Hôpital médian : maires, médecins et syndicats s’opposent sur le choix du Larzac

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  • Pour ces maires et médecins, Beaumescure est la meilleure option pour accueillir l’hôpital médian.
    Pour ces maires et médecins, Beaumescure est la meilleure option pour accueillir l’hôpital médian. Photos CG
  • Pour Jérôme Lunal et Corine Mora, de la CGT, le site du Puits-de-Calès,à Millau, peut largement évoluer, grâce à une réserve foncière importante.
    Pour Jérôme Lunal et Corine Mora, de la CGT, le site du Puits-de-Calès,à Millau, peut largement évoluer, grâce à une réserve foncière importante. Photos CG
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Midi Libre

Les praticiens en faveur d’un établissement médian en bordure d’A75 musclent leur communication. Les représentants du personnel millavois, eux, ferment la porte à l’hypothèse Beaumescure.

À La Bastide-Pradines, vendredi 21 mai, dans la salle communale, qui accueillait jadis les écoliers du village, les Drs Alain Vernier, anesthésiste-réanimateur à la retraite, Bernard Arnould, médecin généraliste à Belmont-sur-Rance, et Daniel Michelutti, chirurgien orthopédiste à la retraite, ont réuni une petite assemblée. Les trois praticiens militent depuis de longs mois pour l’implantation d’un hôpital médian, entre Millau et Saint-Affrique, près du lieu-dit Beaumescure, en bordure de l’A75 et de sa sortie n° 46.

Avec cette nouvelle action, bien que le projet d’un nouvel établissement de soins en Sud-Aveyron avance à tout petits pas, leur objectif était de présenter leurs soutiens issus du monde politique, du corps médical et, souvent même, des deux milieux. En effet, parmi les participants, Bernard Sirgue, maire de Roquefort-sur-Soulzon, Edmond Gros, maire de Sévérac-d’Aveyron, et Michel Vimini, maire de Villefranche-de-Panat, ont la particularité d’être médecins généralistes à la retraite.

Elsa Escriba, qui exerce à Saint-Affrique, a également apporté son soutien à ce projet : "Il y a une urgence sanitaire en Sud-Aveyron. Nos hôpitaux déclinent depuis de nombreuses années. Il y a moins de médecins. Ceux qui partent à la retraite ne sont souvent pas remplacés. Et en libéral, nous sommes dans la même situation. Seule la collaboration avec le CHU (centre hospitalier universitaire) de Montpellier, qu’il faut garder à tout prix, a sauvé un peu notre territoire, avec la venue de chefs de clinique sur des postes partagés."

Un plateau technique de qualité est aussi plébiscité par les généralistes. Ils espèrent des équipements de pointe, notamment en imagerie médicale, afin de "valider [leurs] diagnostiques". Ils mettent également l’accent sur la nécessité d’un travail collectif, avec de nombreux spécialistes.

Soutien politique

Edmond Gros a apporté son soutien confraternel et, surtout, politique à ce projet d’hôpital médian sur le Larzac : "Le conseil municipal de Sévérac a choisi l’option Beaumescure plutôt que celle de Saint-Georges-de-Luzençon qui nous prolongerait de quinze minutes. Si cette dernière était retenue, tout le Sévéragais, jusqu’au Massegros en Lozère, irait à Rodez. Cela poserait également des questions de sécurité."

Pour appuyer les arguments des pro-Beaumescure, Michel Vimini, qui officie encore comme angiologue à l’hôpital Jacques-Puel de Rodez, prend l’exemple de l’établissement nord-aveyronnais : "Là-bas, il y a aussi une fuite des médecins, car ils sont seuls dans leur spécialité. Nous, pour attirer des spécialistes compétents, qui sont essentiellement de Montpellier, il faut un accès facilité pour leur permettre de venir et de repartir se former au CHU."

Bernard Sirgue, également vice-président de la communauté de communes du Saint-Affricain, Roquefort, sept vallons, a rappelé que son intercommunalité a voté le principe d’un hôpital médian, lundi dernier, bien que la motion ne précisait pas l’emplacement à La Bastide-Pradines. L’édile de la cité fromagère y est même allé de sa petite anecdote concernant les temps de trajet : "Ma belle-fille habite à Paris, dans le Ve arrondissement. Elle a mis une heure en voiture pour aller de chez elle à la maternité. Quand on parle, ici, de quinze ou vingt minutes, on n’est pas dans le désert médical."

Refus de la CGT et de Sud

Tout sauf un hasard, ce même jour, les syndicats millavois ont souhaité réagir à l’hypothèse de l’hôpital médian sur le Larzac. "Nous ne sommes absolument pas contre un hôpital et un plateau technique performants, ironise d’entrée Jérôme Lunal, de la CGT. En revanche, avec ce projet, on éloigne encore plus du lieu de soins la population, qui est essentiellement centrée à Millau et à Saint-Affrique." Pierre-Jean Girard, élu Sud santé sociaux, lance une attaque frontale : "C’est l’idée de quelques médecins retraités. Mais, c’est fini les nababs hospitaliers qui parlent pour tout le monde. On fonctionne en équipe pluridisciplinaire désormais. Pour moi, la légitimité, elle n’est pas forcément là. Il faut aussi demander leur avis aux professionnels, dans leur ensemble, et aux usagers."

Les représentants syndicaux souhaitent l’utilisation de ces quelque "55 millions d’euros pour améliorer les deux hôpitaux déjà existants". Tout en affirmant qu’il faudrait plutôt "100 millions d’euros pour en construire un nouveau". Ils dénoncent une réalisation à l’impact écologique négatif, qui "défigurerait le Larzac". Ils mettent également en garde sur la faisabilité du chantier : "On connaît l’état de nos causses d’un point de vue géologique. On en a l’exemple avec le village de marques à La Cavalerie (où le chantier a accumulé les retards, NDLR)." Ils réfutent également l’argument selon lequel "les médecins viendraient opérer à Beaumescure, avant de repartir le soir, parce qu’ils gagneraient dix minutes de route. S’ils viennent à Millau, c’est pour le cadre de vie".

Corine Mora, déléguée CGT, carte en main, affirme également que la réserve foncière est suffisante autour du site du Puits-de-Calès, à Millau, pour le faire évoluer. Les conclusions d’une étude commandée par Emmanuelle Gazel, la maire, devraient d’ailleurs être rendues prochainement. Elles permettront de dire si, oui ou non, l’hôpital millavois peut connaître des aménagements. "Il faut arrêter avec les discours alarmistes, conclut Jérôme Lunal. ↕À Millau, tous les jours, des gens sont opérés, des gens guérissent. C’est un hôpital qui travaille, qui fonctionne."

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