Rivière-sur-Tarn : Empelt voit la vue en bois

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  • Aucune machine n’entre dans la fabrication des Empelt. Il coupe, colle, presse et ponce à la main.Il utilise de l’huile d’olive de son village et de la cire d’abeille de Mostuejouls pour les finitions.
    Aucune machine n’entre dans la fabrication des Empelt. Il coupe, colle, presse et ponce à la main.Il utilise de l’huile d’olive de son village et de la cire d’abeille de Mostuejouls pour les finitions.
  • Elles ne tomberont pas sur le bout du nez. Les branches ne risquent pasde s’élargir, grâce au procédé de montage. Autre avantage, le poids ultraléger des montures.
    Elles ne tomberont pas sur le bout du nez. Les branches ne risquent pasde s’élargir, grâce au procédé de montage. Autre avantage, le poids ultraléger des montures.
  • L’artisan est en train de commercialiser sa première collection,17 modèles déclinés dans différents bois aux tons naturels.
    L’artisan est en train de commercialiser sa première collection,17 modèles déclinés dans différents bois aux tons naturels.
  • Empelt voit la vue en bois Empelt voit la vue en bois
    Empelt voit la vue en bois
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Originaire de Valence, en Espagne, Diego Villalonga-Marti, diplômé en gestion forestière, a opéré une reconversion et créé son atelier, en avril 2017, à Rivière-sur-Tarn. Il dessine lui-même et confectionne les moules pour chaque modèle. On peut donc miser sur l’exclusivité et l’originalité d’une monture. Chaque paire est unique.

Diego Villalonga-Marti est penché sur son atelier. Le silence est à peine troublé par le bruissement du Tarn, en contrebas de la maison et le chant des oiseaux. Des jeux d’enfants parsèment le terrain. "On est tombé amoureux du lieu, dès qu’on l’a vu", sourit le père de famille espagnol, installé dans le village de Rivière-sur-Tarn depuis sept ans.

Il y a une dizaine d’années, l’ancien technicien forestier, originaire de Valence, fuit la crise en Espagne. Il trouve du boulot dans la montagne aveyronnaise. "Mais j’avais également fait une formation d’ébéniste à Barcelone et j’ai eu envie de changer de métier." Pourquoi les lunettes ? "Je n’avais pas de grosses machines, donc je ne pouvais pas faire de meubles."

Des essences européennes

En 2015, il démarre une formation de créateur d’entreprise, à Pôle emploi. Il se fait la main sur des bijoux, porte-clefs, jouets en bois. En 2017, il se lance, en autodidacte, dans la fabrication de lunettes. Dans un coin de l’atelier, des chutes et des ébauches de prototypes témoignent encore de ses balbutiements, mais également de sa persévérance. Son tout premier modèle naît en 2017. "Mais il y avait déjà de la concurrence et je ne pouvais pas en fabriquer en nombre." Il lui faut trouver sa niche, sa signature. Ce sera le haut de gamme, avec des montures plus fines, très résistantes, et écologiquement vertueuses. Exit le wengé ou le bois de rose exotiques, il travaillera avec les essences européennes. Quatre en particulier, le hêtre, le cerisier, le noyer et le chêne fumé, du plus clair au plus foncé. Il ajoute à sa palette de couleurs, le très rare et très précieux bois des marais. "Il doit sa teinte noire à son très long séjour au fond de l’eau. Certains ont 8 000 ans." Ce bois lui est fourni par un Ukrainien, seule entorse à l’origine européenne de son matériau.

Empelt, greffe en catalan

Sur l’établi, les feuilles de 5 mm s’empilent dans un joli dégradé de tons naturels. Les morceaux découpés s’assouplissent dans un cuit-vapeur. La languette est ensuite posée sur le moule fabriqué pendant deux jours, puis collée selon un processus propre à l’artisan. "Avant on collait le bois en façade, moi je le colle par le dessus, cela rend la lunette plus résistante."

Début 2020, il sort sa première collection, 17 modèles. La pandémie les confine au fond des tiroirs. Alors, il se greffe à son établi… Et trouve le nom, symbolique, de sa marque : Empelt, greffe en catalan. Il réalise son stock, ses montures et leurs étuis également en bois pour être fin prêt à la reprise de l’activité économique.

Fin de premier déconfinement, il prend son bâton de pèlerin, visite les professionnels à Toulouse, à Lyon, à Montpellier. Mais le contexte est à la prudence, pas à l’investissement. Pas de quoi démotiver le Catalan, sûr de son produit. "Elles sont plus écologiques que le plastique, plus confortables que le métal, et plus jolies à mon sens que la résine."

La greffe a pris.

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