Aveyron : l’éducation thérapeutique est l’enjeu face aux addictologies

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  • Julie et Marilyne composent une partie de l’équipe de liaison et de soins en addictologie à l’hôpital de Rodez.
    Julie et Marilyne composent une partie de l’équipe de liaison et de soins en addictologie à l’hôpital de Rodez. Centre Presse - Olivier Courtil
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Olivier Courtil

En cette journée mondiale sans tabac, l’équipe de liaison et de soins en addictologie de l’hôpital de Rodez informe et conseille tout public.

 

Les vagues de confinements n’auront pas été sans conséquence sur la consommation de tabac comme d’alcool. "L’ennui, le manque d’activités et le stress en sont la cause", résument Marilyne et Patrick Herranz, cadre de santé de l’équipe de liaison et de soins en addictologie (Elsa).

En cette journée mondiale sans tabac, point d’action prévue localement mais un relais sur les réseaux sociaux des informations nationales afin de mettre en avant, cette année, les bienfaits d’une vie sans tabac. Histoire de voir le verre à moitié plein. D’être positif face à une situation qui ne l’est pas. En ce sens, l’équipe alias Elsa donc, annonce fonctionner à nouveau normalement après trois mois de fermeture lors du premier confinement et deux semaines lors de la troisième vague. "On peut donner de l’information et des conseils, rappeler les signaux d’alerte", souligne Patrick Herranz, "relayés et consultés sur internet", ajoute Marilyne. Car il est parfois plus facile, pudeur oblige, de s’informer de façon anonyme sur la toile.

Sensibiliser dès le collège

Le constat n’est donc pas rassurant avec une consommation des addictions qui repart à la hausse. Et ce n’est pas tant le tabac qui inquiète ces soignants. "Les gens ont plus conscience de la dangerosité du tabac alors qu’il y a un déni autour de l’alcool", indiquent-ils. Du lobbying aussi. Le message de l’alcool est désormais de tolérer deux verres maximum par jour mais pas tous les jours et de s’octroyer un jour sans par semaine. Car l’alcool commet davantage de dégâts avec des jeunes qui commencent de plus en plus tôt (11 ans). Face à cette situation alarmante, l’équipe "Elsa" envisage d’intervenir dans les collèges, ce qui n’a encore jamais été fait en Aveyron. "Il faut prendre le problème à la racine", dit en ce sens Marilyne. Cela pourrait se mettre en place pendant le mois sans tabac, en novembre prochain. Avec une dizaine d’interventions par an dans des lycées, essentiellement agricoles (La Roque à Onet et Villefranche-de-Rouergue), Marilyne ne cache pas l’étendue de la difficulté. "Cela passe par l’éducation thérapeutique". Et d’évoquer les jeux d’alcool des jeunes comme la balle de tennis dans un verre, si c’est perdu, il faut boire, ou encore le "binge drinking" (le fait de consommer beaucoup d’alcool en très peu de temps). "C’est un fléau, ils se mettent en danger. On dit aux jeunes de ne pas laisser un copain seul, d’appeler le Samu."

Sans parler des méfaits sur le web. "Ils pratiquent des challenges sur internet, c’est une plaie." À cela s’ajoute le cocktail alcool et cannabis ou/et alcool et tabac. D’où l’éducation. Parler sans tabou, écouter.

La précarité est aussi soulevée car les gens concernés sont souvent en difficulté, tombant dans le cercle vicieux de l’addiction. "Il manque de la prévention", martèle l’équipe. Pour cette raison, l’accent est surtout mis en novembre sur les actions de prévention (challenge, tableau d’expression, kit d’arrêt tabac, etc.), lors du mois sans tabac, permettant de mener des actions au long cours.

Les nombreux services qui existent (lire ci-contre) manquent encore de coordination. Mais il est à espérer, qu’avec le temps, cela se mette en place et porte ses fruits comme ce fut le cas pour le tabac dont l’image est désormais liée au cancer et aux nombreuses maladies plutôt qu’à l’esprit convivial (et culturel) qui n’est qu’un paradis artificiel.

L’équipe de liaison en addictologie (Elsa) de l’hôpital de Rodez est pluridisciplinaire avec un médecin, une infirmière, assistante sociale, psychologue et secrétaire. Elle est joignable tous les jours au 05 65 55 22 80 pour prendre rendez-vous. Ce dispositif fonctionne aussi au centre hospitalier de Decazeville chaque mardi après-midi. Tabac, alcool, cannabis, envie de parler, l’équipe est à l’écoute pour informer, soutenir, orienter, accompagner de façon individualisée. Les consultations sont gratuites.

Repères

  • 75 000 morts par an dû au tabac en France.
  • 49 000 morts de l’alcool.
  • 10 % des adultes consomment de l’alcool au quotidien.
  • 49 % des jeunes de 17 ans ont déclaré une alcoolisation ponctuelle importante.
  • 27 % des fumeurs ont augmenté leur consommation en 2020.
  • 1 séance de chicha équivaut à 40 cigarettes.
  • 35 % des fumeurs ont arrêté avec un suivi, 9 % sans suivi.
  • 11 ans, l’âge des premiers verres d’alcool.

 

Autres numéros utiles :
ANPAA Rodez au 05 65 67 11 50 ; CASAP Sainte-Marie au 05 65 67 54 33.
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