Aveyron : le chemin de Saint-Jacques sort de sa coquille

Quatre marcheurs accueillis samedi, une dame hier, Jean Dijols alias Jeannot à Estaing, reçoit à nouveau la visite des marcheurs du chemin de St-Jacques depuis une semaine. "Ce sont essentiellement des Français avec la Covid-19", précise-t-il, bien qu’une Italienne ait franchi le seuil de son gîte sobrement dénommé "Chez Jeannot" vendredi soir. L’histoire a commencé bien avant que les chemins de Compostelle en France soient classés au patrimoine mondial de l’Unesco en 1998. "Ma maman, Lucienne, louait deux chambres quand les hôtels étaient complets au village", rappelle-t-il. Le gîte des Dijols fut pionnier comme Jeannot le fut dans l’aventure qui guidait vers la reconnaissance de l’officialisation du GR65 avec feu Simone Anglade, fondatrice de l’association "Sur les pas du chemin de St-Jacques". "On accueillait les marcheurs avant même le gîte communal", confie Jeannot.

Comme à la maison

Aujourd’hui les doigts de la main ne suffisent pas à dénombrer les hébergements estagnols. L’emblématique chemin, avec ses 20 000 marcheurs au départ du Puy-en-Velay, irrigue du tourisme l’Aubrac et la vallée du Lot.

Jeannot se plaît à narrer l’histoire de son village, du château tenu par le président Giscard d’Estaing, désormais la famille, et de la vigne qui a disparu sur les coteaux en faisant goûter son ratafia comme ses cuvées issues de la cave coopérative. Car Jeannot est aussi à l’origine de la cuvée intitulée… Saint-Jacques. La boucle est bouclée pour cet homme empreint d’humanité et d’humilité. D’ailleurs, sur l’ouvrage paru voici deux ans de l’association du Chemin intitulé "Accueillis, accueillants", Jeannot s’y retrouve en photo avec cette sentence qui résume tout : "Les marcheurs me disent souvent : chez vous, on est comme à la maison !" L’esprit du chemin, en somme.

En cette année Jacquaire, quand la fête de la Saint-Jacques tombe un dimanche (le 25 juillet), et avec la nécessité vitale des êtres à "se changer la tête", résume Jeannot après ces confinements à répétition, les marcheurs avec leurs coquilles sur le dos bien trempés ces jours-ci, n’ont pas fini de traverser le pont d’Estaing classé à l’Unesco comme le fit hier "La Malle Postale" en charge du transport des bagages. Car c’est bien connu, la marche, ça use les souliers, "et le topoguide ne précise pas la montée de la Vierge entre Saint-Côme et Espalion, alors les marcheurs arrivent bien fatigués", conclut Jeannot qui leur donne alors un petit remontant, issu du breuvage d’Estaing évidemment !