À Nauviale, des bénévoles font revivre le site de Beaucaire

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    À Nauviale, des bénévoles font revivre le site de Beaucaire Centre Presse - Joel Born
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Publié le
Joel Born

L’association "les amis de Beaucaire" a vu le jour en 2017, avec pour ambition principale de sauvegarder et mettre en valeur le site du château qui surplombe le village de Nauviale et les campagnes environnantes. En étroite collaboration avec la municipalité, l’association souhaite faire découvrir et animer ce lieu panoramique, chargé d’histoire et d’histoires, qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Loin s’en faut.

On aperçoit de loin ce qu’il reste de son imposante silhouette, aujourd’hui flanquée du drapeau occitan. Au fil des siècles, le château de Beaucaire était tombé, comme bien d’autres, dans l’oubli. Il a même bien failli complètement disparaître, victime des démolitions successives. Il aura fallu toute l’énergie d’un groupe de bénévoles passionnés et la volonté de la municipalité de Nauviale, devenue propriétaire des lieux en 2015, pour sauvegarder et commencer à réhabiliter ce bel exemple d’architecture militaire féodale.

Une position stratégique

Perché sur son promontoire, d’où l’on distingue les châteaux voisins de Mouret et Combret, le site de Beaucaire (Belcayre en occitan, ce qui signifie beau rocher, belle forteresse) offrait à ses occupants une position stratégique pour surveiller le passage des rivières en contrebas et les voies de communication dans les vallées du Dourdou et du Créneau. On ignore cependant depuis quelle époque exactement le site a été occupé. Le château apparaît dans les textes au XIIe siècle et appartient successivement à diverses puissantes familles du Rouergue (Panat, Armagnac, Sévérac, Arpajon…) avant d’être progressivement délaissé à partir du XVIIIe siècle, même s’il fut encore partiellement occupé par des ouvriers agricoles jusqu’au début du XXe siècle. "C’est l’un des rares châteaux de l’Aveyron dont le donjon central était entouré par une enceinte, explique Pierre Rols, le président de l’association. Cette enceinte a vraisemblablement été édifiée au XIVe siècle, lors de la Guerre de Cent ans."

Dans son ouvrage référence sur l’architecture militaire dans le Rouergue au Moyen Âge, Jacques Miquel précise : "Nous n’avons que trois châteaux dans le Rouergue totalement entourés par une enceinte. Calmont-de-Plantcage, mais surtout Calmont-d’Olt et Belcayre, du même type que le précédent."

Six tours d’enceinte

Selon les différents documents collectés par l’association, dont le cadastre de 1812, l’enceinte comprenait six tours rondes, dont une plus importante que les autres. À cette date, plusieurs éléments bâtis avaient disparu, dont une tour défendant le chemin d’accès, le châtelet d’entrée, une chapelle extérieure… De rares photographies de la fin du XIXe siècle révèlent des ruines encore imposantes du corps de logis, dont une tour d’escalier polygonale et une tour de guet. Sur des cartes postales de 1910, on distingue la tour d’enceinte principale encore intacte, découronnée seulement au niveau des mâchicoulis. L’inventaire de 1627 détaille la distribution intérieure des bâtiments d’habitation, mais ne livre que peu d’indications sur la disposition générale des lieux et l’aspect architectural de l’ensemble. Autant dire que le château est loin d’avoir dévoilé tous ses secrets, conservant une part importante de mystères.

Des vestiges dans le bâti local

Après la Révolution, durant un bon siècle, le château de Beaucaire a connu des démolitions successives permettant de fournir de belles pierres aux nombreuses constructions édifiées à cette époque, dans le village et les campagnes environnantes. "Les derniers prélèvements importants de pierres ont eu lieu dans les années 1920 et elles ont même servi à l’agrandissement de l’église de Nauviale", raconte Pierre Rols. Il suffit donc d’avoir le regard curieux et de promener ses yeux ici et là pour découvrir de nombreux vestiges d’éléments sculptés dans le bâti local. Dans l’ancien cimetière de Combret, on retrouve même la base de la colonnette qui soutenait la plateforme de l’escalier de la tour du donjon, réutilisée comme socle d’une croix érigée en 1905…

Premières campagnes de travaux

L’association des amis de Beaucaire, qui peut compter sur l’appui de la mairie, comprend une centaine d’adhérents dont une vingtaine de bénévoles actifs, qui n’hésitent pas à retrousser les manches quand cela s’avère nécessaire. Malgré sa toute jeune existence, l’association a déjà mené à bien plusieurs projets conséquents. "Notre premier objectif était de nettoyer le site qui était envahi par la végétation, de le sauvegarder et de mieux le comprendre, explique son président. Dans un autre temps, on essaiera, si c’est possible d’aller un peu plus loin." Ils ont, bien évidemment, songé à un chantier de fouilles, mais l’opération est particulièrement complexe et contraignante. En attendant, pourquoi pas, explorer le site par géo-radar, plusieurs campagnes de travaux ont déjà été réalisées. La première a eu lieu, il y a 18 mois. À l’automne 2020, des Compagnons ont continué à renforcer les murs d’enceinte. Ils vont se remettre au travail, le mois prochain. D’autres travaux de sécurisation des murailles sont prévus d’ici la fin de l’année, grâce à des aides financières du conseil départemental et de la Région, et une souscription a été lancée avec la Fondation du Patrimoine. L’association a également aménagé un sentier de visite éducatif, restauré un cabanon de vigne situé en contrebas du château et contribué à l’édition d’un numéro de la revue Sauvegarde du Rouergue, principalement consacré à l’histoire du château de Beaucaire. Sans oublier l’organisation de diverses animations, dont un repas gaulois sur le site, et autres conférences. Après avoir été longtemps délaissé, le site de Beaucaire méritait bien qu’on le bichonne un peu…

 

www.chateaudebeaucaire.fr

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