Villefranche-de-Rouergue. Villefranchois : "Où passe l’argent de l’Ehpad de Rulhe ?"

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  • Nathalie Carayon porte la voix des familles "Pour une meilleure prise en charge des aînés à Rulhe".
    Nathalie Carayon porte la voix des familles "Pour une meilleure prise en charge des aînés à Rulhe". Photo MCB.
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Le collectif "Pour une meilleure prise en charges des aînés de Rulhe" ne décolère pas face aux conditions vécues par leurs proches.

Après avoir dénoncé dans nos colonnes, en avril dernier, une "maltraitance institutionnelle" à Rulhe, Nathalie Carayon et Dominique Ponties, ont reçu l’appui de nombreuses familles qui, comme elles, ont de la famille proche dans cet Ehpad qui dépend de la Chartreuse à Villefranche. Sans réponse du directeur de l’hôpital, Bertrand Périn, ni du directeur des soins, Patrick Buisson, suite à la création de leur collectif "Pour une meilleure prise en charge des aînés de Rulhe", elles changent de braquet, toujours dans l’objectif de faire avancer les choses, et posent une question claire : "Où passe l’argent de l’Ehpad ?"

Avec un coût de pension d’environ 1 700 à 2000 euros par mois et par personne, alors qu’il y a près de 120 résidents, des conditions de grande vétusté persistent et la prise en charge médicale est insuffisante malgré le personnel qui fait de son mieux mais qui n’est pas assez nombreux, selon les deux femmes qui assurent avoir derrière elles 100 % des représentants des résidents. "Tout a été fait pour l’hôpital et rien pour l’Ehpad", lance Nathalie Carayon. Loin d’accabler le personnel, elles le défendent et se font aussi leur porte-parole en dénonçant leurs conditions de travail. "On sent vraiment un malaise au cœur de l’institution. Les filles se sentent délaissées, pas écoutées. Elles font de leur mieux mais elles sont dégoûtées car elles n’ont pas le temps de s’occuper davantage des résidents. Elles accumulent une grande fatigue physique et morale. Le personnel travaille à flux tendu. La nuit il n’y a pas d’infirmière, seulement une aide soignante par étage, pour 40 lits. Les soignants culpabilisent. Il n’y a aussi qu’une seule animatrice pour tous les résidents et encore elle n’est là qu’à 80 %. À part le couloir et la télé, ils n’ont pas grand-chose… "

Une seule douche tous les 15 jours

"Les résidents n’ont droit qu’à une seule douche tous les quinze jours. Les familles sont même obligées de faire le ménage dans des chambres pleines d’humidité et de moisi où vivent leurs proches C’est inhumain ! Ils ont des repas et des soins mais pas vraiment d’accompagnement", surenchérit Dominique Ponthies. Après leur prise de position du 29 avril dernier, la députée Anne Blanc les a reçues et le maire de Villefranche, Jean-Sébastien Orcibal, est allé se rendre compte sur place (ndrl : ce dernier n’a pas souhaité s’exprimer). Mais les choses n’ayant pas avancé d’un iota, les familles observent les prises de position des candidats aux cantonales sur ce sujet brûlant. "Des bruits circulent comme quoi cinq chambres à lit unique seraient refaites par étage mais le souci c’est que pour des actes il faut des moyens…". Le collectif "Pour une meilleure prise en charge des aînés à Rulhe" ne compte pas en rester là et envisage prochainement un rassemblement ou une manifestation.

Contact du collectif au 06 03 36 88 71

Pour Bertrand Perin, directeur de l’hôpital et de l’Ehpad : "On est exemplaire !"

La question financière soulevée par le collectif "Pour une meilleure prise en charge des aînés de Rulhe" fait bondir le directeur de l’hôpital de la Chartreuse. "Ces familles ont une méconnaissance totale du dossier. C’est financé de façon tripartite entre l’Agence régionale de santé, le conseil départemental et le reste à charge des familles. On ne fait pas ce qu’on veut de cet argent, c’est très encadré. Ce qui est dit est totalement faux. On est exemplaire mais ils ne veulent pas l’entendre", s’insurge Bertrand Perin qui a tenu encore récemment une réunion avec le Conseil de vie sociale de l’établissement hospitalier pour expliquer tout ça. Et la directrice des finances de l’hôpital de lancer à son tour : "Il y a une étanchéité totale entre l’hôpital et l’Ehpad". Albane Arrouy poursuit : "L’argent va essentiellement au personnel, à la blanchisserie et à la restauration pour laquelle on fait appel aux producteurs locaux et aux produits bios. On s’appuie sur la filière courte, ça a un coût". Ils conviennent tous les deux que des travaux de réfection sont à prévoir et ils les annoncent pour la fin de l’année "dans des chambres et des couloirs dégradés". Plus globalement, c’est une reconstruction totale du site qui est à l’étude depuis quatre ans. Mais le projet de 55 millions d’euros supposerait une augmentation du prix à la journée (de 60 à 80 €) ce à quoi s’oppose catégoriquement le Conseil départemental. Le projet devra donc être remanié.

Recrutement

En revanche, pour le directeur, Bertrand Perin, la plus grosse difficulté vient du recrutement de personnel soignant expérimenté (qui représente 80 % du budget). "Ce n’est pas pour faire des économies, mais on a du mal à en trouver et faire courir de telles rumeurs est totalement contre productif", se désole-t-il.

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