Climat : d'ici 2050, le Giec prévoit des retombées cataclysmiques pour l'humanité et appelle à réagir

  • Les phénomènes météorologiques de grandes ampleurs pourraient se multiplier.
    Les phénomènes météorologiques de grandes ampleurs pourraient se multiplier. Illustration - Centre Presse
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Centre Presse Aveyron

Manque d’eau et de nourriture, extinction de plusieurs espèces, migrations, cataclysmes météorologiques… Le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) de l'ONU tire la sonnette d'alarme : d'ici 2050, le dérèglement climatique pourrait entraîner un scénario catastrophe sur Terre.

La vie sur Terre sera inéluctablement transformée quand les enfants nés en 2021 auront 30 ans, voire plus tôt, selon un prérapport rédigé par des centaines de scientifiques rattachés au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), dont le contenu a été dévoilé, mercredi 23 juin, par l’Agence France-Presse.

Pénurie d’eau, exode, malnutrition, extinction d’espèces...  Quel que soit le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les impacts dévastateurs du réchauffement sur la nature et l’humanité qui en dépend vont s’accélérer, assurent les scientifiques, et devenir douloureusement palpables bien avant 2050.

"La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas", observe la synthèse technique de 137 pages, citée par l’AFP. 

"Le pire est à venir"

Le rapport complet de 4 000 pages, bien plus alarmiste que le précédent en 2014, a pour vocation d’éclairer les décisions politiques. En signant l’accord historique de Paris en 2015, le monde s’est engagé à limiter le réchauffement à +2°C par rapport à l’ère préindustrielle, si possible +1,5°C. Or le Giec estime désormais que dépasser +1,5°C pourrait déjà entraîner "progressivement, des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles". "Le pire est à venir, avec des implications sur la vie de nos enfants et nos petits-enfants bien plus que sur la nôtre", préviennent les experts.

Terrible ironie : les êtres vivants les moins responsables de ce dérèglement climatique seront ceux qui en souffriront le plus. "Même à +1,5°C, les conditions de vie vont changer au-delà de la capacité de certains organismes à s’adapter", explique l’étude, en donnant l’exemple des récifs coralliens dont un demi-milliard de personnes dépendent.

Les animaux de l’Arctique sont menacés, ce qui pourrait remettre en cause aussi la vie des peuples sur place. Dans le même temps, "les coûts d’adaptation pour l’Afrique devraient augmenter de dizaines de milliards de dollars par an au-delà de +2°C", précise le prérapport. "Dans tous les systèmes de production alimentaire, les pertes soudaines s’accroissent", analyse le Giec. "Les niveaux actuels d’adaptation seront insuffisants pour répondre aux futurs risques climatiques", qui s’agissent de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, ou de l’aquaculture.

Un appel à réagir

"Nous devons redéfinir notre mode de vie et de consommation", plaident les experts. "Nous avons besoin d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernement".

Le Giec propose par exemple, la conservation et la restauration des mangroves et des forêts sous-marines de kelp. Ces organismes vivants ont le mérite d’accroître le stockage du carbone et de protéger contre les submersions, rapporte l’AFP, tout en fournissant un habitat à certaines espèces et de la nourriture aux populations côtières.

Le demi degré meurtrier

En limitant la hausse à 2°C, jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires auront faim d’ici à 2050 et 130 millions pourraient tomber dans la pauvreté extrême d’ici dix ans, détaille le prérapport du Giec.

En 2050, des centaines de millions d’habitants de villes côtières seront menacées par des vagues-submersion plus fréquentes, provoquées par la hausse du niveau de la mer avec des exodes. À +1,5°C, 350 millions d’habitants seront exposés aux pénuries d’eau, contre 400 millions à + 2°C, et 420 millions seront menacés par des canicules.

L’Est du Brésil, l’Asie du Sud-Est, la Chine centrale et le littoral pourraient être frappées par des catastrophes simultanées : canicule, cyclone, sécheresse, maladies, incendies, crues… Avec des points de bascule irrémédiables au-delà de +2°C, rappelle l’AFP, comme la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest qui contiennent assez d’eau pour provoquer une hausse de la mer de 13 mètres.

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