Decazeville : prison ferme pour le concubin très violent et très jaloux

Abonnés
  • Une nouvelle affaire de violences conjugales jugée ce vendredi à Rodez.
    Une nouvelle affaire de violences conjugales jugée ce vendredi à Rodez. Illustration Centre Presse - José A. Torres
Publié le

Le jeune prévenu qui a fait subir à sa compagne, le 14 mai, une soirée de violences comparaissait ce vendredi après-midi au  tribunal judiciaire de Rodez. Des faits d'une particulière gravité, qui ont entraîné pour son auteur, un peu dépassé par les événements, une peine de détention.  

Elle a reçu des gifles, des crachats au visage, des coups de poing aux épaules et au ventre, des menaces de mort et de viol collectif, des insultes, un couteau sous la gorge, une tentative de strangulation, des humiliations. Cette soirée du 14 mai reste gravée non seulement dans sa mémoire mais surtout dans son corps: elle se décide à déposer plainte, cette fois, après plusieurs mois d'une violence devenue habituelle... et ce soir-là plus que jamais inacceptable. La victime est jeune, 19 ans, elle veut désormais être protégée. Son agresseur est son concubin, il a juste 23 ans. Dans l'appartement de ce couple qui ne parvenait pas vraiment à se séparer, à Decazeville, les faits résonnent dans la salle d'audience du tribunal judiciaire de Rodez comme un nouveau témoignage de violences conjugales.

Un tribunal qui juge donc ce vendredi après-midi en comparution immédiate un prévenu un peu dépassé par des faits qu'il ne reconnaît que du bout des lèvres. Et encore pas tous. Il admet être extrêmement jaloux, devient violent quand il boit, boit quand il est énervé d'imaginer que sa compagne pourrait avoir une autre relation qu'avec lui. Une amie de sa victime en fera les frais, sous forme de bordées d'injures et de menaces, ce même soir. 

"Je ne sais pas comment expliquer"

L'expertise psychiatrique balaie une pathologie mentale, s'attarde en revanche sur un irrépressible "besoin de contrôler l'objet d'amour", une volonté de posséder que le jeune homme, "narcissique et psychorigide", considère normale. Il reste confus dans son explication des faits, parle de "jeux" avec sa victime. "Je ne sais pas comment expliquer...". La présidente du tribunal, Samii Mandana, veut pourtant comprendre pourquoi ce garçon, déjà condamné pour un vol de moto, le transport d'un couteau et déjà des violences, sans ressources et sans emploi après quelques petits boulots sans suite, en est arrivé à de telles extrémités envers celle qui l'héberge. Ils se sont séparés et se sont retrouvés, mécanisme classique quand l'amour se conjugue à la peur. 

"Rouleau compresseur"

"Ils sont jeunes, c'est d'autant plus inquiétant", avance Me Myriam Plainecassagnes qui défend la victime, retrace son parcours "fragilisé par une enfance de violence", désormais "face à un rouleau compresseur, à la merci du délire narcissique" de son concubin. Une jeunesse à protéger reprend Esther Paillette, substitut du procureur, qui égrène les faits dans leur détail pour en souligner la gravité, la récurrence, et "le risque de renouvellement en l'absence de remise en cause personnelle du prévenu". Et de requérir à son encontre trois ans de prison dont un an assorti du sursis probatoire , l'obligation de soins, l'interdiction d'entrer en contact avec sa victime et le maintien en détention (il était incarcéré provisoirement depuis les faits).

La défense  est assurée par Me Elisabeth Rudelle-Vimini qui s'interroge sur les raisons pour lesquelles la victime est revenue, un temps, vivre avec ce garçon. Lequel a besoin d'être soigné, et doit bénéficier d'une peine aménageable, car il a une promesse d'embauche dans un snack. Pour l'avocate, le maintien en détention n'est pas une réponse à apporter à ce problème.

Le tribunal suivra les réquisitions mais allégera le quantum de la peine : 15 mois de prison ferme (avec la révocation d'un précédent sursis) et un sursis probatoire de deux ans, assorti d'un suivi sociojudiciaire et d'une obligation de travailler. Il lui est interdit d'entrer en contact avec sa victime, qu'il devra indemniser.  

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement
à cet article à partir de
1€/mois
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?