Steaksisme : vous reprendrez bien un peu de sexisme avec vos patates ?

  • Dans son ouvrage "Steaksisme", Nora Bouazzouni décortique notre conditionnement à la nourriture qui relève plus et apporte une perspective nouvelle à nos habitudes alimentaires.
    Dans son ouvrage "Steaksisme", Nora Bouazzouni décortique notre conditionnement à la nourriture qui relève plus et apporte une perspective nouvelle à nos habitudes alimentaires. karandaev / Getty Images
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Relaxnews

(ETX Daily Up) - Les garçons mangent des patates et des steaks, et les filles de la salade ? Pas selon Nora Bouazzouni. Dans son ouvrage "Steaksisme", l'auteur décortique notre conditionnement à la nourriture qui relève plus et apporte une perspective nouvelle à nos habitudes alimentaires. 

Tous les parents vous le diront : les garçons, ça réclame de la viande et des frites, les filles des fruits et de la salade. Cette différence alimentaire qui commence depuis le plus jeune âge a questionné la journaliste et auteure Nora Bouazzouni. Selon elle, nous sommes tous, à notre échelle, victime de "steaksisme", cette tendance de la société qui nous poussent à manger des aliments selon notre sexe. Selon l'auteur, les filles sont culpabilisées dès le plus jeune âge - "Deux minutes dans la bouche, dix ans dans la hanche" - tandis qu'on lâche la grappe aux garçons.  

Sexisme dans l'assiette, la faute à qui ? 

Difficile de savoir qui de l'œuf ou de la poule, tant les croyances alimentaires sont solidement ancrées dans la société. L'un des ressorts analysés par la journaliste, le plus évident, est la publicité. Spots télévisés, annonces radios ou encore imprimés tirent sur le ressort du régime plus ou moins masqué depuis plusieurs dizaines d'années. "Taillefine", "Sveltesse" ou "spécial K", tout est fait pour faire comprendre aux femmes qu'elles ne doivent pas manger à l'identique que la gent masculine, et surtout "faire attention". Elles "jouissent" en mangeant des yaourts, alors que les hommes sont des chantres de virilité lorsqu'ils mangent un steak ("mmmm Charal"). Ils sont d'ailleurs "bons vivants" lorsqu'ils ont un "bon coup de fourchette", des qualités qui ne s'appliquent pas aux femmes. De la même manière, les hommes ont une bonne descente (mais ne sont pas alcooliques). 

En plus de la publicité, les médias, et particulièrement les magazines féminins sont bourrés d'injonction sur le poids : du "bikini body", aux régimes en passant par la recherche de plaisir à moindre calorie… Les injonctions sont nombreuses et intenables. 

Se faire plaisir pour 0 calorie 

La différence se fait dès le plus jeune âge. L'auteure cite les travaux de l'anthropologue Françoise Héritier qui a observé, pendant la seconde guerre mondiale, la manière dont les femmes servaient le repas aux hommes, avant de manger les restes. La différence se fait donc sur le type d'aliments, d'abord, mais aussi sur les quantités. "Ne faites-vous pas un peu plus attention aux quantités se trouvant dans l'assiette des filles ?". Et même si les mères ne veulent pas transmettre ce qu'elles ont vécu, elles regardent tout de même le contenu des assiettes de leurs filles. D'autant que ce sont souvent les femmes qui détiennent les rennes de la cuisine, sans que leurs efforts soient reconnus. Ce sont elles qui pourvoient le plus souvent aux besoins de la famille, remplissent le frigo ou cuisinent, sans merci ou presque. Quand on félicite facilement un homme qui fait griller des côtelettes, dès la saison des barbecues.  

Tu seras viril mon fils, sauf si tu es végétarien

Pour autant, les hommes aussi sont soumis à des injonctions alimentaires. Dans son ouvrage, l'auteur remet en cause la croyance selon laquelle un homme végétarien est moins viril qu'un homme qui mange de la viande. Car, derrière cet aliment se cache un symbole fort : celui du "mythe protéiné", indispensable à la vie. Tout comme la minceur est synonyme de réussite au féminin, manger de la viande l'est tout autant, version masculine. 

Bref, que l'on soit un homme ou une femme, manger, ce n'est pas de la tarte.

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