Aveyron : ils enchaînaient les chantiers sans être déclarés

  • L'affaire était jugée mercredi après-midi au tribunal judiciaire de Rodez.
    L'affaire était jugée mercredi après-midi au tribunal judiciaire de Rodez. Illustration - José A. Torres
Publié le
M.R.

Entre 2014 et 2016, le trio d’hommes a enchaîné les chantiers dans la région, sans être déclarés.

À la barre, ils sont cinq. Deux jeunes frères, au physique de bodybuilder, leurs compagnes ainsi qu’un ami, la trentaine passée… Tous font partie de la communauté des gens du voyage et oscillent entre l’aire d’accueil de Planèze à Luc-la-Primaube, l’Hérault et le Gard.

Certains ne savent ni lire, ni écrire. Et s’ils se retrouvent devant le tribunal judiciaire de Rodez, c’est en partie à cause de cette méconnaissance. Car entre 2014 et 2016, le trio d’hommes a enchaîné les chantiers dans la région, sans être déclarés. Et la petite entreprise a été rapidement rattrapée par la gendarmerie, car elle ne connaissait pas la crise : durant ces deux années, ces "artisans tous travaux", ont récolté plus de 160 000€.

On n'a jamais mis un couteau sous la gorge à qui que ce soit

Surtout, la justice s’interroge sur le démarchage que l’équipe effectuait au domicile des personnes, pour la plupart âgées… Ont-ils abusé de la faiblesse de ces octogénaires, ou encore nonagénaires, qui réglait parfois des factures s’élevant à plusieurs dizaines de milliers d’euros ? "C’était le prix et ils étaient tous contents de nous. On n’a jamais mis un couteau sous la gorge à qui que ce soit, on n’a jamais volé personne. S’ils nous embauchaient, c’est qu’ils avaient besoin de nos services pour une toiture, une façade, des arbres à tailler…", explique l’un des frères.

Devant le tribunal, il assure qu’il ne "connaissait rien" de la législation du travail. "On travaille tous depuis l’âge de 13 ans, on ne compte pas nos heures, on n’a pas de week-ends. Un cousin nous avait donné une carte européenne pour travailler, on pensait que ça suffisait", explique-t-il encore. La carte s’avérera finalement être un faux document.

On travaille, on paye et avec ce qu’il reste, on mange… C’est ça la France !

"Vous regardez bien la télévision tout de même, vous ne pouvez pas ignorer qu’il faut payer des charges en France !", s’est pour sa part questionnée la présidente Sylvia Descrozaille, rappelant néanmoins que la majorité des clients entendus par la gendarmerie s’étaient dits "satisfaits" des travaux réalisés…

"On a des charges Mme, on doit nourrir nos enfants, payer les matières premières, l’essence...", expliquera l’un d’eux lors du procès, avant que la présidente ne lui réponde et plonge le prétoire dans un grand sourire : "Dans notre pays, on travaille, on paye et avec ce qu’il reste, on mange. C’est ça la France ! Si tout le monde faisait comme vous, peu d'argent rentrerait dans les caisses de l'État."

La bonne foi du trio reconnue

Le tribunal reconnaîtra finalement la bonne foi du trio, les relaxant de tous les faits d’abus de faiblesse. Ils ont, en revanche, été reconnus coupables et condamnés à diverses peines, de jours-amendes à trois mois de prison avec sursis, pour "démarchage illégal", "non-inscription au registre des métiers" et "fausses déclarations", concernant leurs compagnes, afin d’obtenir le RSA… Aujourd’hui, tous assurent qu’ils sont "en règle". L’un d’eux fait même l’objet d’un redressement fiscal et verse 700€ par mois à la collectivité…

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