Sud-Aveyron : les découvertes insolites de la vallée du Rance
La Fondation du patrimoine et l’agence départementale de développement touristique de l’Aveyron proposent de (re) découvrir, cet été, des territoires avec l’aide des offices de tourisme. Cette semaine, nous suivons Mylène de l’OT Rougier Aveyron Sud.
De Saint-Méen à Mounès, les gorges du Rance, il faut les boire des yeux pour les croire. Ces deux villages nichés au cœur d’une nature sauvage valent ainsi le détour. L’un a été marqué par le passage d’un saint qui fit jaillir la source du village et l’autre vit naître et "pousser" le plus grand de nos compatriotes. Soyez prêt à vivre l’expérience immersive de Mylène qui laisse place à l’imaginaire et qui apporte la preuve que la vie est un mystère et une sacrée source d’inspiration.
Un hameau de quelques âmes capable d’accueillir jusqu’à 2 000 fidèles relève déjà du miracle, me direz-vous. Blotti au fond d’une ravine qui dévale de l’arête volcanique du Merdelou, l’humble village de Saint-Méen, perché à 1 000 mètres d’altitude, est le centre du pèlerinage le plus réputé de l’Aveyron. De "Manon des sources" aux croyances du "professeur Tournesol", les mystères de l’eau ont souvent fait divaguer notre imagination. S’il est rare de surprendre l’essor d’une rivière, suivez-moi, je vous emmène à l’endroit précis où l’eau a jailli vers l’an 600. Là, se trouvent une petite chapelle et une source dite miraculeuse…
De l’eau pour soulager sa peau
Il y a ceux qui vénèrent et il y a ceux qui s’en lavent les mains. Mais l’affluence y est telle que, mon Dieu, on ne peut occulter la ferveur des croyants et de toutes les espérances qu’offre l’eau du Rance ! Méen, de retour d’un pèlerinage à Rome, fit jaillir au pied du Merdelou une source. L’eau soigna les habitants atteints de la peste. En reconnaissance de leur insigne bienfaiteur, le hameau fut baptisé Saint-Méen. Des siècles plus tard, l’eau est toujours aussi précieuse. Elle possède, paraît-il, des propriétés aux effets bienfaisants pour les maladies de la peau (rien de scientifique bien sûr). On continue, par tous les temps, à faire provision d’eau, à la toucher, à lui dire au revoir ou peut-être à ne plus la quitter et à partir avec elle.
En 1903, Mgr Gély, évêque de Mende et originaire d’un village voisin de Couffouleux, a obtenu de l’Archevêché de Rennes où se trouve la grande relique insigne, le crâne du saint, une parcelle de cette relique. Chaque 24 juin, les pèlerins vénèrent saint Méen.
Le Géant du Cros
Je vais vous confier l’une de nos plus grandes curiosités. Dans la catégorie fascinante, je vous propose de jongler avec le géant Henri Cot, né le 30 janvier 1883 au Cros de Mounès. Ce ne sont pas ses beaux yeux qui ont fait sensation mais ses mensurations !
Du haut de ses 2,30 m, il fut le plus grand conscrit de France mais également le petit dernier d’une famille de sept enfants. L’armée, qui n’avait pas de quoi le vêtir et le loger, le réformera pour son gigantisme. Sa croissance exponentielle le transportera dans l’univers envoûtant et fantaisiste des foires foraines et des cirques.
Aux côtés du lilliputien, Peter Colibri, ils se produiront dans les palaces à l’étranger. Henri Cot mourut tragiquement, en 1912, à l’âge de 29 ans à Lyon. La rumeur racontait que le cercueil enterré ne contenait pas son corps, qui aurait été conservé par la science.
Depuis la fenêtre de la salle qui retrace sa vie, la vue s’ouvre sur le cimetière. Sa tombe n’est plus et le mystère laisse toujours perplexe à Mounès…
Grâce à un fonds documentaire légué par un arrière-petit-neveu du géant Henri Cot, on découvre la vie insolite et mystérieuse de ce jeune garçon issu d’une famille modeste. Correspondances avec sa famille et anecdotes truculentes sont au menu. Par ailleurs, une exposition permanente, à la mairie de Mounès, rend hommage à son grand homme. Des objets lui ayant appartenu au géant, comme ses gigantesques chaussures ou une photo grandeur nature donnent une idée de l’envergure du personnage.
Dans la vallée du Rance
Bijoux et poterie, l’alliance du feu
Deux artisans d’art, Céline Trémolières et Bruno Romera, partagent l’atelier de la Coutarié.
Ce n’est pas un, mais deux esprits créatifs qui habitent à la Coutarié, Céline et Bruno. Elle doit sa vocation à ses rêves de céramiste. Lui façonne la terre comme d’autres la cultivent, avec passion.
De Paris, en passant par la Polynésie et les îles Fidji, après l’argent, la nacre et les perles noires, c’est dans le sud de l’Aveyron que Céline Trémolières s’épanouit avec le laiton et la porcelaine. Dans une maison en pierre au creux d’une vallée en pente douce, elle redonne vie avec la flamme de son chalumeau et ses bijoux martelés au hameau de la Coutarié. On ne peut qu’être sensible à ce lieu unique et à cette émulation créatrice qui répond à une vraie quête de sens.
Je quitte l’établi de Céline les yeux pétillants d’admiration pour faire un tour près de Bruno Romera, le potier de la Coutarié. Il crée principalement une vaisselle en grès rouge simple et fonctionnelle. De la petite tasse à café à la grosse jarre, j’apprends que les beaux effets flammés sont créés par la cuisson au feu de bois. Aux antipodes des grandes enseignes, cet atelier est partagé par deux artisans d’art passionnés qui ont uni leur destinée artistique et amoureuse. Pour la cuisson au feu de bois qui nécessite beaucoup d’énergie, une maîtrise de la terre et du feu et une équipe bien soudée. Cette véritable passion pour la terre, et sa transformation, constitue les ingrédients d’un très beau moment partagé avec le potier.
Je ne vous cache pas que j’ai flashé sur des bols. Depuis, lorsque je bois mon café, j’ai plaisir à contempler les marbrures et les veines de ce bel objet façonné qui me réchauffe les mains. Je sais d’où il vient…
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