Yves Garric, réalisateur et peintre des questions sociétales

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    Yves Garric, réalisateur et peintre des questions sociétales Centre Presse - José A. Torres
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Publié le , mis à jour
Salima Ouirni

Après une longue carrière dans le journalisme (télé, radio et presse écrite), Yves Garric s’est lancé dans l’écriture, en 1987, avec une ferme en T.R.O.P. Il a aujourd’hui, à son actif, de nombreuses pièces de théâtre, dont les célèbres Trapoulaminet et une ferme en T.R.O.P, qui ont fait sa réputation. Ce touche-à-tout a également vulgarisé des textes scientifiques. Il a reçu le prix de l’Espace, délivré par l’Institut français de l’espace, pour son livre "Michel Lefèbvre, marin de l’espace", en 2008. Il est aussi auteur dramatique et réalisateur de films. Sa pièce Trapoulaminet est devenue un classique scolaire.
 

Yves Garric, quelle est votre actualité ?

Sans la pandémie j’aurai été en pleine promotion de mes derniers ouvrages. Noël dernier, j’ai écrit "Douze contes de Noël, sur le décor du Rouergue", aux éditions Fleurines. Chez moi, tout ce que je fais n’est jamais innocent. Mes écrits sont en général joyeux, car j’y mets de la poésie. Mais souvent, ils sont piégés aussi. Il y a des sous-entendus, du deuxième, voire du troisième degré. Et ces contes de Noël ne font pas exception à cette caractéristique. Pour l’instant, on n’a pas pu faire la promo de ce livre. Toutes les signatures prévues ont été annulées. Dès qu’on le pourra, je ferai ces signatures avec Georges Dellus.

Qui est Georges Dellus ?

C’est un dessinateur qui m’accompagne depuis mes débuts, dans l’écriture.

C’est un vétérinaire à la retraite qui a un talent fabuleux. C’est aussi un véritable ami !

Il m’a fait un dessin extraordinaire qui s’appelle la transhumance intergalactique. Ce dessin touche beaucoup de gens.

Ma deuxième actualité, c’est un film que j’ai fait sur Jean Delmas, aux éditions Fleurines. La promo et la projection du film restent à faire.

Jean Delmas a fait un travail considérable que très peu de gens ont vu. C’est vraiment un travail colossal qu’il a réalisé au musée de Salles-la-Source. Il ne l’a pas fait tout seul, mais il en a réalisé une grande partie. Il en a été maître d’œuvre. Ce fils de la bourgeoisie parisienne s’est intéressé à la culture populaire, dans ce qu’elle a de plus quotidien…

Mon autre actualité, c’est la republication de pièces de théâtre pour enfants, Le Trapoulaminet, par l’éditeur parisien l’Agapante. C’est l’une de mes pièces de théâtre qui a été la plus jouée.

Elle a été éditée par les éditions du Rouergue, par La librairie théâtrale, à Paris. Le livre est épuisé, pour l’heure. Mon actualité, c’est aussi des troupes qui me contactent régulièrement. Elles veulent jouer mes pièces ou demander des informations ou des conseils pour monter ces pièces.

Je suis en ce moment en contact avec une troupe nantaise qui veut jouer "Défi de filles". Cette pièce raconte comment une troupe, n’arrivant pas à recruter des hommes, se lance alors dans une grande opération de recrutement.

Cela va finir par un fiasco le plus total, par la faute des hommes.

Comment vous sentez-vous aujourd’hui par rapport à la situation sanitaire ?

Comme sous cloche. Je tourne en rond. L’écrivain est celui qui éprouve la nécessité d’écrire. C’est ce qui fait la ligne de partage entre les vrais écrivains et les faux. Si tu écris pour la mode, le fric, la gloire, pour ton image, ça ne suffit pas, tu n’es pas un écrivain. L’écriture demande un effort considérable. Si tu le fais avec sincérité et en étant capable de déchirer la page que tu as mis cinq heures à écrire, en ne te faisant aucune concession à toi-même, alors tu es écrivain. Je pense que moi, je fais cet effort-là. On me le dit souvent pour mon écriture et mon style. Il faut ciseler ses phrases. Brassens disait, le talent sans le travail n’est qu’une sale manie. Je partage.

L’écriture c’est du talent, mais aussi le temps.

Oui, l’écriture c’est du temps. Mais en même temps, c’est un tel effort que je me mets souvent en situation de contrainte vis-à-vis d’un éditeur. Quand je parle d’un projet à un éditeur et qu’il me fixe un terme, je me sens obligé d’arriver à ce terme. C’est pareil avec une troupe de théâtre qui me commande une pièce. Je dis, je fais. C’est comme ça d’ailleurs que je suis arrivé au théâtre, avec ma première pièce, Une ferme en T.R.O.P, en 1987. J’avais promis à Cauhapé de lui écrire une pièce.

Je l’ai fait.

L’engagement intellectuel est aussi important pour vous que l’engagement moral ?

Je suis fils de paysan. On n’a qu’une parole. Promettre et ne pas faire est inimaginable.

Qu’est-ce qui vous inspire pour l’écriture ?

Pour le décor, c’est bien sûr l’Aveyron qui m’inspire. J’ai reçu deux messages qui m’ont marqué et qui me guident. Le premier, c’est celui de Georges Rouquier, réalisateur de Farrebique, notamment. Il m’a dit de ne pas suivre les modes. Le deuxième, c’est celui de Robin Cook, auteur de roman policier. Il m’a dit, tu ne peux parler que de ce que tu connais. L’actualité et les grands problèmes de la société m’inspirent. Comme je vivais en milieu rural et agricole, je m’y suis intéressé, de par mon métier. J’ai découvert très tôt l’écologie et le productivisme agricole. Dans tous mes écrits, j’ai alerté très tôt sur ces problèmes-là, à l’époque où il n’était pas bon de le faire. J’ai pris pas mal de coups, mais j’ai la satisfaction d’avoir fait mon job. Je pense que j’ai été l’un des premiers à parler des OGM, et au théâtre à tirer la sonnette d’alarme sur le réchauffement climatique. Tellement bien que lorsque l’une de mes pièces qui parle du changement climatique a été jouée pour la première fois à Marcillac, on me demandait qu’est-ce que je voulais dire par réchauffement climatique ? Je pense que l’écrivain a un rôle de précurseur. Quand j’écris Une ferme en T.R.O.P, sur la question des OGM, le sujet a une portée universelle. Cette pièce a été jouée dans toute la France.

Elle m’a fait connaître en 1987 et elle est toujours jouée.

On dit que vous avez une image d’écrivain local. Est-ce que cela correspond à la réalité ?

Il y a un réflexe naturel d’associer Garric à l’Aveyron, mais tout le monde ne le fait pas. Il y a aussi ceux qui pensent que j’écris en occitan aussi. Une fois pour toutes je leur dis : non, je n’écris pas en occitan. J’en suis incapable. Je le parle, j’ai été traduit en occitan et j’en suis très heureux. Mais, je n’écris pas en occitan. Si on me qualifie d’écrivain régionaliste car je suis inscrit dans un territoire, je l’accepte. Si c’est pour dire que je ne peux pas porter des questions universelles, là je hurle !

Vous avez été journaliste "scientifique". Avez-vous reçu un prix pour votre travail de vulgarisation ?

J’ai reçu "Le prix de l’espace", attribué par l’Institut français de l’espace, pour mon livre sur un pionnier de l’espace, Michel Lefèbvre. Cela a été une très belle aventure de raconter l’histoire de ce père des satellites océanographes. Moi, qui étais le nullard en maths, j’ai reçu ce prix en présence des membres de l’Académie des sciences, de polytechniciens et tout le gratin de ce monde scientifique. Je suis resté ami avec Annie Cazeneuve qui était la présidente scientifique de météo France. C’était une référente en matière des montées des océans. Une amie très chère.

Avez-vous eu d’autres satisfactions dans votre carrière d’écrivain ?

Ma plus grande satisfaction est d’être joué par énormément de troupes professionnelles et amateurs et dans toute la Francophonie. Avec l’avènement d’internet, je reçois énormément de retours des pays comme le Canada ou en Afrique. Grâce à mes pièces, j’ai été invité dans toute la France, j’ai rencontré des troupes et des gens extraordinaires.

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