Rodez. Sauvegarde des oiseaux : la LPO en appelle aux Aveyronnais

Abonnés
  • La population de faucons crécerelles a chuté de 18,4 % sur les seules 19 dernières années.
    La population de faucons crécerelles a chuté de 18,4 % sur les seules 19 dernières années. LPO – Patrick Peralta
Publié le
Centre Presse

Les différents protocoles de comptages l’affirment : en France au cours des 30 dernières années, 30 % des oiseaux ont disparu. Pour mieux les connaître et les protéger, la Ligue de protection des oiseaux invite tous les volontaires à rejoindre l’une des opérations de comptage, pour renforcer de trop maigres statistiques locales, mais aussi à agir en changeant de comportement et privilégiant des produits peu ou pas traités aux pesticides. Entretien avec Rodolphe Liozon, directeur de la LPO Aveyron.

Les observateurs ont rendu public un rapport faisant état d’une baisse de 27,6 % du nombre des oiseaux en milieu urbain et de 29,5 % en milieu rural. Qu’en est-il dans l’Aveyron ?

Rodolphe Liozon : On ne peut malheureusement rien dire pour le moment pour l’Aveyron, on n’a pas assez de pression d’observation au niveau départemental. Il y a dans la publication une analyse des politiques environnementales au niveau national. Ils ont essayé de tester l’efficacité des mesures agro-environnementales sur les oiseaux communs, et ce qu’il ressort, c’est que la meilleure mesure pour limiter les dégâts sur les oiseaux communs, c’est le pâturage extensif. Il y a beaucoup de ces pâturages dans l’Aveyron, donc on s’attend à ce qu’il y ait moins d’impact en Aveyron qu’au niveau national. Mais malheureusement on ne peut pas en dire beaucoup plus.

Comment mieux connaître les espèces locales ?

La LPO Aveyron a lancé un programme de dynamisation du réseau Stoc (Suivi temporel des oiseaux communs, l’un des protocoles d’observation en place depuis une trentaine d’années, NDLR). Nous sommes en train d’inciter davantage de bénévoles à faire, par exemple, des carrés.

Qu’est-ce qu’un carré ?

C’est une étude ! Les personnes qui aiment les oiseaux, qui ont envie de les suivre, contactent le Muséum d’histoire naturelle en indiquant leur commune et ce dernier leur attribue un carré de 2 km sur 2 km, tiré au sort. Le Muséum demande à ces observateurs d’y aller deux fois par an pour y réaliser dix points de relevés. Cela permet d’avoir les indicateurs précieux. Nous avons commencé ce suivi en 2002 (l’association a été créée en 2001). On avait à l’époque 5 carrés et aujourd’hui, chaque année, nous en observons une quinzaine. L’objectif est d’augmenter ce chiffre en Aveyron pour pouvoir traiter statistiquement, mais aussi à l’échelle de la Région.

Quels sont les milieux les plus impactés ?

Le principal déclin est dans les milieux agricoles et les milieux bâtis. C’est le résultat qui m’a le plus marqué, mais ce n’est pas une grosse surprise. Prenons le cas des hirondelles rustiques, qui nichent dans les vieilles granges. Ces granges ne sont plus utilisées, fermées, sans bétail, cela devient parfois des maisons d’habitation. La modification du bâti est peut-être l’une des causes du déclin. C’est d’ailleurs la même chose pour les chauves-souris.

Que faire pour mieux préserver les oiseaux, ici comme ailleurs ?

Pour ce qui est des milieux agricoles, notre action de simple citoyen n’est pas très forte, sauf en tant que consommateur : il faudrait privilégier les produits bios ou avec très peu de traitements. On peut agir en tant que consommateurs sur le milieu agricole. Ce sont les agriculteurs qui peuvent quelque chose : il faut arrêter d’agrandir les parcelles, d’arracher les haies (voire en replanter), éviter au maximum les produits chimiques car ils ont des effets sur les insectes et, par extension, sur les oiseaux. Il faut, dans la nature, avoir des milieux variés. Dans le Ségala par exemple, il y a beaucoup de ray-grass. Au niveau de la biodiversité, on n’y trouve pas d’insectes, pas de biodiversité, de prairies avec des fleurs variées, ce qui serait plus intéressant pour les oiseaux. Il faut que les amis des oiseaux se rapprochent de nous, LPO, car nous sommes coordinateurs au niveau départemental.

Désormais, le numérique vient-il en renfort des moyens classiques d’observation et de comptage ?

Oui, il y a donc le protocole STOC, avec les observations deux fois par an, mais aussi d’autres choses qui se mettent en place. Par exemple le protocole EPOC (Échantillonnage ponctuel des oiseaux communs), c’est très chouette car pas du tout contraignant. Vous vous baladez dans la nature, vous vous dites "je vais prendre 5 minutes et faire un point". Cela passe par le biais d’une application qui s’appelle NaturList, en lien avec notre base de données. Il ne faut pas hésiter à nous contacter, nous avons plusieurs protocoles possibles en fonction des connaissances de chacun.

Hécatombe

Une chute de 27,6 % du nombre d’individus en milieu urbain et de 29,5 % en milieu rural : les trente dernières années n’ont pas été des plus favorables selon les observateurs historiques des oiseaux. Quelques chiffres : épervier d’Europe – 16 %, moineau friquet – 60 %, tourterelle des bois – 50,5 %, chardonneret élégant – 30,8 %, faucon crécerelle – 18,4 %, roitelet huppé – 44 %, fauvette pitchou – 56,9 %, et cela sur la seule période 2001-2019.
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?