Aveyron : rendez-vous aux urnes avec vue sur le troisième tour

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    Premier tour ce dimanche. Tous à vos bulletins ! Archives J.A.T.
Publié le
Christophe Cathala

Les électeurs aveyronnais ont rendez-vous, les 20 et 27 juin prochains, pour renouveler l’assemblée départementale.

Une droite hégémonique

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la droite n’a pas dirigé le département de l’Aveyron que pendant cinq années, les cinq premières, de 1945 à 1949, quand Paul Ramadier, ancien maire SFIO de Decazeville, en était à sa tête. Ensuite, seuls quatre hommes se sont succédé à la présidence, tous membres de la droite ou la droite centriste : Raymond Bonnefous (de 1949 à 1976), Jean Puech (de 1976 à 2008), Jean-Claude Luche (2008 à 2017) et Jean-François Galliard (depuis 2017). Cette liste permet de mesurer l’enjeu pour la droite aveyronnaise. Perdre le département serait autant une énorme surprise qu’un terrible échec pour un clan politique qui part toutefois divisé.

Un affrontement Galliard-Viala

Dans la semaine suivant le second tour, dimanche 27 juin prochain, suivra le "troisième tour", avec l’élection du futur président. La majorité départementale sortante se lance divisée sur le sujet. D’un côté le sortant, Jean-François Galliard (UDI), élu en 2017 à la suite du retrait de Jean-Claude Luche pour cause de loi sur l’interdiction du cumul des mandats et de l’autre Arnaud Viala (LR), député du Sud-Aveyron, qui avait déjà brigué le poste en 2008 et s’était fait battre par Jean-Claude Luche. Cette fois, pas question de laver le linge sale en famille dans une primaire interne : depuis plusieurs mois, les deux camps s’affrontent publiquement. À tel point qu’une réconciliation post-élection semble impossible. Paradoxalement, c’est Arnaud Viala, qui n’est plus élu depuis 2015 au Département, qui semble en position favorable puisqu’il a réussi à convaincre une bonne partie de l’équipe sortante. Il présente d’ailleurs des candidats sur dix-neuf cantons, sous la bannière de L’Aveyron pour tous, avec pour objectif de l’emporter dans treize territoires et d’éviter tout suspense. De son côté, Jean-François Galliard semble moins entouré. Mais il a gardé quelques fidèles, et présente l’avantage de pouvoir parler avec tout le monde, notamment l’union de la gauche et les indépendants. Alors qu’il aurait pu être acculé dans les cordes par l’initiative du député sortant, soutenu par plusieurs barons de la droite (Luche, Marc, Anglars, Bessaou, At…), il n’a pas renoncé. Il a mené la campagne exactement de la manière dont il l’avait prévu. En 2017, alors qu’il n’était pas favori dans la primaire à droite pour la succession de Luche contre Jean-Claude Anglars, il l’avait emporté. Le sortant sait ce que c’est de renverser une élection.

La gauche joue l’union

Les scrutins au cours desquels la gauche est partie divisée sont légion. L’alliance entre PS, PC, LFI et EELV pour ces départementales prend donc encore plus de valeur. Depuis la fin de l’année 2020, ces quatre formations discutent afin de trouver un accord qui conviendra à tout le monde. Ces échanges ont abouti, début mai, à la création du Printemps aveyronnais, qui présente des listes dans 18 cantons. L’objectif est clair : en finir avec les divisions pour tenter enfin de prendre le Département. Les quatre partis politiques se sont appuyés sur leurs forces : LFI et les Verts pour les cantons de Rodez Agglo, le PC et le PS pour Millau, EELV pour le Larzac… Cette union dès le premier tour n’est pas parfaite. Dans le canton de Tarn et Causses, le duo classé à gauche a refusé l’investiture. À Saint-Affrique, le PC est parti de son côté, à Millau-1, Jean-Dominique Gonzalès est en lice contre sa binôme sortante, Corine Compan. Autant d’endroits où la division pourrait faire le jeu de la droite. Mais pour le Printemps aveyronnais, la principale épine dans le pied est sur le canton de Rodez-1. Sous l’impulsion du premier fédéral socialiste, Bertrand Cavalerie, il présente un binôme, issu de Rodez Citoyens, l’opposition municipale à Christian Teyssèdre, contre Sarah Vidal, socialiste exclue pour être la première adjointe du maire de Rodez, "soutien de la première heure" d’Emmanuel Macron. Sarah Vidal qui a toujours clamé ses valeurs de gauche a aussi, dans d’autres cantons, des candidats qu’elle soutient. En cas de victoire, et d’une situation serrée entre droite et gauche, cette dernière pourrait sans aucun doute devenir une faiseuse de roi.

Et si l’abstention était le plus redoutable des adversaires ?

Parmi toutes les inconnues de ce premier tour de scrutin, dimanche, l’abstention risque bien, plus encore que certains candidats, de marquer son territoire.

Certes, les Aveyronnais ont toujours été bons citoyens, se rendant majoritairement aux urnes sans désemparer, quel que soit le scrutin. Peut-être plus encore que de nombreux départements français, l’Aveyron accrochant régulièrement le podium de la participation. Un taux qui s’élevait ainsi aux départementales de 2015 à 59,71 % au premier tour et 58,29 % au second.

Le contexte, cette année, n’est pas tout à fait le même et il est convenu de dire que "les Français n’ont pas la tête aux élections". Le besoin de se libérer (enfin) des effets de la pandémie n’est pas forcément soluble dans le devoir démocratique surtout quand celui-ci se voit contraint, encore et toujours, par les protocoles sanitaires dont on ne saurait se défaire, distanciation, masques, jauges maximums dans les bureaux de vote…

C’était déjà le cas en juin 2020 pour le deuxième tour des municipales (28 juin) après un premier tour (15 mars) dominé par la peur de la contamination et précédant de 48 heures un confinement général… L’abstention avait marqué des points, dans les grandes villes surtout, en regard des chiffres constatés six ans plus tôt, sans pour autant que l’on puisse parler de phénomène de société. Il faut dire que les municipales, scrutin de proximité par excellence, sont rarement boudées par les citoyens.

Il n’en est pas forcément de même pour les départementales et les régionales, dont les enjeux échappent communément aux électeurs. Coupler les deux scrutins, si différent l’un de l’autre, n’est d’ailleurs pas la meilleure façon de rendre carrossable le chemin des urnes.

On relèvera par ailleurs que trois cantons n’ont qu’un binôme à proposer au choix des électeurs. Dans Lot et Palanges, Raspes et Lévezou et Lot et Montabzinois, ces binômes sont assurés d’être élus. Mais pas forcément au premier tour si moins de 25 % des inscrits votent… L’abstention, pour ces candidats est bien là, définitivement, leur plus redoutable adversaire…

  • 46

Dimanche, les Français sont appelés aux urnes. Ce sera évidemment le cas également en Aveyron, pour les élections régionales et départementales. Ce deuxième scrutin doit permettre de désigner les 46 conseillers, qui siégeront, au cours des six prochaines années, au sein de l’hémicycle ruthénois. À cinq jours du premier tour, les enjeux de ce scrutin sont nombreux.

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Les commentaires (1)
FabriceD Il y a 2 années Le 15/06/2021 à 07:59

Viala, Luche, Marc, un trio de voyous !