Salles-Courbatiès : à Claunhac, Jean-François Culsan fait art de tout bois

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  • Dans son atelier de Claunhac,  le retraité laisse libre coursà sa créativité.           Photos Joël Born
    Dans son atelier de Claunhac, le retraité laisse libre coursà sa créativité. Photos Joël Born
  • Gamin, Jean-François voulait faire menuisier. Sa passiondu bois l’a rattrapé.
    Gamin, Jean-François voulait faire menuisier. Sa passiondu bois l’a rattrapé.
  • Jean-François Culsan fait art de tout bois
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    Jean-François Culsan fait art de tout bois
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Publié le
Joel Born

Ancien de la Houillère, Jean-François Culsan s’est pris de passion pour le tournage sur bois, un art pour lequel il excelle. Avec la modestie qui le caractérise.

Nous l’avons rencontré, la première fois, chez son copain créateur coutelier Jean-Marc Arnaud. Nous l’avons retrouvé dans sa maison atelier de Claunhac, un ancien atelier de menuiserie, où il a posé ses gouges et ses machines à bois depuis 2008, après avoir vécu pendant plusieurs années à Sonnac. Lui, son dada, c’est le tournage sur bois. Une marotte, devenue passion, qui l’a attrapée, à l’heure de la retraite, après une carrière de mineur à la Houillère de Decazeville, où il a pendant près de trente ans, de 1973 à 1999, conduit les camions, bulls et autres engins mécaniques. "On bossait, mais on gagnait bien sa croûte. On était pas trop mal, y avait rien à dire", commente Jean-François Culsan. Aujourd’hui âgé de 72 ans, ce Viviézois d’origine, fils de réfugié espagnol, dont le père, Fructueux, était ouvrier à l’usine Vallourec de Decazeville, porta pendant toute sa jeunesse les couleurs de l’AOV Cyclisme. Le vélo, l’une de ses autres passions, qui a lui procuré quelques souffrances mais aussi et surtout de très nombreux bons souvenirs.

L’outil, le bois et l’artisan

"Autodidacte dans ce domaine, je tourne de façon instinctive, par passion pour le bois. La partie la plus importante de mon travail se trouve, en amont, dans la recherche de ce matériau. Il faut découvrir des pièces dont l’essence, le veinage, les défauts même, seront susceptibles de devenir avec de l’imagination et un peu de technique des objets d’art. L’objet deviendra alors l’aboutissement d’une communion entre l’outil, le bois et l’artisan", écrivait-il dans son tout premier press-book. Bricoleur à ses débuts, Jean-François Culsan y a rapidement pris goût et c’est l’association capdenacoise Courant d’Arts, qui lui a véritablement mis le pied à l’étrier. Ou plutôt la main à la gouge. "Le bois m’a toujours plu, raconte l’ancien mineur. Quand j’étais gamin, j’aurais voulu faire menuisier mais il n’y avait pas de place en apprentissage, alors j’ai fait un CAP de pâtissier et j’ai vite arrêté. Un peu avant la retraite, j’ai commencé à exposer. J’avais bricolé un tour, après j’en ai acheté un et maintenant je suis au top."

Un prix européen en Italie

Doué de ses mains, Jean-François Culsan fut rapidement récompensé, récoltant notamment, dès 2003, un deuxième prix européen, à Busseleno, en Italie. De quoi l’encourager dans son travail. Le retraité fait art de tout bois, de toutes les essences, même s’il avoue une préférence pour les fruitiers et les morceaux de bois qui présentent un défaut. Vases, pots, urnes, stylos de toute beauté, lampes, toupies… Ses créations sont multiples. Il a même imaginé et conçu une toupie aimantée. "J’essaye tout le temps d’inventer des trucs", s’amuse-t-il, en tirant sur sa cigarette. "L’atelier, j’y vais quand il faut que j’y aille, sans me forcer, quand j’en ai envie et que j’ai l’inspiration." Au milieu de ses outils et de ses machines, Jean-François tourne, ponce, patine avec de la pâte de sa fabrication. Soucieux de toujours apporter sa touche de finition, il peint certaines de ses pièces avec de la peinture acrylique. Il utilise aussi de l’encre de Chine ou du vernis. "Je passe beaucoup plus de temps pour la finition que pour le tournage, consent Jean-François, heureux comme un gosse de nous montrer comment il s’y prend pour tourner un morceau de bois. "Je suis un parfait autodidacte, mais avec le temps, tu prends le coup de main, et maintenant il est rare que je loupe une pièce."

Pour le plaisir, pas pour l’argent

Ingénieux, Jean-François Culsan fabrique lui-même certains de ses outils. " Il faut trouver ses propres astuces. " Parfois, il dessine ses pièces, avant de les réaliser. Souvent, il fait tout simplement confiance à son inspiration de l’instant, " en fonction du morceau de bois. " Mais c’est avant tout sa passion qui le guide. " Je tourne le bois pour le plaisir et pas pour l’argent, car l’outillage est très cher, prévient-il. Cela reste une passion. Je ne me suis jamais pris au sérieux et je ne suis pas un compétiteur. " Une partie de ses créations sont désormais exposées dans la boutique atelier de son ami coutelier Jean-Marc Arnaud, à Salles-Courbatiès. Quand il n’a pas le nez sur ses pièces de bois, Jean-François se plaît de se retrouver sur un terrain de ball-trap et un peu à la chasse, "pour sortir de l’atelier." L’ancien de la Houillère avoue également une autre passion pour la photographie. "Mais tu ne peux pas tout faire, sinon tu touches à tout et au final tu ne fais rien ou pas grand-chose", me glisse-t-il avec cette simplicité qui le caractérise. Si vous passez dans la vallée de la Diège, n’hésitez pas à frapper à sa porte, il se fera plaisir de vous faire partager son amour pour le bois et le travail bien fait.

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