Decazeville. Aveyron : les pêcheurs craignent la loi Climat et résilience

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  • Le président de la fédération de pêche, Jean Couderc, s’oppose fermement à la création de nouvelles micro centrales.
    Le président de la fédération de pêche, Jean Couderc, s’oppose fermement à la création de nouvelles micro centrales.
  • Jean Couderc, le président de la fédération de pêche, invite les parlementaires à revoir leur copie sur la loi Climat.
    Jean Couderc, le président de la fédération de pêche, invite les parlementaires à revoir leur copie sur la loi Climat.
Publié le
Daniel MONTARRY

Le sujet de la micro-électricité est notamment dénoncé par les acteurs de la pêche aveyonnaise.

Le président de la Fédération de pêche Jean Couderc s’inquiète du projet parlementaire qui inscrit la micro-électricité au cœur de la transition énergétique française et de la relance économique. Nous l’avons rencontré pour tirer cette affaire au clair.

En quoi le développement d’une énergie verte renouvelable vous pose problème ?

Notre fédération, qui a pour mission de préserver les milieux aquatiques et les espèces piscicoles, a toujours été favorable aux énergies vertes. Ceci est toujours vrai, bien que toutes ces énergies ont quand même un impact sur notre environnement.

Le problème est que certaines énergies dites vertes, comme l’électricité produite à partir de microcentrales, entraînent de très graves dysfonctionnements pour la biodiversité, alors qu’elles devaient les préserver.

Tout cela est peut-être un peu technique pour nos lecteurs ?

Il faut rappeler simplement que construire une microcentrale signifie que le cours d’eau va être barré de manière définitive. La circulation des poissons et des sédiments s’arrête, et celle de l’eau est irréversiblement modifiée. C’est une catastrophe pour la biodiversité.

Depuis des dizaines d’années les études scientifiques montrent qu’empêcher un cours d’eau de circuler envase son lit, réchauffe l’eau et fait disparaître des zones de courants oxygénées. C’est très grave, car l’eau, qui au départ a la faculté de s’auto épurer pour retrouver sa qualité, ne peut plus le faire de façon aussi efficace.

Tous ces bouleversements ont ensuite des conséquences sur le devenir des espèces piscicoles. Le plus impressionnant est d’assister, sur certains secteurs où des microcentrales turbinent, à la disparition progressive d’une espèce, comme la truite, dont les conditions de développement ont été fortement perturbées. Je comprends que l’opinion publique soit moins sensible à ces phénomènes, car on ne voit pas ce qui se passe sous l’eau. Mais c’est notre devoir de dire que derrière les discours vertueux, il y a des réalités bien différentes que certains, ici le lobby des microcentraliers, veulent cacher aux citoyens.

Pourtant, avec l’abandon progressif des énergies fossiles, nous aurons besoin de plus en plus d’électricité ?

C’est une évidence, et moi le premier quand je me lève le matin, j’allume la lumière. Ce qui pose problème par rapport à ce besoin toujours plus grand en électricité, c’est que le fait de construire de nouvelles microcentrales ne présente que des inconvénients. D’abord, leur production en Aveyron est insignifiante : environ 3 % d’électricité pour 100 micros ou picos centrales. Comparée à celle des 15 grands barrages hydroélectriques qui produisent 97 % de l’électricité pour le département, c’est encore plus frappant.

Ensuite, ce qui est insupportable c’est de constater ce qu’une aussi petite production d’électricité a pu entraîner comme destructions sur les cours d’eau aveyronnais. Un scientifique a résumé cela par une formule juste : Ce qui est micro, c’est le site à aménager, pas les dégâts. Pour tout vous dire, la seule finalité de la micro-électricité, c’est l’argent que récupère l’exploitant. L’écologie, la biodiversité, l’avenir de la planète ont vite fait de disparaître dans les turbines.

Le plus triste, c’est que cet argent est gagné sur le dos des contribuables et de la biodiversité. ERDF est obligé de racheter l’électricité produite par les microcentraliers à un prix qui est supérieur à celui qu’il vend. Pour récupérer ce manque à gagner, celui-ci est facturé à chaque abonné.

Tous les contribuables sont encore les financeurs de la micro-électricité, car des études sont financées pour inciter des porteurs de projets privés à créer de nouvelles microcentrales, sur des chaussées qui n’ont plus aucune utilité, mais qui pourraient être détruites dans le cadre de la continuité écologique.

Voilà où on en est avec cette énergie prétendue verte.

Êtes-vous optimiste pour la suite des débats à l’Assemblée nationale ?

C’est avant tout les choix politiques de nos représentants qui façonnent nos vies et nos sociétés. Ce qui est quand même sidérant dans ce projet d’hydroélectricité c’est qu’il contredit les engagements européens de notre pays, qui depuis quelques années finance et mène des actions pour restaurer la continuité écologique.

Et aujourd’hui on demande aux élus de barrer les rivières. D’après moi, si les élus sont logiques et sincères par rapport aux objectifs de la loi Climat, le projet de retenir l’hydroélectricité parmi les énergies vertes doit être abandonné. Actuellement en France, environ 2 300 petites centrales sont implantées sur 250 000 km de ruisseaux.

Une partie importante du patrimoine piscicole a déjà disparu, alors que ce qui reste actuellement est dans une situation parfois particulièrement critique. Pour toutes ces raisons, notre opposition à la création de nouvelles microcentrales est totalement légitime.

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