Rodez : Dolly Montgour a donné la pêche aux jeunes

En matière de pêche, faut pas la lui faire à l’envers à Dolly. Ils sont nombreux les gars, cannes en main, qui ont baissé les yeux à la fin d’un concours de pêche où elle les avait tous laminés. Alors, quand elle a entendu qu’il se disait que l’AAPPMA de Rodez n’avait pas fait grand-chose pour les gamins, pour l’apprentissage de la pêche, elle a été piquée au vif. " En 89, j’ai arrêté les concours pour me consacrer aux jeunes. Bénévolement", lance-t-elle. A 85 ans, la mémoire toujours aussi vive et la passion pour la pêche intacte, elle se souvient. "À Layoule, je voyais des gamins qui essayaient d’attraper des poissons, ils n’y arrivaient pas. J’y suis allée, et cela a commencé comme cela", explique-t-elle. Parce que Dolly, en matière de pêche, il fut un temps ou pas un ne lui arrivait à la cheville. Les concours, c’était quelque chose. Avec deux comparses, dans les années 70, elle est même allée remporter un concours de pêche en Norvège. "Premier avec 996 poissons pêchés !" rappelle-t-elle en brandissant fièrement la photo souvenir. Son secret ? " Un jour elle a rencontré le champion du monde de pêche, Jean Desqué", dit brièvement André Wilfried, le président de l’AAPPMA de Rodez. Tous deux ont échangé. "Faire la farine, monter les cannes, le bon bouchon, les bons plombs, tout ça tout ça", énumère-t-elle. "Mais ça, il faut l’apprendre aussi aux gamins. Et ça prend du temps !"

Si elle n’a pas dévoilé tous ces secrets aux enfants, Dolly leur a, à coup sûr, transmis sa passion. " Il y a un des enseignants de pêche à la fédération, c’est moi qui lui ai appris", glisse-t-elle avec un clin d’œil. Qui dit "Dolly, elle y est pour quelque chose".

Une femme de caractère

Des gamins, elle en a croisé des centaines. "De toutes les origines, des personnes handicapées aussi. Des sourds, des gens atteints de trisomie, des gens en fauteuil…" Au fil du temps, c’est devenu une vraie passion pour cette dame qui a consacré sa vie à la pêche, avec la complicité de son époux Paul, toujours à ses côtés. Des trophées, elle en a également gagné avec les jeunes. Et des beaux ! Dans son salon, les innombrables trophées, sont posés sur des meubles qui abritent d’innombrables albums photos et des chemises bourrées de coupures de presse. Elle pourrait passer des heures à égrainer de multiples anecdotes. De ces concours où certains voulaient la refuser de peur qu’elle ne rafle la mise (ce qui arrivait souvent), à ces gardes-pêche qui vivaient la première rencontre avec Dolly comme un bizutage. Car Dolly, elle a du caractère. Elle n’aurait d’ailleurs pas fait tout ce parcours si elle n’en avait pas. Et ne continuerait pas à pêcher comme elle le fait. "Et je ne garde pas les poissons. Je les remets à l’eau. Les carpes, je leur fais une bise, elles me font une bise sur la joue et je les relâche." Il lui est même arrivé de rejeter un poisson pris par un autre qui voulait en faire son plat du dimanche. "Je disais que je voulais son poisson pour être prise en photo avec et accidentellement je le faisais sauter dans l’eau" sourit-elle.

Ces jours-ci, donc, Dolly est un peu remontée.

Elle n’aime pas la tournure prise par ses élections au sein de sa société de pêche. Elle n’aime pas que l’on touche à ses amis qui l’ont accompagnée dans toutes ses pérégrinations de pêche, animés par la seule envie de se faire plaisir et de faire plaisir, en respectant l’environnement dans lequel ils se trouvent. Et comme elle a toujours la pêche, c’est droit dans les yeux qu’elle dit ce qui la gêne.