Aveyron : inquiets face aux nouvelles réglementations, les agriculteurs de la filière bio interpellent les députés
Les agriculteurs de la filière biologique ont interpellé les trois députés aveyronnais jeudi 3 juin sur les nouvelles réglementations en bio qui interviendront en juin 2022. Ceux-ci dénoncent des contraintes exigeantes et inadaptées pour des revenus qui stagnent.
Au 1er janvier 2022, de nouvelles normes entreront en vigueur dans la filière Agriculture biologique. De nouvelles réglementations qui font quelque peu grincer des dents en Aveyron. Les Jeunes agriculteurs, la FDSEA et la Chambre d'agriculture ont d'ailleurs interpellé les députés aveyronnais jeudi 3 juin dernier pour faire entendre leurs craintes. En espérant que celles-ci soient relayées.
"La filière bio se développe sur le département, il y a eu une belle progression ces dix dernières années, annonce Laurent Saint-Affre, président de la FDSEA de l'Aveyron. Mais ces nouvelles réglementations sont des contraintes technocrates, inadaptées par rapport aux pratiques et au bon sens."
"Engraisser des animaux dans des conditions extrêmes"
Premier point de crispation, dans la filière bovine, la réglementation exigerait la sortie des veaux en pâturage durant les six premiers mois de leur vie. "Ils croient veiller au bien-être animal, mais ils font tout le contraire. Imaginez un veau, les six premiers mois de sa vie, dehors en plein mois de décembre sur le plateau de l'Aubrac ! Le cahier des charges prévoit d'engraisser des animaux dans des conditions extrêmes." Des conditions, qui entraîneraient chez les animaux des diarrhées ou encore une croissance ralentie. "C'est complètement inadapté pour la finition de l'animal. C'est à l'étable qu'il sera le mieux fini. Plus les conditions sont régulières et stables, meilleure la viande est", assure Christian Albespy, agriculteur bio à Villefranche-de-Rouergue depuis 30 ans. Par ailleurs, il serait aussi imposé que les veaux aient un accès extérieur attenant au bâtiment. Une contrainte extrêmement onéreuse selon la profession pour modifier des bâtiments.
Des prix qui n'évoluent plus
Côté filière ovine, les inquiétudes se tournent sur la base de données, qui permet d'acheter les animaux reproducteurs AB. Problème, cette base de données n'offre aucune information sanitaire sur les animaux. "Pour les brebis, on n'a pas de carte d'identité, de vision sanitaire du troupeau, aucun renseignement, déplore David Argentier, élu à la chambre d'agriculture. Il y a un vrai risque de se retrouver avec une bête en mauvais état".
Ces nouvelles réglementations interviennent alors même que les agriculteurs de la filière bio estiment se trouver à "un tournant", quant à l'évolution du marché et aux prix non garantis. "En filière lait de vache, il y a eu une période de conversion très forte. Et après cette vague de conversion, il y a aussi eu une vague de stagnation du marché, assure Nicolas Bosc, membre de la commission bio à la FDSEA. Aujourd'hui, le prix payé aux producteurs n'évolue plus, tandis que les charges de production, elles, continuent d'augmenter."
Six mois avant l'entrée en vigueur de ces nouvelles normes, les agriculteurs ont donc souhaité partager leurs craintes aux députés aveyronnais, qui "nous ont écoutés, et ont entendu nos demandes. Maintenant, le chantier est ouvert...", glisse Laurent Saint-Affre. Leur message avant tout : pouvoir travailler dans des fermes "viables et vivables".
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