Aveyron : le même jour, deux scrutins qui brouillent l’écoute

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    Attention à ne pas tout mélanger dans les enveloppes… Archives CP
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Christophe Cathala

Départementales et régionales font cause commune les 20 et 27 juin au risque de perdre les citoyens dans un brouillard électoral aussi bien sur la forme que sur le fond.

Scrutin majoritaire binominal à deux tours pour les départementales, scrutin proportionnel de liste à deux tours avec prime majoritaire pour les régionales, le tout dans un même isoloir dimanche 20 juin et, si besoin, une semaine plus tard également. Passe encore la technique électorale, il s’agit de mettre le même jour, deux bulletins dans les urnes, un pour chaque élection.

Sur l’un, deux noms, ceux du binôme départemental, sur l’autre une liste à dominante politique, comportant dix noms. Car l’Aveyron sera représenté par 8 élus (les 2 autres restent "subsidiaires" en fonction des règles de participation électorale) sur les 158 qui composent le conseil régional d’Occitanie, au prorata du nombre d’habitants par département. On est soulagés d’apprendre les enveloppes accueillant chaque vote n’auront pas la même couleur…

Se concentrer sur chaque vote

En décembre 2015, les régionales la jouaient solo dans les isoloirs, les départementales les ayant devancées au mois de mars. Il était alors plus simple de se concentrer sur l’intérêt du vote suscité par chacun des scrutins. En juin prochain, en revanche, la lisibilité comme l’écoute des projets portés pour chacun des deux territoires, risquent d’être un peu brouillées.

On vous rétorquera que le Département et la Région ont des compétences différentes mais nécessairement complémentaires pour conduire les politiques locales, même si ces dernières, vu de Rodez ou de Toulouse-Montpellier, ne vont pas forcément dans le même sens. C’est le cas aujourd’hui avec un Département de centre droit et une Région affichée à gauche.

Comme à chaque élection locale, on se référera à la personnalité, la notoriété, le capital de sympathie accordé aux candidats, leurs sensibilités politiques à l’évidence, seules à même de faire progresser un projet global tant pour le département que pour la région. Car tout est affaire de majorité dans les hémicycles, on l’a bien compris.

Deux majorités à élire

On a compris aussi que ces majorités sont mouvantes selon que l’on se place côté aveyronnais ou côté occitan : la gauche (PS-PC-EELV- France insoumise) se rassemble pour le Département ("le Printemps aveyronnais") quand elle se déchire pour la Région, de nombreuses formations se présentant en ordre dispersé.

Sur le flanc droit, les étiquettes restent discrètes en Aveyron, elles sont résolument plus marquées pour la Région, les candidats s’inscrivant dans une démarche de partis.

Et LREM, parti présidentiel, se démarque en faisant un peu partout (peut-être à son corps défendant) cavalier seul.

Qui connaît ses conseillers…

Dans ce contexte, il est bien clair, si l’on peut dire, que les deux scrutins obéissent à des approches séparées. Ce qui les réunit en revanche, c’est la difficulté rencontrée par les électeurs à identifier les prétendants, contrairement aux municipales, législatives et présidentielle. Ce n’est pas nouveau. Mais posez la question autour de vous : qui est actuellement sur votre canton le binôme de conseillers départementaux élu, et les huit conseillers régionaux dont dispose l’Aveyron en Occitanie ? Il y a fort à parier qu’une majorité de citoyens ne saura y répondre. Car la lisibilité, là encore, de leur action sur le terrain (bien réelle toutefois) échappe souvent au plus grand nombre.

… Et le nom de son canton ?

Les redécoupages territoriaux n’aident pas à y voir clair, eux non plus : les anciens 46 cantons ne sont plus que 23 depuis six ans, chacun de nous maîtrisant mal le nouveau puzzle dont les contours sont parfois un peu tortueux et qui sont affublés de noms (on trouve du Tarn, du Lot et du Lévezou un peu partout) que personne ne retient, tant ils sont parfois disharmonieux avec la géographie élémentaire.

On demandera donc les 20 et 27 juin au corps électoral de redoubler d’efforts, alors que beaucoup de Français n’ont pas la tête à cela, que la crise sanitaire allongera les files d’attente dans les bureaux de vote. Et, si la météo redevient plus clémente à ce moment-là, ces dimanches pousseront le citoyen à retrouver ces joies territoriales, entre rando et pique-nique, que les élections peinent à procurer.

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