Course à pied : "S’il y a eu autant d’annulations en août, c’est à cause du pass sanitaire"

  • Le monde du trail traverse une période compliquée.
    Le monde du trail traverse une période compliquée. Jean-Louis Bories
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Vincent Nael

Pour éviter les annulations, le comité départemental de course hors stade appelle à la vaccination contre le Covid-19. Les organisateurs des trails pointent, eux, les difficultés rencontrées depuis l’instauration du pass sanitaire.

J’appelle les organisateurs, les bénévoles, les participants… à se faire vacciner contre le Covid-19. Sinon, il n’y aura plus de course à pied dans l’Aveyron. S’il y a eu autant d’annulations en août, c’est à cause du pass sanitaire." Face à la cascade de trails annulés jusqu’à fin août, le secrétaire du comité départemental de course hors stade (CDCHS), Didier Pons, est fataliste. "La Fédération française de football (FFF) vient de rendre obligatoire la vaccination pour toute personne souhaitant prendre une licence et celle d’athlétisme, comme dans les autres sports, pourrait suivre, souffle-t-il. Je ne suis ni pro, ni anti-vaccin, mais là, il n’y a plus le choix si on veut participer à une course à pied."

En fait si, puisqu’un test PCR négatif de moins de 48 heures peut suffire. "C’est vrai que certains organisateurs proposent des tests antigéniques, avec un résultat rapide, gratuitement…" Bastien Rozenzwejg, secrétaire de Sport nature Sainte-Radegonde, le club organisateur du Raid 2 Gonde, toujours prévu les 4 et 5 septembre, oppose : "Peut-être qu’il y en a qui le font, mais ça coûte très cher de faire ça et comme nous, la plupart des associations n’en ont pas les moyens."

De toute façon, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé le 12 juillet la fin du remboursement des tests PCR de confort à partir de l’automne, soit fin septembre. Et quand on connaît leur prix (60 à 90 euros)… "…ça fait cher le trail". "L’année prochaine, quoi qu’il arrive, on demandera un certificat de vaccination à l’entrée, annonce Andreas Lemontzis, membre de l’association sportive saint-laurentaise cantonale canourguaise, dont le trail de Saint-Laurent-d’Olt, qui était prévu samedi, a été annulé comme en 2020. Si encore il n’y avait eu que les participants… Mais là, c’était impossible de contrôler les pass sanitaires dans le public puisqu’il aurait fallu fermer le village pour ne faire qu’une entrée. Malheureusement, avec ce protocole, la seule solution est que tout le monde se fasse vacciner si on ne veut pas que nos événements disparaissent."

La dureté du protocole et le manque de soutien des autorités, c’est aussi ce qui agace Boris Barnier, président du foyer rural d’Estaing, organisateur des Lucioles, prévues le 13 août puis annulées pour la seconde fois d’affilée : "Avec un départ en plein milieu du village, comment voulez-vous contrôler la foule ? Puis le pass sanitaire se rajoute à des obligations déjà bien compliquées à mettre en place comme celle de donner des masques au départ puis à l’arrivée. En plus, l’État ne veut pas obliger les forces de l’ordre à contrôler les certificats de vaccination ou de test négatif, donc il se repose sur les bénévoles. Sauf que c’est compliqué pour eux de se faire engueuler toute la journée parce qu’ils doivent refuser des gens qui n’ont pas ces documents…"

"Plus personne n’a envie de s’investir"

"Je suis très impliqué dans le milieu associatif et je vois que les bénévoles n’en peuvent plus, constate Louis Nagy, responsable du trail du Roc de Boussac, qui était prévu à Lavernhe samedi, aussi annulé à cause de l’impossibilité d’appliquer le protocole sanitaire. Plus personne n’a envie de s’investir car c’est prendre le risque de dépenser de l’énergie pour rien. Alors si en plus il faut leur demander de contrôler les gens…"

Cette situation le révolte : "Ce n’est pas à nous d’inciter les gens à aller se faire vacciner. On n’est personne pour leur dire ça. Il faut laisser le domaine médical aux soignants. Je ne me vois pas refuser quelqu’un pour ce genre de chose, alors s’il faut toujours imposer un pass sanitaire en 2022, on annulera encore notre événement." "Ce n’est vraiment pas dans l’esprit du trail, abonde Laurent Ichard, secrétaire général d’Aveyron sport événement, l’association organisatrice des Lacets du Viaur, censés se tenir le 15 août à Bor et Bar avant d’être retirés du calendrier. Parce que tu perds aussi les à-côtés avec le repas convivial après la course, le petit concert… Si c’est juste pour faire courir les gens avant de leur servir un pauvre sandwich, je ne vois pas l’intérêt." D’autant que le pass sanitaire est un vrai frein à l’inscription : "À cause de ça, on aurait eu peut-être 50 participants au lieu de 200 alors à quoi bon… Je le vois à la piscine de Najac, où on est passé de 350 à 90 entrées par jour depuis l’instauration du pass."

"On a peur que ça empêche beaucoup de gens de s’inscrire, confie Patrice Verlaguet, directeur adjoint des services d’Onet-le-Château, où la Transcastonétoise aura lieu le 12 septembre. Mais on espère que plus de personnes auront leur pass comme la rentrée sera passée. "

Sinon, il y a la solution prônée par Philippe Veyrié, président du foyer rural de L’Hospitalet-du-Larzac, qui y organise la Ronde de Fédas le 29 août : "Comme en 2020, on a fait un circuit de 12,3 kilomètres ouvert à tous de 9 à 17 heures. Il n’y a pas de ravitaillement, pas de classement, ni d’inscription, donc pas de pass sanitaire. Mais on sert quand même un apéro !" L’esprit du trail est toujours là.

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