En Chine, le rap se veut patriotique

  • La marque Hip-Hop Fusion a sorti une nouvelle chanson vantant les mérites du Parti communiste chinois. La marque Hip-Hop Fusion a sorti une nouvelle chanson vantant les mérites du Parti communiste chinois.
    La marque Hip-Hop Fusion a sorti une nouvelle chanson vantant les mérites du Parti communiste chinois. Courtesy of Hip-Hop Fusion
Publié le , mis à jour
Relaxnews

(ETX Daily Up) - Le rap est-il une musique intrinsèquement politique ? En Chine, oui. Cent rappeurs locaux ont récemment collaboré pour "100%", un titre qui vante les mérites du Parti communiste chinois. Ce morceau est l'une des nombreuses initiatives du PCC pour conquérir la jeunesse du pays.


Le compte à rebours est enclenché. La Chine se prépare à commémorer le centenaire de la création du Parti communiste chinois le 1er juillet prochain. En amont des célébrations officielles, Hip-Hop Fusion a invité 100 grands noms du rap chinois à chanter les louanges du PCC dans le titre "100%". "Une œuvre pionnière dans l'histoire de la musique mondiale, comme l'affirme la marque sur sa page Weibo

Si le rap est surtout connu comme un genre contestataire, les paroles de "100%" sont, elles, très consensuelles. Pour Hip-Hop Fusion, elles reflètent "l'âme patriotique" de chaque rappeur participant au titre. "De l'extrême pauvreté au rayonnement, je ne regrette pas d'être né en Chine, de nouveaux trains à grande vitesse, de nouveaux ports, de nouveaux looks, et une nouvelle histoire. Allez la Chine, rajeunissons la grande nation", dit l'un d'entre eux dans le morceau. 

Un genre musical que désapprouve le gouvernement

Bien que des rappeurs américains comme Eminem et Q-Tip soient populaires en Chine depuis les années 1990, le rap local n'a commencé à se développer qu'une décennie plus tard. Le télé-crochet "The Rap of China" a contribué à faire connaître ce genre musical au grand public, et a lancé la carrière d'artistes comme GAI, MC Jin, Lexie Liu et VAVA. 

Mais cet engouement des Chinois pour le rap n'a pas toujours été au goût de l'Administration générale de la presse, de l'édition, de la radiodiffusion, du cinéma et de la télévision. L'organisme gouvernemental a interdit en 2018 aux chaînes télévisées de donner l'antenne à des artistes tatoués ou représentant la culture hip-hop ainsi qu'à des musiciens "en conflit avec les valeurs essentielles et avec la morale du Parti". A l'époque, le rappeur PG One avait même dû s'excuser publiquement pour ses "paroles obscènes" qui amènent "la dissidence et la décadence des jeunes".

Du rap pour assurer la relève militaire

Pour Nathanel Amar, l'ingérence de Pékin dans les arts pousse certains artistes hip-hop à montrer patte blanche en promouvant les valeurs du Parti communiste chinois, comme c'est le cas dans "100%". "Les rappeurs ont compris qu'ils doivent de temps en temps faire un effort de communication avec le Parti s'ils veulent continuer à toucher le grand public", a expliqué à Quartz le directeur du Centre d'étude français sur la Chine contemporaine à Taipei.

L'armée populaire de libération de la Chine l'a bien compris et collabore de plus en plus avec des rappeurs locaux pour faire peau neuve. Et pour cause, assurer la relève militaire n'est pas une chose aisée avec les centaines de milliers de recrues dont elle a besoin chaque année. Quoi de mieux qu'un morceau de rap pour encourager les jeunes Chinois à s'engager ? En 2016, l'armée populaire de libération de la Chine a publié "Battle Declaration", un titre avec des "paroles masculines" pour promouvoir les valeurs militaires. "Il pourrait y avoir une guerre à tout moment. Êtes-vous prêt pour cela ?", peut-on notamment entendre. De quoi susciter des vocations.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?