Rodez. Aveyron : malmenée par la crise, la cuisine doit se réinventer

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  • Un apprenti au laboratoire de la chambre de métiers qui a été régulièrement fermé à cause des conditions sanitaires.
    Un apprenti au laboratoire de la chambre de métiers qui a été régulièrement fermé à cause des conditions sanitaires. Archives Centre Presse
  • Jean-Michel Orlhac, directeur du Campus des métiers à Rodez. Jean-Michel Orlhac, directeur du Campus des métiers à Rodez.
    Jean-Michel Orlhac, directeur du Campus des métiers à Rodez.
Publié le
Christophe Cathala

L’année aura été très contrariée pour la restauration, comme pour les apprentis cuisiniers. Il appartient désormais aux employeurs de "charmer" ces nouvelles générations quant aux conditions d’exercice du métier.

 

La pandémie n’aura rien arrangé, dans un secteur déjà en tension avant la crise sanitaire. L’hôtellerie, régulièrement en panne de main-d’œuvre subit le contrecoup de la longue fermeture des restaurants et peine plus encore désormais à trouver du personnel de service et des cuisiniers.

Aux fourneaux, précisément, où les élèves en restauration du Campus de la chambre de métiers de l’Aveyron n’ont pu, pour cette promotion 2020-2021, suivre leur formation en alternance de la meilleure des façons, faute d’être au contact des réalités chez leurs maîtres d’apprentissage.

Fort engouement…

Pourtant la motivation existe : "Depuis une dizaine d’années, la cuisine bénéficie d’un fort engouement", confirme Jean-Michel Orlhac, directeur du Campus. Les nombreuses émissions télévisées consacrées à la compétition de futurs chefs, ont souvent dopé la demande, malgré l’exigence de ces concours affichée comme un spectacle. Sur ce terrain Jean-Michel Orlhac reconnaît que "plus on parle d’un métier, plus on suscite des vocations…"

À telle enseigne que le CAP de deux ans est souvent prolongé par les élèves de deux années supplémentaires en Brevet professionnel "Art de la cuisine", qui prépare à l’excellence, assuré lui aussi par la chambre de métiers. "60 % des titulaires du CAP poursuivent vers le Brevet pour se former auprès, par exemple, d’un chef étoilé avant de se mettre à leur compte", poursuit Jean-Michel Orlhac qui relève par ailleurs que le taux d’insertion (CAP et BP) se monte à 85 %, seuls 10 % des élèves arrêtent ou changent d’orientation.

…Mais perte de repères

La motivation existe bel et bien, la demande des employeurs reste toujours très forte, mais le contexte a rebattu les cartes. Pour Jean-Michel Orlhac, "la crise a entraîné un sentiment d’insécurité, d’inconfort. Ces dix mois d’arrêt des restaurants ont forcément invité les apprentis, même les plus motivés, à une remise en question."

Il s’est ensuivi, cette année, une baisse de 15 % des effectifs en CAP et une marche ralentie vers le Brevet professionnel, pour quelque 150 inscriptions. Et la rentrée prochaine s’annonce incertaine quant à une reprise franche (lire par ailleurs), "même s’il n’y a aucun désamour des jeunes pour la cuisine", constate le directeur du Campus.

L’apprentissage en évolution

Et de relever par ailleurs que "le public accueilli est en train d’évoluer dans tous les secteurs de l’apprentissage, lequel a été longtemps considéré comme une voie de garage. Désormais, on voit des jeunes arriver, avec Bac + 2, un diplôme de troisième cycle universitaire, mais avec une orientation qui, de leur propre aveu, ne leur apporte rien. Ils ont besoin de faire quelque chose de leurs mains".

La mauvaise passe n’est donc probablement qu’un épisode, d’autant que, depuis le 9 juin, les restaurateurs reprennent une activité quasi normale. Et que les chefs étoilés vont revenir au laboratoire de la chambre de métiers, à la rencontre des apprentis. Une motivation supplémentaire s’il en fallait, pour un métier qui n’a jamais été autant courtisé par les professionnels de l’hôtellerie-restauration.

Un métier à revaloriser d’urgence

C’est une autre conséquence de la crise : la mise en lumière des conditions de travail propres au secteur de l’hôtellerie-restauration.De nombreux salariés ont choisi, durant les périodes de fermeture, de quitter leur emploi pour en trouver un autre, dans un autre domaine. Et ceux qui sont restés, ont souvent exprimé le souhait de voir évoluer favorablement ces conditions. Horaires (avec bien souvent des "coupés"), travail du soir ou du week-end, salaires "peu en rapport avec la charge de travail fournie" ou la pénibilité… contribuent à rendre prudents les candidats au travail. "Ces réticences ne sont pas celles de la majorité des publics qui accèdent au CAP, prévient Jean-Michel Orlhac, directeur du Campus. On est sur des métiers de passion, qui fait que les purs et durs passeront au-delà. Mais il est vrai que la crise a mis en exergue cet aspect des choses, non négligeable. Et il est urgent de revaloriser ce métier à travers notamment les conditions de travail. Les employeurs doivent en tenir compte. Il leur faut charmer cette nouvelle génération, indéniablement. Cela a marché dans d’autres métiers…"

150

C’est le nombre de jeunes inscrits en CAP et BP "cuisine" et en CAP et BP "services" (maître d’hôtel par exemple). On y compte autant de filles que de garçons, et de nombreuses passerelles existent avec d’autres formations, comme la pâtisserie ou la charcuterie-traiteur à titre d’exemple. Le nombre d’inscrits dans cette promotion 2020-2021 est en baisse de 15 % par rapport à l’année précédente. "Et nous sommes dans l’expectative pour la rentrée prochaine", confie Jean-Michel Orlhac.

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