Rodez : un coffre trouvé à la brocante adjugé à… 8 000 €

Les brocantes recèlent parfois de trésors. Le 20 octobre 2020, il fallait être à celle de la place du Bourg, où plusieurs antiquaires ont l’habitude de se réunir une fois par mois. Ce jour-là, c’est sur le stand d’un brocanteur ruthénois et sur un coffre en bois sculpté de style renaissance que les yeux des connaisseurs se sont rapidement tournés. Et notamment ceux du directeur du Musée Fenaille, Aurélien Pierre. "Un ami m’a appelé pour me signaler cet objet, sur le coup j’ai pensé que c’était trop gros pour être vrai !", sourit-il aujourd’hui.

Car effectivement, le coffre qu’il découvre sur la place du Bourg n’est pas pour dire ce qu’on trouve tous les quatre matins chez les antiquaires ! Daté des années 1525-1550, il proviendrait de l’ancien château d’Estaing et il est " remarquable " par le caractère des sujets représentés de profil sur les panneaux en façade… On y retrouve par exemple la tête d’une femme portant un couvre-chef inédit constitué d’un oiseau replié sur sa tête, noué par les pattes autour du cou, ou encore une tête de Maure évoquant des motifs héraldiques. Et tout cela dans un relatif bon état et d’origine, car seule la serrure aurait été modifiée au cours des années.

De nombreuses expertises, du Louvre jusqu’en écosse

"Surpris" de trouver une si belle pièce, Aurélien Pierre a alors engagé de nombreuses recherches auprès de connaissances "pour certifier l’origine du coffre et savoir si c’était bel et bien un original". Et pour cela, le directeur du musée Fenaille s’est tout naturellement tourné vers un ancien camarade de classe à… Rodez en la personne de Guillaume Fonkenell, conservateur du musée national de la Renaissance situé dans le château d’Écouen, dans le Val-d’Oise. Ce dernier n’a pas hésité à prendre l’avion et se rendre dans la préfecture aveyronnaise pour voir ce qui, à ses yeux, ne faisait pas de doute : ce coffre est bien un joli trésor et original. Deux autres expertises, l’une réalisée par le Musée du Louvre et une autre par l’université Saint-Andrew en écosse, via des photographies cette fois, ont confirmé l’impression d’Aurélien Pierre. Avant de fixer un prix d’achat à 8 000€, de quoi semble-t-il faire le bonheur de l’antiquaire ruthénois.

Ce mardi soir, les élus de l’agglomération ruthénoise, gestionnaire et propriétaire du musée Fenaille, ont validé une proposition d’acquisition de l’objet à hauteur de ces 8 000 €. Une demande de subvention auprès de l’État et de la Région, à hauteur de 40 % et au titre du fonds régional d’acquisition pour les musées, a également été engagée.

Au plus grand bonheur d’Aurélien Pierre, impatient de voir le bien exposé au niveau – 1 du musée de la place Eugène-Raynaldy, consacré en partie aux évêques François d’Estaing et Georges d’Armagnac, instigateurs de la Renaissance dans l’ancien Rouergue. Mais avant cela, le fameux coffre devra encore vivre quelques aventures avec un passage obligé devant une commission scientifique régionale d’acquisition, programmé en juin 2021. Une sacrée histoire ! Quant à savoir où l’antiquaire a bien pu mettre la main sur cette pièce, le secret restera encore bien gardé… Juste sait-on qu’il fut récupéré dans une maison du Nord-Aveyron.