Calmont. Ceignac, la colline sacrée

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Centre Presse

La fondation du patrimoine vous invite aujourd’hui à la découverte de Ceignac. "Et si vous regardiez l’Aveyron autrement !"

L’imposant clocher de Ceignac domine majestueusement cette partie du Ségala située au sud-ouest de Rodez. La renommée de Ceignac tient au sanctuaire qui attira, en ce lieu, des pèlerins venus honorer la statue (miraculeuse) de la Vierge Marie exposée dans un ciborium au-dessus de l’autel de la basilique. De nombreux textes mêlant réalités et légendes ont construit la réputation du sanctuaire, que la vieille tradition désignait sous l’appellation de Notre-Dame-des-Monts. Parmi ces récits légendaires, nous retiendrons la fondation du sanctuaire par saint Martial ou la guérison miraculeuse du prince Palatin, dignitaire de la cour de Hongrie.

En visitant la basilique de Ceignac, on peut suivre les transformations de l’église répondant aux besoins d’église paroissiale et de pèlerinage. C’est, vraisemblablement au début du IIe millénaire, qu’une église dédiée à sainte Marie-Madeleine fut implantée en ce lieu, prolongée par une petite chapelle mariale. De ce premier édifice de style roman il ne reste que les deux premières travées du chœur.

Au XVe siècle, un chevet gothique fut réalisé, couronné par un imposant clocher inspiré de celui de Conques. Au XVIIe siècle, quelques agrandissements permettront de doter le sanctuaire d’un vestibule d’entrée et de plusieurs chapelles. Au XIXe siècle, on assista à un renouveau du culte marial activement relayé dans notre département par le cardinal Bourret. C’est ce prélat qui obtint l’honneur de procéder au couronnement de la Vierge de Ceignac en 1876. Ce renouveau spirituel dirigea vers Ceignac des milliers de fidèles.

Une œuvre majeure

Pour les accueillir, on décida d’agrandir l’église, lui permettant d’abriter entre 750 et 1 000 personnes, avec les tribunes. L’architecte ruthénois André Boyer s’acquitta avec bonheur de cette tâche redoutable. À la fin des travaux, en 1936, l’édifice fut élevé au titre de basilique mineure par le pape Pie XI.

La visite de la basilique permet d’admirer de nombreuses œuvres d’art et notamment la Vierge de Ceignac, Vierge à l’Enfant en bois polychrome du XIIIe siècle, cette richesse est redevable pour une grande part aux libéralités de la famille des seigneurs d’Arpajon qui domina cette région du XIIe au XVIIIe siècles.

Le charmant village de Ceignac propose également d’autres attraits : une ancienne halle et un oratoire abritant une splendide croix de chemin du XVIe siècle. Et, en bordure du parvis de la partie moderne de l’église, une statue du christ réalisée par le statuaire Eugène Breton (1947), domine la prairie, le sanctuaire de plein air.

Parmi les richesses classées au titre des Monuments historiques ornant l’église de Ceignac, un tableau rappelle un dramatique événement du XVIIe siècle. Il s’agit du tableau, ex-voto "le vœu de la ville de Rodez". On le découvre en pénétrant dans la basilique par la partie ancienne, dans la chapelle Sainte-Catherine, première chapelle de droite. Ce tableau, dit du vœu de Rodez, comme le confirment les armes de la cité ruthénoise représentée dans la partie supérieure du cadre, fut offert en 1653 par les édiles des deux consulats de Rodez, celui de la Cité et celui du Bourg. En ce début de XVIIe siècle, le Rouergue était ravagé par une épidémie calamiteuse de peste. La région de Villefranche fut gravement touchée en 1628, puis vint le tour de Rodez en 1630 ; la mortalité fut terrible, touchant des milliers d’habitants.

Un tableau de Laurent Bassot

Totalement démunis devant ce fléau redoutable, les consuls de Rodez invoquèrent la protection divine et de ses intercesseurs. L’épidémie baissa d’intensité et s’éloigna. Mais, en 1652, elle reparut, plongeant la capitale du Rouergue dans l’épouvante. Au même mal, les mêmes remèdes, on décida de solliciter la grâce de la Vierge Marie et de saint Amans, en les implorant de protéger les malheureux ruthénois et leur éviter le sort funeste des années précédentes. En 1628, les consuls de Rodez avaient préféré le sanctuaire marial de Notre-Dame-de-Garaison, dans les Hautes-Pyrénées. Un ex-voto exposé dans l’église de Garaison garde le souvenir du passage des édiles de Rodez.

En 1652, on décida de se tourner vers Ceignac. Pour éloigner le fléau, tous les corps constitués de la ville décidèrent de faire un vœu en l’honneur de la Vierge Marie. Des messes, des jeûnes furent institués, et surtout, on décida d’une procession générale vers Ceignac où toute la population rassemblée, derrière la châsse de saint Amans, se dirigerait solennellement vers le sanctuaire marial. On prit également la décision, pour symboliser l’événement, de faire réaliser un tableau qui serait exposé dans l’église de Ceignac. Cette œuvre magnifique impressionne par sa remarquable composition en trois registres horizontaux traduisant une technique irréprochable. On y reconnaît saint Amans, premier évêque de Rodez, implorant la Vierge et l’Enfant Jésus d’intercéder auprès de Dieu le père afin d’apaiser sa colère. Celui-ci est représenté dans le registre supérieur, brandissant une lance menaçante symbolisant le fléau redouté.

Au registre inférieur, on découvre une vue du côté sud de la ville de Rodez, paysage que l’on pouvait admirer depuis la route de Ceignac. Cette représentation picturale de Rodez au milieu du XVIIe siècle est précieuse, elle donne à voir la ligne des remparts surmontée de la cathédrale et du clocher de Saint-Amans. Une exploration minutieuse permet d’y reconnaître le couvent des Cordeliers, aujourd’hui disparu, s’appuyant contre la ligne des remparts protégeant Rodez.

L’auteur de ce tableau est resté longtemps inconnu, mais les recherches récentes permettent de l’attribuer à Laurent Bassot, peintre originaire d’Aurillac qui séjourna à de nombreuses reprises en Rouergue. Les consuls lui passèrent commande de cette toile pour une somme de 200 livres. Selon les historiens, l’épidémie marqua une pause, ce qui conforta le rayonnement du sanctuaire de Ceignac.

Cette œuvre est protégée au titre des monuments historiques depuis 1908. Elle a bénéficié de plusieurs campagnes de restauration dont la dernière en 2020 a permis de redonner au cadre monumental tout son éclat.

L’association le Plancatge, qui œuvre pour protéger et valoriser le patrimoine de la commune de Calmont, a mis à disposition un dépliant à l’entrée de la basilique. Elle a également réalisé, avec l’aide de la mairie, des panneaux informatifs implantés dans le village.

Le chiffre

  • 500

Le Département a décerné, en décembre dernier, un prix de 500 € à la commune de Calmont-de-Plancatge, pour la restauration du cadre monumental

 

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