Cette fois, l’Aveyron n’a pas résisté à l’abstention

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  • Dimanche, les isoloirs n’ont vu passer que 43,27 % des Aveyronnais.
    Dimanche, les isoloirs n’ont vu passer que 43,27 % des Aveyronnais. Photos José A. Torres
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RICHAUD Guilhem

Si le nombre de votants pour ces premiers tours a été plus élevé qu’au niveau national, il est quand même en net recul par rapport aux habitudes aveyronnaises.

Pour l’Aveyron, le chiffre est élevé. 56,74 % des Aveyronnais inscrits sur les listes électorales ne se sont pas rendus au scrutin dimanche. Jamais depuis dix ans, les électeurs ne s’étaient si peu déplacés aux urnes, que ce soit lors des élections européennes, traditionnellement moins attractives, ou même, en 2020, pour le premier tour des municipales, le 15 mars, alors que la France s’apprêtait à se confiner, confrontée à une épidémie de Covid-19 en pleine expansion. À l’époque, les Aveyronnais avaient été tout de même 57,30 % à se rendre aux urnes, un score déjà très bas pour un scrutin ultra-local. Dimanche, ils n’ont été que 43,27 %. C’est dire l’ampleur de la situation et ce d’autant plus que le scrutin couplé, avec un double enjeu, a pu servir de locomotive à certains endroits. Dans les cantons où il n’y avait qu’un seul binôme en lice, la présence d’un second scrutin a sans doute permis l’élection, dès le premier tour, des trois candidats.

Les villes votent moins que les campagnes

Si les Aveyronnais se sont moins déplacés qu’à l’accoutumée, les décideurs politiques pourront tout de même se rassurer légèrement en notant que le taux de participation est supérieur à la moyenne nationale (66,1 % d’abstention, donc taux de participation de 33,9 %). C’est traditionnel, l’Aveyron vote plus qu’au niveau national, mais cela ne consolera pas les cinq binômes qui ont obtenu plus de 50 % des suffrages exprimés, mais un nombre de votants inférieur à 25 % des inscrits, condition sine qua non pour gagner dès le premier tour. Valérie Abadie Roques et Jean-Philippe Abinal (50,16 % sur Rodez-Onet), Michèle Buessinger et Christian Tieulé (59,61 % sur Lot et Dourdou), Sébastien David et Emilie Gral (54,27 % à Saint-Affrique), Hélian Cabrolier et Graziella Pierini (69,42 % sur Enne et Alzou) ainsi que Stéphanie Bayol et Éric Cantournet (52,80 % à Villefranche-de-Rouergue) vont devoir attendre une semaine de plus pour être certains de siéger dans la prochaine assemblée départementale. Avec la nécessité de poursuivre la campagne pour éviter une mauvaise surprise dimanche prochain en cas de rebond de la participation.

Alors comment expliquer une telle abstention ? Il est toujours difficile de répondre à cette question. Déjà, comme souvent, les villes ont moins voté que les campagnes. À Rodez (31,85 % pour Rodez-1, 34,06 % sur Rodez-2, 35,56 % pour Rodez-Onet), Millau (36,40 % sur Millau-1 et 31,65 sur Millau-2), Decazeville (35,33 %) et Villefranche-de-Rouergue (34,44 %), la participation a plombé la moyenne départementale. À l’inverse, quatre cantons ont passé la barre des 50 % de participation, ce qui, au regard de la situation globale, apparaît comme une belle performance. Il s’agit de Lot et Truyère (50,51 %), Causses Rougiers (50,63 %), Tarn et Causses (50,73 %) et la palme revient au canton Monts du Réquistanais (52,74 %).

Ensuite, le contexte sanitaire a sans doute joué un rôle dans le désintérêt global autour d’une élection qui a dû être reportée de plusieurs mois et pour laquelle la campagne n’a pu se faire via de grands rassemblements. Enfin, aucun politique ne peut nier le désintéressement croissant pour la chose publique. Dimanche, la météo, plutôt mauvaise, a sans doute aidé un peu la participation. Il est assez courant de voir les taux chuter lorsqu’il fait beau. Le 27 juin, il ne devrait pas non plus faire très bon. Une première bonne nouvelle pour les candidats aux régionales encore en lice. En effet, pour le PS, le RN et LR, la situation pourrait être délicate. Les reports de voix des listes battues ne sont plus forcément automatiques. À cela s’ajoute le fait que douze cantons ont déjà choisi pour les départementales, ce qui n’incitera peut-être pas leurs électeurs à aller voter pour un scrutin sur lequel il y a moins de proximité.

En 2015, quand les deux scrutins n’étaient pas encore couplés, la participation avait augmenté entre le premier et le deuxième tour aux régionales (de 54,16 % et 61,94 %), mais baissé aux départementales (59,71 % et 58,29 %). Difficile de savoir ce qu’il en sera cette fois-ci.

Les taux de participation en Aveyron depuis 10 ans

Jamais depuis dix ans, les Aveyronnais n’avaient si peu voté. Retour en chiffres sur les taux de participation de 2012 à 2021.Présidentielle 2012 : 85,30 %.Législatives 2012 : 66,01 %.Municipales 2014 : 74,69 %.Européennes 2014 : 50,87 %.Départementales 2015 : 59,71 %.Régionales 2015 : 54,16 %.Présidentielle 2017 : 83,33 %.Législatives 2017 : 58,37 %.Européennes 2019 : 57,53 %.Municipales 2020 : 57,30 %Régionales et départementales 2021 (scrutin couplé) : 43,27 %.
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