Aubin : le "prédateur sexuel" fait une cinquième victime

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  • Agé de 62 ans, le prévenu repart pour quatre années en prison.
    Agé de 62 ans, le prévenu repart pour quatre années en prison. Centre Presse - Archives José A. Torres
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Déjà condamné pour viols devant une cour d’assises, un sexagénaire comparaissait de nouveau pour agressions sexuelles, ce vendredi à Rodez. 

Majeure depuis quelques mois, Elsa* s'avance à la barre du tribunal de Rodez avec une certaine timidité, une gêne même. Tout de noir vêtue, elle s'accroche aux yeux de son avocat et de ses amis, réunis dans la salle. Avant d'affronter une nouvelle fois le regard de son agresseur. Lui, a 62 ans et semble bien plus détendu dans le box, entouré de trois gendarmes. Les tribunaux, il connaît. Elsa est sa cinquième victime. Avant elle, il avait abusé et violé ses trois enfants dans les années 1990 et 2000. La cour d'assises de Seine-Saint-Denis l'a condamné à sept ans de prison pour ces faits, en 2007. À sa sortie, il rejoint Aubin, achète une maison et s'installe comme autoentrepreneur dans le bâtiment. Un an plus tard, le tribunal de Rodez le condamne à un an de prison ferme, cette fois pour "agressions sexuelles" sur sa nièce. Ce vendredi, il comparaissait pour les mêmes faits. Cette fois, c'est Elsa la victime.

Témoin de Jéhovah

Lorsqu'elle le rencontre, l'an passé, elle ne connaît rien de son passé. C'est un voisin de sa famille et tous sont membres de la communauté des "Témoins de Jéhovah". Au sortir du premier confinement, Elsa, 17 ans, se cherche scolairement. Le prévenu lui propose de l'embaucher sur les chantiers pour l'été. Elle accepte. Rapidement, il l'invite à déjeuner chez lui, "pour des questions pratiques". Viennent rapidement les premiers gestes déplacés : des mains baladeuses sur la poitrine, des mots doux - "Ma puce", "mon canard" -, des embrassades forcées tous les matins... Elsa "a peur".

"Je ne suis pas sauvage"

Un jour, elle fuit "toute tremblante" chez une amie. Un autre, elle fait venir son cousin sur les chantiers pour "ne pas être seule". Elle serre au maximum la ceinture de son pantalon pour que son "patron" n'y glisse pas ses mains, met des vis dans sa bouche pour que "les bisous cessent"... Puis, elle craque, raconte tout au lycée. Un signalement est fait. En garde à vue, l'homme ne reconnaît pas grand-chose. "Elle me regardait avec désir", "on connaît sa réputation", ira-t-il jusqu'à dire. Devant le tribunal, en revanche, il fait davantage profil bas, reconnaît la plupart des gestes qui lui sont reprochés. Sans vraiment prendre conscience de leur gravité. "Je ne suis pas sauvage, elle ne s'est jamais débattue et elle savait qu'elle n'avait rien à craindre de moi, je ne peux pas avoir de relations sexuelles depuis une opération de la prostate", explique-t-il, de façon confuse, face à la présidente Mandana Samii. "Je me suis défendue à plusieurs reprises, je l'ai mordu, mais je ne voulais pas inquiéter ma famille... J'espérais simplement ne jamais le recroiser", confie pour sa part Elsa, racontant que l'homme l'invitait souvent à "boire du rhum" lors de ces journées. 

"Je ne peux avoir d'humanité"

Pour Me Philippe Pont, avocat de la victime, "il s'agit surtout aujourd'hui de mettre la société et les femmes hors de danger de ce personnage pour qui, je ne peux avoir d'humanité". Il n'a, en revanche, pas souhaité entrer dans le débat du suivi de cet homme, inscrit pourtant au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais). Un récent rapport du service pénitentiaire d'insertion et de probation indiquait pourtant un "risque de récidive limité"... L'expert psychiatrique, mandaté pour ce dossier, a pour sa part affirmé qu'il n'était pas "un danger pour autrui" !

Pour la substitut du procureur, Mathilde Jayais, il n'y a pas de débat : "C'est un agresseur et il faut l'arrêter avant qu'il ne fasse d'autres victimes", a-t-elle souligné avant de requérir quatre ans de prison ferme. Le tribunal a suivi ces réquisitions. Tout juste après cette décision, Elsa, elle, se demandait s'il reviendrait vivre à Aubin. À côté de chez ses parents. "J'espère qu'on mettra cette fois un arsenal pour le suivre car il ne passera pas toute sa vie en prison. Ce procès ne doit pas en être un parmi tant d'autres", avait prévenu Me Pont, lors de sa plaidoirie.

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