Violences conjugales à Millau : "J'ai vu dans son regard qu'il pouvait me tuer"

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    Six mois ferme pour le conjoint violent. Centre Presse - José A. Torres
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Lundi, dans le huis clos d'un domicile millavois, la soirée a dégénéré entre conjoints. 

Sur le banc des victimes, cette femme, en jupe et claquettes, ne parvient pas à retenir ses larmes. Elle s’effondre même souvent, gémit de douleur et ne peut contenir sa colère à chaque phrase de son conjoint, qui ne la quitte pas du regard dans le box des prévenus. Cela fait plus de vingt ans que ces deux anciens accros à l’héroïne, sans emploi, sont ensemble et vivent à Millau. De leur union, sont nés cinq enfants. Le dernier n’a pas encore fêté son premier anniversaire… Lundi, c’est sous ses yeux que son père a « pété les plombs », comme il dit.

Dans la soirée, il a roué de coups sa compagne, car persuadé qu’elle avait de nouveau consommé de la drogue dans la matinée. Gifles, coups de poing, de pieds, coups au sol… La scène est « d’une grande violence », résume la présidente Sylvia Descrozaille. Elle prendra fin à la suite de l’appel aux forces de police de leur aîné, âgé de 17 ans.

Des faits « consternants, affligeants et alarmants »

« J’ai vu dans son regard qu’il pouvait me tuer », témoigne aujourd’hui la victime, à la barre. Elle confie également que les violences, aussi physiques que psychologiques, durent depuis des années dans ce couple. « Mais jamais de ce niveau, c’est pour cela que j’ai décidé de porter plainte. J’ai eu ce courage que ma mère, une femme battue durant 40 ans, n’avait pas eu à son époque », explique-t-elle, toujours sur le coup de l’émotion et « la peur des représailles ».

« Ces faits sont consternants, affligeants et alarmants car ils aboutissent parfois à des féminicides… Et on se retrouve alors devant une cour d’assises », s’insurge pour sa part le procureur, Bernard Salvador, ne croyant pas vraiment à la repentance du prévenu qui durant le procès a parfois minimisé sa responsabilité… Et effectivement, s'il se confond en excuses, le quadragénaire originaire du Havre se perd aussi dans certaines de ses explications : « Elle aussi me frappe, c’est du donnant donnant », « je suis gitan et chez nous, les femmes restent à la maison pour s’occuper des enfants, elles ne sortent pas pour s’acheter de la drogue ! », « je ne suis pas bien en ce moment, j’ai besoin d’être soigné ».

Six mois ferme

Son casier fait déjà état de 12 condamnations. « Pourquoi on parle de cela ? C’est du passé ça ! », s’agace-t-il lorsque la présidente l’évoque et avant d’être condamné à six mois de prison ferme. Durant deux ans, il devra également suivre des soins. « Je suis en dépression, je viens de m’en rendre compte car frapper sa femme comme ça, ce n’est pas normal, ça ne se fait pas », a-t-il confié lors de l’audience, promettant « de laisser tranquille » sa compagne et de reprendre sa vie en Normandie… 

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