François, berger d’estive : le soleil comme guide du Lévezou aux Pyrénées

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Publié le , mis à jour
Centre Presse

Un grand bol d’air frais pour François qui passe du Lévézou aux Pyrénées…

Depuis 2017, François quitte, chaque été, le plateau du Lévézou pour passer quatre mois et demi en altitude, dans les Pyrénées. De juin à octobre, il vit jour et nuit pour les 1 700 moutons conduits en estive de haute montagne, à quelques kilomètres à vol d’oiseau de la frontière espagnole.

Pendant que le troupeau confié profite d’une herbe fraîche et abondante en montagne, les six éleveurs du Groupement pastoral ovin d’Oô remplissent leurs hangars de foin. Ils auront alors de quoi alimenter les herbivores pendant l’hiver. Un pâturage de montagne vertueux pour les éleveurs qui retrouvent des moutons nourris par Mère nature mais également pour les espaces naturels ainsi préservés. "Faire pâturer les brebis aide à la biodiversité", explique François, "si la végétation n’était pas consommée, la prairie ne serait pas entretenue et la forêt gagnerait du terrain".

Les éleveurs du Groupement pastoral ovin d’Oô ont renouvelé leur confiance à François pour une cinquième estive. À lui la charge de s’assurer du bon état sanitaire et d’un bon niveau d’engraissement de leurs brebis tarasconnaises, une race adaptée à la transhumance en haute montagne utilisée pour la production de l’"agneau des Pyrénées".

Loin des vallées peuplées, François s’occupe de nourrir et de soigner ces "petits animaux" pesant tout de même 60 kg pour les brebis et 80 kg pour les béliers. Il profite du fait de se retrouver au milieu des éléments, à la montagne, milieu rêvé pour cet alpiniste amateur. François tire des bons points de cette activité qui l’occupe sept jours sur sept et même parfois durant ses courtes nuits quand les bêtes semblent effrayées par l’approche d’un ours.

Changement de vallée toutes les quatre à six semaines

Pour réaliser une bonne estive, les brebis sont conduites à différents niveaux d’alpage, de 1 600 à 3 000 mètres d’altitude afin de profiter de la végétation et de l’ombrage des "quartiers" du secteur pastoral. Aux premières lueurs du jour, François quitte la cabane qu’il ne retrouvera qu’à la nuit tombée et emmène le troupeau vers les pâturages. Quand il entend les premiers tintements de cloche à 5 h 30, c’est le signe qu’il va faire beau, les brebis ont hâte d’aller paître. Deux heures après qu’ils les aient examinées et soignées pour certaines, le troupeau peut se mettre en route. Garant des ressources pastorales et de l’environnement, François choisit le périmètre adéquat pour la journée, là où la végétation a besoin d’être consommée et préserve ainsi les zones destinées à être pâturées plus tard dans la saison.

François change de vallée toutes les quatre à six semaines où trois cabanes de 20 mètres carrés l’abritent. Il a pris le soin d’y entreposer de quoi assurer sa subsistance ainsi que des livres. Arrivée par héliportage dans chacune des cabanes qui disposent de sanitaires et de toilettes, cette manne céleste longuement préparée avant son départ lui permettra d’être en autonomie pendant toute la durée de l’estive. Une aventure qui semble tellement moins périlleuse que celle qu’il a vécue en 2001 avec deux amis, grimpant 24 sommets de la Cordillère des Andes pendant sept mois et demi.

À l’approche de l’Aconcagua, l’un des sommets les plus hauts au monde (6 962 mètres d’altitude), ils ont dormi ou plutôt essayé de trouver le sommeil à – 18 degrés dans un abri de très haute montagne. "Au-dessus de 6 000 mètres, je sens que la machine ne suit pas", confie-t-il à un journaliste, à son retour d’expédition. Un tempérament et une forme physique sur lesquels il peut encore compter vingt ans après.

"Tout me va, je m’adapte à tout"

Le planning de la journée étant conditionné à la météo, François affirme ne rien prévoir : "Ce sont les bêtes qui te disent ce que tu dois faire." "Tout me va, je m’adapte à tout" et même au brouillard, le pire ennemi d’un berger. Conduire un troupeau de 1 700 têtes sans visibilité avec 600 mètres de dénivelé dans la journée demande beaucoup de détermination et de confiance. "Ici, la météo change très vite", François emporte souvent vêtements de pluie et parapluie. Son sac qu’il ne va pas quitter entre 7 heures et minuit contient d’autres éléments clés pour assurer la journée : des jumelles afin de surveiller la conduite du troupeau, de quoi remplir sa propre panse, une pharmacie d’alpage pour les bêtes et une pour les hommes. Pendant la chaume, quand les moutons se reposent aux heures les plus chaudes, François a quelques moments pour transformer le bois en petits objets ou pour lire. Pour ne pas charger son sac qui pèse entre cinq et dix kilos selon la couleur du ciel, François part avec une gourde de seulement un demi-litre d’eau, il sait qu’il trouvera toujours une source pour la remplir.

Être berger, c’est avoir un état d’esprit particulier. François semble avoir trouvé quelqu’un qui lui ressemble en la personne d’Arnaud, 28 ans, stagiaire à ses côtés après une formation en tant que berger-vacher à Saint-Girons (Ariège). "C’est la première fois que j’ai un stagiaire, c’est une très belle rencontre, c’est quelqu’un de solide mentalement et physiquement." Un beau compliment de la part d’un alpiniste aventurier.

Vous pourrez rencontrer François jusqu’à la mi-octobre si vous randonnez sur le sentier du GR10.

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