À Aubin, un musée à la mémoire des gueules noires
Au cœur d’Aubin, le musée de la mine plonge ses visiteurs dans un voyage à travers le temps.
De cette vie harassante et mouvementée des "gueules noires" du Bassin, on a déjà beaucoup écrit. De cet héritage minier de toute une région, on a déjà beaucoup philosophé dessus. Des stigmates de ces territoires, on s’en est déjà ému. Mais parfois, une seule visite d’à peine une heure permet de tout mieux comprendre, de tout mieux approcher et ressentir. Cette visite, elle se fait au musée de la mine à Aubin. À quelques encablures du quartier du Gua et de son plateau des Forges, il offre une véritable fenêtre sur cette histoire industrielle, qu’on aime encore raconter dans ces coins tant elle fut populaire.
Et dans une ville où les façades sont aujourd’hui parfois aussi tristes qu’un jour de pluie, celle du musée offre, elle, une véritable respiration. Un appel à la visite, dès le premier regard posé sur les célèbres chevalets. À l’intérieur, sur plusieurs étages, on retrouve tous les objets, les images, les documents ou encore une collection de lampes qui retracent cette époque où on a compté jusqu’à 7 300 personnes sous terre. C’était dans les années 1920 et le Bassin, comme on l’appelle, comptait plus de 36 000 habitants. "Bien plus qu’à Rodez aujourd’hui !", sourit Renée, au guichet du musée. Elle est bénévole dans l’association Lucien Mazars, ancien ouvrier aux Houillères et maire d’Aubin par la suite. Ce musée, c’est lui qui l’a voulu et l’a érigé en 1979. Comme pour laisser une trace. Lucien Mazars est décédé en 2019. C’est désormais son fils, Francis, qui a pris la suite de cette association qui compte encore quelques anciennes "gueules noires", comme Émile Ruffié, 90 ans et une dizaine d’années de "fond".
Une galerie reconstituée
Lui, comme d’autres anciens aiment à venir se promener dans ce musée. Ils peuvent y redécouvrir l’ambiance qu’il y avait sous-terre grâce à une galerie reconstituée par une équipe de bénévoles dans les années 1970. Longues de plusieurs mètres, elle offre une véritable immersion dans cette vie souterraine où les mineurs partageaient souvent le repas. Clou du spectacle, la visite de la galerie se conclut par une simulation d’un coup de grisou, explosion accidentelle due au gaz et qui a coûté la vie à tant d’hommes (49 aux Puits de Campagnac en 1988, 11 à Cransac en 1913, 8 à Campagnac en 1927…).
Las, en raison des règles sanitaires actuelles, le musée ne peut ouvrir cette galerie. "C’est tellement dommage, les gens viennent beaucoup pour cela", souffle Valérie, employée de la structure et guide. Chaque année, elle accueille 7 000 visiteurs environ, des touristes mais également beaucoup de gens du coin. Qui prennent toujours autant de plaisir à se plonger dans cette vieille histoire minière en famille, au fil des nombreuses frises chronologiques rappelant les différentes sociétés passées ici, les grandes catastrophes industrielles, conquêtes sociales mais également colères d’un territoire qui lutte aujourd’hui encore pour un meilleur lendemain. Sans jamais oublier leurs ancêtres, décrits en ces termes par Lucien Mazars : "Ils étaient tous venus du Rouergue paysan, d’Italie, de Russie, de Pologne ou d’Espagne mordre le fond du sol et le flanc de montagne pour laisser souvenir d’une œuvre de titan"
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