Viviez : l’avenir de l’usine Sam s’assombrit à nouveau

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  • La ministre Agnès Pannier-Runacher a rencontré élus et syndicats en préfecture jeudi.
    La ministre Agnès Pannier-Runacher a rencontré élus et syndicats en préfecture jeudi. Photo José A. Torres
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RICHAUD Guilhem

L’entreprise de Viviez, dans le Bassin, est suspendue aux offres de reprise qui seront étudiées ce vendredi par le tribunal de commerce. Mais en déplacement jeudi à Rodez, la ministre Agnès Pannier-Runacher a prévenu qu’elles n’étaient pas à la hauteur.

On savait déjà que l’heure était grave pour Sam, à Viviez. En redressement judiciaire depuis le mois de décembre 2019, la fonderie est désormais au bord du précipice. Venue en urgence jeudi à Rodez pour évoquer le sujet, la ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a fait le point sur la situation. À la veille de l’audience au tribunal de commerce de Toulouse vendredi, qui devait se prononcer sur les deux offres de reprise, celle du groupe Trinquet, et celle de Sifa Technologies, dirigée par l’ancien patron de la Sam Patrick Bellity, la ministre a annoncé qu’aucune des deux n’avait de chance d’aboutir. Et que le tribunal allait, selon toute vraisemblance, prononcer un nouveau renvoi. "Mon attention est constante sur ce dossier avec l’ensemble des équipes de Bercy, a rappelé la ministre, qui coordonne un comité de pilotage sur le sujet depuis plusieurs mois. Je ne vous cacherai pas ma déception. Aujourd’hui, très clairement, à ce stade, les deux offres qui ont été remises ne sont pas suffisamment solides et ne répondent pas aux critères de crédibilité et de pérennité que nous avons posés."

Un manque de fonds propres

Lors de leur audit, les administrateurs judiciaires ont constaté que les dossiers ne semblent pas suffisamment solides. "L’audit met en évidence la fragilité des projets sur le volet des investissements notamment, reprend Agnès Pannier-Runacher. Les prévisions leur paraissent sous-estimées. Les prévisions de plans d’affaires sur des développements futurs semblent également trop optimistes. L’audit met également en évidence l’apport insuffisant de compétences pour gérer le site." Surtout, les experts tiquent sur le trop faible niveau d’investissement : 1 M€ pour chacun des repreneurs potentiels alors même qu’elles prévoient de récupérer 1,5 M€ de "management fees", des frais de gestion pour les activités mutualisée. "D’un point de vue financier, le compte n’y est pas non plus, souffle la ministre. L’audit démontre une impasse de financement en capitaux propres. Le besoin est évalué autour de 5 M€, contre 1 M€ proposés. On est sur un écart assez sensible." Autant de signaux négatifs qui devraient pousser le tribunal de commerce de Toulouse à rejeter les deux offres ce vendredi et à repousser une nouvelle fois la date d’une future audience. Surtout, la ministre a prévenu jeudi qu’on pourrait s’orienter vers une liquidation judiciaire à la rentrée. "Mais celle-ci serait purement technique", assure-t-elle. En effet, l’État a obtenu de Renault, le principal donneur d’ordre de Sam, de continuer à mettre la main à la poche afin que la fonderie, qui emploie à ce jour 350 salariés, poursuive son activité pour au moins six mois supplémentaires. "Nous avons obtenu de Renault de sécuriser cette prolongation d’activité, reprend-elle. Si pour des raisons techniques, le 10 septembre, le tribunal est amené à prononcer une liquidation judiciaire, ce sera avec poursuite d’activité. Pour Renault, c’est un engagement à hauteur de 6 M€ puisqu’aujourd’hui, le site perd 1 M€ par mois. Ces 6 M€ s’ajoutent aux 16 que Renault a mis depuis le début de la procédure."

Un délai de six mois qui doit permettre de trouver de nouvelles offres. Pour cela, il y a un consensus autour du cahier des charges. "Les représentants du personnel estiment la taille critique autour de 250 salariés, avec des fonctions d’ingénierie présentes sur le site pour avoir des capacités de développement et de diversification en termes de clients, détaille la ministre. C’est sur cet objectif que nous allons travailler." Et Agnès Pannier-Runacher de souligner "l’esprit de responsabilité des représentants du personnel. Ils sont très clairs sur le fait que l’identité du repreneur leur est indifférente dès lors qu’il a une crédibilité industrielle permettant d’aller chercher de nouveau clients et donne une crédibilité financière pour permettre de financer la période pendant laquelle progressivement la sortie de la zone rouge s’organise."

Le retour de CIE ?

Un profil qui permet de définir les contours du repreneur idéal. Et selon nos informations, un nom pourrait correspondre parfaitement et serait en train d’affiner une nouvelle proposition : le groupe espagnol CIE. Le groupe espagnol qui travaille déjà avec Renault sur plusieurs de ses sites avait fait une première offre à la fin de l’hiver, qui n’avait convaincu ni le tribunal ni les salariés de Sam. En effet, avec le projet de ne reprendre que 150 salariés, la perspective de relancer le développement du site semblait impossible. Au printemps, CIE avait retiré son offre, mais continue depuis à se montrer attentif à l’évolution du dossier. La situation pourrait l’inciter à revenir rapidement dans le jeu. Ce serait alors la dernière bulle d’oxygène pour des salariés qui craignent de plus en plus le pire : la fermeture totale et définitive.

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