Rignac. Sur le chemin du châtaignier en Aveyron
Jusqu’au 31 juillet, les châtaignes s’invitent au parc de la Peyrade, à Rignac, sous forme d’exposition temporaire. Une exposition à ciel ouvert de Gérard Marty menée à bien avec l’aide de Colette Marin pour les photographies et les reportages qui y sont insérés. Un portrait culturel et environnemental du patrimoine castanéicole aveyronnais.
L’exposition temporaire – "Sur le chemin du châtaignier en Aveyron" proposée par Gérard Marty avec l’aide de Colette Marin –, au parc de la Peyrade, à Rignac, jusqu’au samedi 31 juillet, conduira les visiteurs, au fur et à mesure de la promenade, dans l’univers de la châtaigne. Ils en apprendront plus sur les caractéristiques du fruit : les variétés, la période de récolte, les produits à base de châtaigne ainsi que des témoignages d’enfants du pays sur leur relation avec ce fruit.
Outre la châtaigne, c’est l’occasion d’en savoir plus sur l’arbre aux multiples variétés. De la plantation à la greffe, des maladies à l’utilisation du bois et des feuilles, le châtaigner n’aura donc plus aucun secret pour les curieux. Cet arbre, aux vertus souvent méconnues, constitue un véritable patrimoine naturel d’exception, et est aujourd’hui menacé de disparition. Autrefois très utilisé, en particulier pour son bois, il permit dans certaines régions, notamment du sud de la France, d’éviter aux populations la famine.
Un arbre très robuste
La culture de la châtaigne fut développée grâce à la croissance démographique des XVIe et XVIIe siècles. En ce qui concerne l’Aveyron, ce fruit faisait partie intégrante de la base de l’alimentation en territoire Ségala, tout comme le seigle qui lui donna son nom. Très complet, il permettait de nourrir les populations grâce à son fruit et de fournir les feuilles pour les étables. Le bois, quant à lui, était utilisé pour construire charpentes, meubles et menuiseries ; il s’agit d’un arbre très robuste qui résiste facilement aux nuisibles.
Ce n’est qu’aux XIXe et XXe siècles qu’il fut décimé dans un premier temps à cause de son abattage par les usines de production de tanin (quatre en Aveyron), puis à cause de la modernisation agricole et de l’exode rural, et enfin à cause de l’apparition de maladies telles que l’encre ou le chancre, spécifiques au châtaignier. À cette période, la population et les agriculteurs se tournent donc plutôt vers la production de pommes de terre et de céréales, au détriment de la châtaigne.
Aujourd’hui, un travail de fond est réalisé par le Conservatoire régional du châtaignier afin d’étudier, de recenser, de classifier, et de protéger les différentes variétés de châtaigniers, qui font partie des éléments constitutifs du patrimoine naturel aveyronnais, et plus particulièrement du Ségala. Bien plus qu’un arbre, une grande partie de la population locale possède une histoire avec cet arbre de la famille des fagacées. Que ce soit les parents ou les grands-parents, certains Aveyronnais peuvent raconter les dimanches après-midi d’automne de récolte des châtaignes, qui étaient, ensuite, transformées en marrons glacés, en farine ou en confiture, ou tout simplement consommées après les avoir grillés au feu de bois.
Plus de 70 variétés hébergées dans le verger
Dans le cadre de la préservation et de la valorisation de ce patrimoine naturel d’exception, le conseil départemental a mis en place, en 2009, sur le périmètre du Conservatoire régional du châtaignier une classification "Espaces naturels sensibles". Le but est de préserver la qualité des sites et des paysages, des milieux et des habitats naturels, mais également de prévenir des risques d’inondation dans ce type d’espace. Ainsi, depuis la création de la structure, en 1995, plus de 70 variétés de châtaigniers sont hébergées dans le verger de 8 hectares.
Cette année, à l’occasion des journées du patrimoine de "Pays et des moulins", les 26 et 27 juin, sur le thème de "L’arbre, vie et usages", le Conservatoire du châtaignier proposera deux animations qui permettront de sensibiliser à la sauvegarde du patrimoine local. Ces journées nationales permettent, depuis 23 ans, la valorisation des savoir-faire et du petit patrimoine français, souvent méconnu. Organisées par huit associations nationales, elles ont pour but de faire connaître et d’encourager la prise de conscience sur ce patrimoine, et de permettre la transmission aux générations futures.
Ainsi, cette exposition de Gérard Marty et de Colette Marin entre donc dans cette dynamique de valorisation du patrimoine naturel, et en particulier du patrimoine castanéicole aveyronnais, amorcée par le Conservatoire régional du châtaignier et le Département.
Le Conservatoire est situé à la Croix-Blanche, à Rignac. Contact au 05 65 64 47 29 ou chataignier-conservatoire.com
Lætitia Faliez, chargée de mission au Conservatoire régional du châtaignier présente les missions de la structure.
Comment les habitants conservaient-ils les châtaignes autrefois ?
Autrefois, il n’y avait pas de réfrigérateur ou de congélateur pour conserver la châtaigne longtemps, alors il la déshydratait. Ils utilisaient pour cela des sécadous : des séchoirs à châtaignes. Ce sont des petites constructions de forme carré ou rectangulaire, en pierre de schiste ; le bois de châtaignier était utilisé pour les menuiseries et le plancher à claire-voie. Au-dessus de ce dernier, étaient entreposées les châtaignes afin de les sécher grâce à un feu de souches ou de bois vert, feu qui était entretenu en dessous afin de faire beaucoup de fumée. Une fois séchées, on obtenait des châtaignons qui étaient stockés dans des sacs de jute et conservées jusqu’à un an. Ces châtaignons servaient ensuite à nourrir la famille, les animaux ou bien étaient amenés au moulin pour fabriquer de la farine.
Comment conservez-vous les variétés au Conservatoire ?
Sur le site de la Croix-Blanche, nous conservons les variétés par greffage : c’est le mode de multiplication traditionnel des variétés de châtaigniers, une technique qui permet de conserver les caractéristiques génétiques d’une variété sur un porte-greffe. Il existe diverses manières de greffer mais traditionnellement, le châtaignier était greffé en flûte au printemps.
Quelles sont les autres missions du Conservatoire ?
Mis à part l’étude et la sauvegarde des variétés anciennes, le Conservatoire peut apporter un soutien technique aux projets de territoire (plantation, entretien, diagnostic, remise en état). L’abandon des châtaigneraies entraîne le développement des maladies contre le chancre et l’encre. La restauration des châtaigneraies permet d’accroître la quantité et la qualité des fruits ou du bois selon l’objectif déterminé lors du diagnostic. Nous mettons tout en place pour valoriser l’Espace naturel sensible avec les visites du Conservatoire et le sentier ethnobotanique. La vente des produits locaux à base de châtaignes nous permet également de valoriser ce patrimoine castanéïcole.
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