personnes, dont un enfant de 7 ans, avaient perdu la vie sous les balles de l’armée lors d’une manifestation de mineurs. L’homme politique a d’ailleurs déposé une gerbe devant le mémorial des fusillés.

Mescladis. Vers la fin de son discours sur scène Jean-Luc Mélenchon a évoqué les langues régionales en se mélangeant quelque peu les pinceaux… "J’espère qu’ici vous parlez et vous apprenez encore le provençal !", a-t-il indiqué, ce qui n’a pas manqué de faire réagir la foule… avec le sourire.

Policiers, ouvriers… Lors de son meeting, Jean-Luc Mélenchon, à qui il est souvent reproché de ne pas défendre les forces de l’ordre, a rappelé à sa façon le drame d’Avignon, où un policier en service a perdu la vie il y a peu de temps : "On s’intéresse depuis peu à ceux qui meurent au travail. C’est très bien mais un ouvrier du bâtiment qui tombe d’un échafaudage, une infirmière qui meurt de fatigue ne méritent-ils pas eux aussi un peu de considération ? Ne sont-ils pas eux aussi courageux ?"

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